LE DICTIONNAIRE DES DOMAINES INTELLECTUELS ET LA GRAMMAIRE FRANCAISE.

cet espace est un moment particulier de connaissance, car la langue est aussi bien un moyen de communication que de connaissance de tous les domaines intectuels. Son apprentissage nécéssite une concentraction particuliere défiant toute légèreté. la grammaire approfondie, l'étymologie, la phonétique... doivent en etre les éléments fondamentaux sans la maitrise desquels toute tentative d'apprentissage de la langue se reduirait à un simple formalisme.

mardi, juillet 31, 2007










La grammaire française




grammaire, ensemble des règles qui régissent une langue. On distingue souvent l'étude des règles de construction des mots dans l'énoncé (syntaxe) de celle des règles de variations des formes du mot (morphologie).
Le développement de la grammaire est historiquement lié à l'étude des textes et à l'enseignement. La grammaire aujourd'hui trouve ses bases dans la linguistique ou plutôt dans ses différentes écoles.
Le mot grammaire est enfin parfois utilisé dans un sens élargi (grammaire de l'image, du récit) pour désigner l'étude d'objets pouvant être analysés sur le modèle des études linguistiques.

2.











LES TYPES DE GRAMMAIRE ET LEURS ORIGINES
La grammaire est étymologiquement l'« art de bien lire et de bien écrire », c'est-à-dire un savoir sur la langue. Plusieurs raisons existent pour constituer ce savoir sur la langue.

1.
La philologie
La raison qui semble historiquement la plus ancienne et géographiquement la plus répandue est la volonté de lire et éventuellement d'écrire une langue différente de la langue ordinaire qui peut être littéraire, archaïque, voire complètement disparue comme langue d'usage courant. Cette langue peut être la langue de textes fondateurs (religieux par exemple : sanskrit, hébreu biblique, arabe coranique) ou une langue savante, souvent les deux à la fois (latin savant de l'Occident médiéval et moderne).
Dans ce cas-là, la grammaire équivaut à la philologie. Ainsi Panini (considéré comme le plus ancien grammairien, IVe siècle av. J.-C.) fixa-t-il la grammaire du sanskrit, langue « divine » disparue de l'usage courant depuis déjà plusieurs siècles. Au IIIe siècle, à Alexandrie, s'inventa une grammaire pour lire le grec d'Homère. La grammaire médiévale européenne, premier des « arts libéraux », était une philologie du latin héritée de l'Antiquité romaine.

2.
La grammaire normative

Vaugelas, Remarques sur la langue française (extrait)
Dans cette introduction à ses Remarques sur la langue française, utiles à ceux qui veulent bien parler et bien écrire, Vaugelas expose les principes de son travail normatif sur la langue. Selon lui, le bon usage, qu’il se fixe pour mission de préciser chaque fois que la clarté de l’expression laisse à désirer, est celui de la Cour et de la capitale, Paris.
Les gens du peuple et les provinciaux ont pour tâche de s’y conformer. Cette centralisation linguistique accompagne de fait la centralisation politique. Le modèle fourni par les bons auteurs ne vient que pour appuyer le premier, la langue parlée, selon Vaugelas, l’emportant sur la langue écrite.
Une deuxième raison pour constituer une grammaire est la volonté de fixer parmi les différents usages contemporains d'une langue courante celui qui devra être adopté par tous comme le « bon usage » : c'est la grammaire normative.
Vaugelas, dans ses Remarques sur la langue française (1647), propose ainsi comme modèle au français du XVIIe siècle l'usage de la « plus saine partie » des écrivains et des gens du monde. La grammaire se développera ensuite dans l'enseignement français pour permettre l'apprentissage d'une orthographe complexe (comme l'a montré A. Chervel). Dans ses premières éditions, le Bon Usage de Grevisse proposait aux Belges le modèle du français littéraire perçu comme le « français de France ».
On a pu aussi constituer des grammaires pour permettre l'apprentissage scolaire d'une langue étrangère : ainsi les grammaires chinoises rédigées par les jésuites des XVIIe et XVIIIe siècles pour les missionnaires.
On peut enfin constituer une grammaire dans un but simplement intellectuel, par « volonté de savoir » ; il ne s'agit alors plus d'« édicter des règles », mais de « constater des faits » (pour reprendre les mots de Saussure). Plusieurs démarches sont alors possibles.

3.
De la grammaire comparée à la grammaire générative
On peut comparer les langues et établir des familles et des généalogies : il s'agit de la grammaire comparée. Ainsi, la comparaison des langues romanes permet d'établir qu'elles résultent des évolutions du latin ; la comparaison entre le latin, le grec ancien, le sanskrit, l'iranien, le vieux germanique, etc., permet l'hypothèse d'une langue mère baptisée indo-européen. Cette discipline trouve ses fondations dans les tentatives liées au vieux rêve de la recherche de la langue originelle (travaux de Leibniz dès le XVIIIe siècle).
On peut aussi retracer toutes les étapes qui, par exemple du latin, permettent d'arriver au français moderne : c'est la grammaire historique. On peut encore décrire systématiquement un état de langue donné : c'est la grammaire descriptive (pour le français, travaux de F. Brunot, A. Dauzat, Damourette et Pichon, H. Frei, M. Camoletti, G. Guillaume, etc.).
On peut enfin essayer de rendre compte non d'une langue particulière mais des mécanismes universels du langage : le grammairien est alors un théoricien, philosophe ou scientifique : grammaire spéculative des XIIIe et XIVe siècles, grammaire générale de Port-Royal au XVIIe siècle, linguistique générale du XXe siècle et ses multiples écoles américaines ou européenne (Ferdinand de Saussure, Edward Sapir, Nicolas Troubetskoï, Leonard Bloomfield, Louis Hjelmslev, Noam Chomsky, etc.). La linguistique générale européenne a trouvé ses sources dans les problèmes posés par la grammaire historique et par la grammaire descriptive, la linguistique américaine dans les problèmes posés par l'ethnologie amérindienne (méthode de Franz Boas pour son manuel des langues indiennes de 1911) ou la traduction mécanique (grammaire générative de Chomsky).

3.
LA DÉMARCHE DE LA GRAMMAIRE DESCRIPTIVE MODERNE
La grammaire descriptive vise à rendre compte avec la plus grande rigueur et la plus grande exhaustivité possible des usages de la langue et des règles qui font qu'un énoncé fait sens.

1.
Abandon de la perspective normative
La perspective strictement normative est abandonnée : ainsi on ne dira plus que ça marche pas est une phrase de « mauvais français » par rapport à cela ne marche pas, mais que l'énoncé relève d'un registre de langue particulier (registre familier) correct dans certaines situations, déplacé dans d'autres.
Par ailleurs, la linguistique moderne permet à la grammaire actuelle de redéfinir de façon plus rigoureuse les traditionnelles « parties du discours » sans les envisager en terme de « nature » (nom, adjectif, adverbe, article, verbe, conjonction, préposition, interjection) ainsi que les traditionnelles « fonctions » (sujet, complément, attribut, épithète, apposition).

2.
Démarche structurale
En effectuant différentes opérations sur des énoncés, on met en évidence des constituants de la phrase : on observe, par exemple, qu'il est possible de segmenter L'homme sombre arriva en deux constituants puisqu'il est possible de substituer Paul ou Il à L'homme sombre sans que l'énoncé perde sa correction grammaticale (appelée « grammaticalité »). Cette analyse se poursuit sur différents niveaux (inférieurs à la phrase) qu'elle met en évidence (voir Syntaxe) ; on envisage ensuite pour chacun de ces niveaux les relations fonctionnelles entre constituants.
Cette analyse peut se poursuivre jusqu'au plus petit constituant. Le mot n'est plus considéré comme une unité autre que graphique : un mot peut être composé de plusieurs unités significatives (la base d'un verbe et sa désinence, par exemple) et plusieurs mots peuvent en revanche n'en former qu'une (un nom composé, par exemple). C'est pourquoi la grammaire descriptive actuelle invite à ne pas opposer radicalement la morphologie (étude des variations formelles des mots) et la syntaxe (étude des relations fonctionnelles entre les mots). La grammaire retrouve ainsi son unité morpho-syntaxique et peut être définie globalement comme l'« étude des règles combinatoires des unités significatives de différents niveaux », de la plus petite jusqu'à la phrase. (En dessous des plus petites unités significatives commencent l'analyse en sons significatifs et l'étude de leur combinaison, domaine qui n'est plus celui de la grammaire mais de la phonologie.)
La terminologie grammaticale française actuelle reprend pour l'essentiel la terminologie scolaire traditionnelle héritée des grammaires du latin et du grec et de l'enseignement de l'orthographe au XIXe siècle. La terminologie traditionnelle pose cependant souvent des problèmes et entraîne parfois des confusions. Pour mettre en évidence leur équivalence fonctionnelle, on a ainsi été conduit à regrouper sous le terme de déterminant des classes de mots traditionnellement appelés, pour certains, adjectifs et, pour d'autres, articles (notons d'ailleurs que le terme même de déterminant est pourtant lui-même critiquable : il pourrait faire croire que ces mots apportent une détermination). À l'inverse, le renouvellement et la prolifération terminologique sous l'influence des différentes linguistiques ont pu créer dans la terminologie scolaire des confusions et des divergences : cela a conduit le ministère français de l'Éducation nationale à fixer une nomenclature

normative
Encadrés
ENCADRÉ
Vaugelas, Remarques sur la langue française (extrait)
Dans cette introduction à ses Remarques sur la langue française, utiles à ceux qui veulent bien parler et bien écrire, Vaugelas expose les principes de son travail normatif sur la langue. Selon lui, le bon usage, qu’il se fixe pour mission de préciser chaque fois que la clarté de l’expression laisse à désirer, est celui de la Cour et de la capitale, Paris. Les gens du peuple et les provinciaux ont pour tâche de s’y conformer. Cette centralisation linguistique accompagne de fait la centralisation politique. Le modèle fourni par les bons auteurs ne vient que pour appuyer le premier, la langue parlée, selon Vaugelas, l’emportant sur la langue écrite.
ouvrir l'encadré
Une deuxième raison pour constituer une grammaire est la volonté de fixer parmi les différents usages contemporains d'une langue courante celui qui devra être adopté par tous comme le « bon usage » : c'est la grammaire normative. Vaugelas, dans ses Remarques sur la langue française (1647), propose ainsi comme modèle au français du XVIIe siècle l'usage de la « plus saine partie » des écrivains et des gens du monde. La grammaire se développera ensuite dans l'enseignement français pour permettre l'apprentissage d'une orthographe complexe (comme l'a montré A. Chervel). Dans ses premières éditions, le Bon Usage de Grevisse proposait aux Belges le modèle du français littéraire perçu comme le « français de France ».
On a pu aussi constituer des grammaires pour permettre l'apprentissage scolaire d'une langue étrangère : ainsi les grammaires chinoises rédigées par les jésuites des XVIIe et XVIIIe siècles pour les missionnaires.
On peut enfin constituer une grammaire dans un but simplement intellectuel, par « volonté de savoir » ; il ne s'agit alors plus d'« édicter des règles », mais de « constater des faits » (pour reprendre les mots de Saussure). Plusieurs démarches sont alors possibles.

3.
De la grammaire comparée à la grammaire générative
On peut comparer les langues et établir des familles et des généalogies : il s'agit de la grammaire comparée. Ainsi, la comparaison des langues romanes permet d'établir qu'elles résultent des évolutions du latin ; la comparaison entre le latin, le grec ancien, le sanskrit, l'iranien, le vieux germanique, etc., permet l'hypothèse d'une langue mère baptisée indo-européen. Cette discipline trouve ses fondations dans les tentatives liées au vieux rêve de la recherche de la langue originelle (travaux de Leibniz dès le XVIIIe siècle).
On peut aussi retracer toutes les étapes qui, par exemple du latin, permettent d'arriver au français moderne : c'est la grammaire historique. On peut encore décrire systématiquement un état de langue donné : c'est la grammaire descriptive (pour le français, travaux de F. Brunot, A. Dauzat, Damourette et Pichon, H. Frei, M. Camoletti, G. Guillaume, etc.).
On peut enfin essayer de rendre compte non d'une langue particulière mais des mécanismes universels du langage : le grammairien est alors un théoricien, philosophe ou scientifique : grammaire spéculative des XIIIe et XIVe siècles, grammaire générale de Port-Royal au XVIIe siècle, linguistique générale du XXe siècle et ses multiples écoles américaines ou européenne (Ferdinand de Saussure, Edward Sapir, Nicolas Troubetskoï, Leonard Bloomfield, Louis Hjelmslev, Noam Chomsky, etc.). La linguistique générale européenne a trouvé ses sources dans les problèmes posés par la grammaire historique et par la grammaire descriptive, la linguistique américaine dans les problèmes posés par l'ethnologie amérindienne (méthode de Franz Boas pour son manuel des langues indiennes de 1911) ou la traduction mécanique (grammaire générative de Chomsky).
réservés.
La grammaire est étymologiquement l'« art de bien lire et de bien écrire », c'est-à-dire un savoir sur la langue. Plusieurs raisons existent pour constituer ce savoir sur la langue.

1.
La philologie
La raison qui semble historiquement la plus ancienne et géographiquement la plus répandue est la volonté de lire et éventuellement d'écrire une langue différente de la langue ordinaire qui peut être littéraire, archaïque, voire complètement disparue comme langue d'usage courant. Cette langue peut être la langue de textes fondateurs (religieux par exemple : sanskrit, hébreu biblique, arabe coranique) ou une langue savante, souvent les deux à la fois (latin savant de l'Occident médiéval et moderne). Dans ce cas-là, la grammaire équivaut à la philologie. Ainsi Panini (considéré comme le plus ancien grammairien, IVe siècle av. J.-C.) fixa-t-il la grammaire du sanskrit, langue « divine » disparue de l'usage courant depuis déjà plusieurs siècles. Au IIIe siècle, à Alexandrie, s'inventa une grammaire pour lire le grec d'Homère. La grammaire médiévale européenne, premier des « arts libéraux », était une philologie du latin héritée de l'Antiquité romaine.

2.
La grammaire normative

Panini (IVe ou Ve siècle av. J.-C.), grammairien indien.
Né dans le nord-ouest de l’Inde, il est l’auteur d’une grammaire de la langue sanskrite. Si Panini n’a pas été le premier spécialiste de la grammaire en Inde, il est cependant l’un des premiers à en avoir fait une analyse systématique et approfondie. Ses Astadhyayi (« les Huit Chapitres ») constituent son œuvre majeure : ils sont rédigés dans le style des sutras, c’est-à-dire sous forme de courts aphorismes, au nombre de 4 000, énonçant chacun une règle.
L’étude de Panini est un remarquable travail de classification des éléments phoniques et une bonne description de la langue sanskrite. Reposant sur des bases logiques et formelles, elle réussit à isoler des notions essentielles : elle procède par la décomposition et l’organisation de la langue en racines, porteuses de la signification de base du mot, de préfixes qui en modifient le sens, d’infixes et de désinences ayant une fonction morphologique et grammaticale.
Le travail de Panini a été à l’origine, en Inde, d’une tradition d’études linguistiques menées ultérieurement par des grammairiens tels que Patañjali et reste à l’heure actuelle le pilier de l’étude du sanskrit. Il est également le premier exemple connu de métalangue.

Patañjali (v. 150 av. J.-C.), grammairien indien.
Dans son Mahabhasya (« Grand Dialogue »), qui fait autorité dans la tradition culturelle et intellectuelle indienne, Patañjali entreprend une remarquable analyse des concepts linguistiques généraux en commentant la célèbre grammaire du sanskrit de Panini.
Rédigé sous forme de dialogues entre de nombreux interlocuteurs, l’ouvrage de Patañjali, épais de quelque 1 500 pages, discute les principes logiques méthodologiques et philosophiques posés par les sutras de Panini, et surtout ses formules d’application des principes linguistiques de la langue sanskrite, encore parlée et vivante à cette époque.
Il s’agit le plus fréquemment de partir de l’examen de la validité d’une règle énoncée par Panini, d’en dénoncer les défauts d’application, de confronter différentes thèses, notamment celles du premier commentateur connu de Panini, Katyayana. Patañjali s’attache ainsi à réinterpréter la règle pour parvenir à en éliminer les défauts. Si la conclusion n’est pas systématiquement décisive, l’interprétation, elle, se fonde toujours sur des arguments logiques.
Le Mahabhasya est un ouvrage majeur de la littérature sanskrite. Souvent, le débat dépasse le domaine de la grammaire pour s’étendre à des questions plus générales, et nous donne un précieux aperçu sur les coutumes indiennes, les préoccupations spirituelles et culturelles de son époque

sutra (en sanskrit, « fil »), texte spéculatif ou religieux de l'hindouisme ou du bouddhisme. Le terme a vu le jour dans la philosophie indienne, qui, à l'origine essentiellement orale, avait besoin d'aphorismes pour être enseignée et discutée. Ces aphorismes étaient employés par la plupart des écoles indiennes de philosophie, les plus importants étant sans doute les sutras du grammairien Panini (VIe siècle av. J.-C.) sur la grammaire sanskrite. Dans le bouddhisme, le terme fut employé pour désigner des exposés doctrinaux beaucoup plus longs que les sutras hindous, considérés pour la plupart comme les paroles mêmes du Bouddha. Ils étaient eux aussi à l'origine transmis oralement. La collection canonique des premiers sutras bouddhistes figure dans le Tripitaka. Dans le bouddhisme Mahayana, le terme s'applique également aux discours doctrinaux attribués pour la plupart au Bouddha historique, bien qu'ils aient été compilés plusieurs siècles après sa mort. La littérature bouddhiste des sutras, notamment le Mahayana, est volumineuse : l'édition Taisho classique des textes bouddhistes chinois, initialement publiée au Japon (1924-1928), contient 1 962 œuvres traduites de l'indien et de langues d'Asie centrale.
Comment citer cet article


2.
Démarche structurale
En effectuant différentes opérations sur des énoncés, on met en évidence des constituants de la phrase : on observe, par exemple, qu'il est possible de segmenter L'homme sombre arriva en deux constituants puisqu'il est possible de substituer Paul ou Il à L'homme sombre sans que l'énoncé perde sa correction grammaticale (appelée « grammaticalité »). Cette analyse se poursuit sur différents niveaux (inférieurs à la phrase) qu'elle met en évidence (voir Syntaxe) ; on envisage ensuite pour chacun de ces niveaux les relations fonctionnelles entre constituants.
Cette analyse peut se poursuivre jusqu'au plus petit constituant. Le mot n'est plus considéré comme une unité autre que graphique : un mot peut être composé de plusieurs unités significatives (la base d'un verbe et sa désinence, par exemple) et plusieurs mots peuvent en revanche n'en former qu'une (un nom composé, par exemple). C'est pourquoi la grammaire descriptive actuelle invite à ne pas opposer radicalement la morphologie (étude des variations formelles des mots) et la syntaxe (étude des relations fonctionnelles entre les mots). La grammaire retrouve ainsi son unité morpho-syntaxique et peut être définie globalement comme l'« étude des règles combinatoires des unités significatives de différents niveaux », de la plus petite jusqu'à la phrase. (En dessous des plus petites unités significatives commencent l'analyse en sons significatifs et l'étude de leur combinaison, domaine qui n'est plus celui de la grammaire mais de la phonologie.)
La terminologie grammaticale française actuelle reprend pour l'essentiel la terminologie scolaire traditionnelle héritée des grammaires du latin et du grec et de l'enseignement de l'orthographe au XIXe siècle. La terminologie traditionnelle pose cependant souvent des problèmes et entraîne parfois des confusions. Pour mettre en évidence leur équivalence fonctionnelle, on a ainsi été conduit à regrouper sous le terme de déterminant des classes de mots traditionnellement appelés, pour certains, adjectifs et, pour d'autres, articles (notons d'ailleurs que le terme même de déterminant est pourtant lui-même critiquable : il pourrait faire croire que ces mots apportent une détermination). À l'inverse, le renouvellement et la prolifération terminologique sous l'influence des différentes linguistiques ont pu créer dans la terminologie scolaire des confusions et des divergences : cela a conduit le ministère français de l'Éducation nationale à fixer une nomenclature officielle en 1975


2.
LA THÉORIE CHOMSKYENNE
L'apport fondamental de Noam Chomsky à la linguistique est d'avoir envisagé la production d'énoncés (c'est-à-dire le fait de parler dans une langue donnée) comme une série de processus susceptibles d'être analysés : avant lui, les linguistes se bornaient dans la plupart des cas à l'analyse des énoncés eux-mêmes selon divers points de vue (sémantique, syntaxique, morphologique ou phonologique). L'approche générative de Chomsky propose un modèle qui, partant d'un sens abstrait conçu par le locuteur (composante sémantique), transforme celui-ci en une suite de mots (composante lexicale) convenablement ordonnés (composante syntaxique) auxquels est finalement affectée une prononciation (composante phonologique). À l'intérieur de chacune des composantes, chaque élément subit des transformations successives (qui sont détruites par les mêmes moyens que dans les théories antérieures, par l'observation et la comparaison des énoncés réellement produits).

L'apport fondamental de Noam Chomsky à la linguistique est d'avoir envisagé la production d'énoncés (c'est-à-dire le fait de parler dans une langue donnée) comme une série de processus susceptibles d'être analysés : avant lui, les linguistes se bornaient dans la plupart des cas à l'analyse des énoncés eux-mêmes selon divers points de vue (sémantique, syntaxique, morphologique ou phonologique). L'approche générative de Chomsky propose un modèle qui, partant d'un sens abstrait conçu par le locuteur (composante sémantique), transforme celui-ci en une suite de mots (composante lexicale) convenablement ordonnés (composante syntaxique) auxquels est finalement affectée une prononciation (composante phonologique). À l'intérieur de chacune des composantes, chaque élément subit des transformations successives (qui sont détruites par les mêmes moyens que dans les théories antérieures, par l'observation et la comparaison des énoncés réellement produits).

3.
LES APPORTS DE CHOMSKY
Dès la fin des années 1950, le modèle chomskyen connaît un formidable succès aux États-Unis, succès qui s'étend à l'Europe dans les années 1960 et 1970, non sans y susciter de vives controverses. Ce succès est en grande partie lié au fait que Noam Chomsky est fortement influencé par la théorie cybernétique, et qu'il apparaît au moment même où l'on commence à construire les premiers ordinateurs, ce qui laisse entrevoir l'illusion que ceux-ci peuvent rapidement assimiler ses analyses et sont ainsi capables de communiquer avec les humains dans leurs langues naturelles. Bien que cet espoir ait été déçu et que le modèle chomskyen soit certainement très éloigné de la réalité des processus neurologiques du langage humain, Chomsky reste dans l'histoire de la linguistique le pionnier de l'étude et de la formalisation de ces processus (voir formalisation).
Ses principales publications dans le domaine de la linguistique sont Structures syntaxiques (1957), Aspects de la théorie syntaxique (1965), le Langage et la Pensée (1968), Principes de phonologie générative (1968), écrit en collaboration avec Morris Halle (1923- ) et Langage et Responsabilité (1979) où il établit un lien entre le langage et la politique.

4.
LE COMBAT POLITIQUE


4.
LE COMBAT POLITIQUE
Sensibilisé très jeune aux questions politiques, Noam Chomsky se fait connaître non seulement comme enseignant et écrivain mais aussi comme adversaire déclaré de l'engagement américain pendant la guerre du Viêt Nam. Par la suite, il dénonce la politique extérieure des États-Unis, notamment en Amérique du Sud. Les écrits politiques de Chomsky comprennent, entre autres, l'Amérique et ses nouveaux mandarins (1969), Guerre en Asie (1970), Bain de sang (1974) et De la guerre comme politique étrangère (2001) qui est un recueil d’articles publiés entre 1985 et 2000.

accord (grammaire), nom donné à l'ensemble des phénomènes de marquage des relations de dépendance sémantiques et syntaxiques entre le nom et l'adjectif, entre le nom et le déterminant, ou entre le verbe et le sujet. En français, l'adjectif, par exemple, hérite généralement les marques de genre et de nombre du nom auquel il se rapporte. Les phénomènes d'accord concernent d'une part le groupe nominal, d'autre part le groupe verbal.



PRÉSENTATION
nom (grammaire), classe de termes qui réfèrent à un être (homme ; Paul) ou à une chose (chaise ; table) ou à une notion abstraite (gaité


1.
PRÉSENTATION
déterminant (grammaire), nom donné à une classe de termes qui ont pour fonction d'actualiser un substantif à l'intérieur d'un groupe nominal. La classe des déterminants comprend, d'une part, les articles définis et indéfinis et, d'autre part, les adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis, numéraux, interrogatifs, exclamatifs et relatifs.

verbe, mot dont la première caractéristique est de se conjuguer et qui varie donc selon le mode et le temps ainsi que, généralement, selon la personne et le nombre. Il peut varier aussi selon la voix et parfois le genre, même si ces variations ne sont traditionnellement pas notées dans les tableaux de conjugaison.



Verbes du 3e groupe en -re






Le verbe peut ainsi servir à l'expression de l'événement, que celui-ci soit considéré comme une simple virtualité ou qu'il soit précisément
mode et temps (grammaire), distinctions verbales qui représentent la durée de l'action définie par le verbe, de son développement ou son achèvement.



Verbes du 3e groupe en -re






La conjugaison d'un verbe comporte des séries appelées temps, elles-mêmes réunies en séries appelées modes. On distingue les modes impersonnels (infinitif et participes) des modes personnels (indicatif, subjonctif, impératif). Le conditionnel est considéré par certains comme un mode, par d'autres comme un temps de l'indicatif. Les modes et les temps définissent en partie la morphologie du verbe.


2.

L'ACCORD À L'INTÉRIEUR DU GROUPE NOMINAL
L'accord à l'intérieur du groupe nominal relève des relations à la fois syntaxiques et sémantiques que le nom entretient avec les déterminants et les adjectifs. Le nom possède un genre, masculin ou féminin, et un nombre, singulier ou pluriel, qu'il transmet aux déterminants et aux adjectifs. Dans un énoncé, les adjectifs et les déterminants prennent obligatoirement le genre et le nombre du nom auquel ils se rapportent (une belle maison, un beau paysage, de belles maisons, de beaux paysages). Voir adjectif.


.
L'ACCORD À L'INTÉRIEUR DU GROUPE VERBAL
À l'intérieur du groupe verbal, l'accord est obligatoire entre le sujet et le verbe, même si ceux-ci sont séparés par d'autres termes (Les feuilles tombent ; Les feuilles des arbres, bien que déjà jaunies, ne tombent pas encore).

L'accord sujet-verbe
Quand le groupe nominal sujet comporte une expression servant à quantifier, le verbe est soit au singulier soit au pluriel (Une foule de gens se presse devant le magasin, Une foule de gens se pressent devant le magasin). Quand le verbe a plusieurs sujets, il se met au pluriel, que ces sujets soient eux-mêmes singuliers ou pluriels (Marie et son frère sont venus, Marie et les enfants sont venus) ; sauf dans des cas où les sujets sont coordonnés par ni... ni ou bien par ou ... ou (Ni l'un ni l'autre n'est venu ; L'un ou l'autre finira bien par venir).

L'accord du participe passé
L'accord du participe passé, dans les formes composées des conjugaisons verbales, présente un certain nombre de particularités

Avec l'auxiliaire avoir
Le participe passé conjugué avec avoir est invariable (Ils ont fixé une date) mais s'accorde avec le complément d'objet direct quand celui-ci est placé avant le verbe (Je ne connais pas la date qu'ils ont fixée).

Avec l'auxiliaire être
Le participe passé conjugué avec être s'accorde avec le sujet, qu'il s'agisse de tournures actives (La fête est finie ; La petite fille est tombée), de tournures passives (Les lettres ont été envoyées) ou de tournures pronominales (Elle s'est évanouie Ils se sont repentis ; Les fraises se sont bien vendues cette saison). Néanmoins, pour les verbes pronominaux, cette règle admet une série d'exceptions qu'explique la syntaxe spécifique du verbe concerné

1.
« Se », complément d'objet direct
Quand le pronom réfléchi se, caractéristique de la conjugaison pronominale, est analysable comme un complément d'objet direct (COD), l'accord se fait avec le sujet selon la règle générale (Ils se sont vus). En revanche, si le verbe est suivi d'un infinitif, le participe passé demeure invariable : Ils se sont vu refuser l'entrée. Il est également invariable dans le cas des constructions dites factitives comportant le semi-auxiliaire faire et un infinitif : Elles se sont fait couper les cheveux.

2.
« Se », complément d'objet indirect
Quand se est analysable comme un complément d'objet indirect, le participe passé reste invariable (Elles se sont succédé ; Ils se sont parlé : succéder et parler se construisent avec un complément d'objet indirect introduit par la préposition à).
Quand un verbe pronominal possède un complément d'objet direct en plus du pronom se, l'accord se fera différemment selon que ce complément est placé avant ou après le verbe. Quand le complément d'objet direct est placé après le verbe, le participe passé reste invariable, c'est-à-dire qu'il ne s'accorde ni avec le sujet ni avec le complément, et que sa forme reste celle du masculin singulier (Ils se sont envoyé des lettres). En revanche, quand le complément d'objet direct est placé avant, le participe passé s'accorde avec lui (Je n'ai pas lu les lettres qu'ils se sont envoyées).
Adjectif, nom donné à deux séries de termes qui servent soit à qualifier le nom, soit à l’introduire dans le discours. Dans le premier cas, les adjectifs sont dits qualificatifs ; dans le second cas, ils sont rangés parmi les déterminants du nom et répartis en adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis, numéraux, exclamatifs, interrogatifs et relatifs. Les adjectifs qualificatifs ont pour support un nom ou un équivalent du nom. Ils indiquent une caractéristique ou une propriété. Leur genre et leur nombre dépendent du genre et du nombre du nom auquel ils se rapportent.
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1.
PRÉSENTATION
adjectif, nom donné à deux séries de termes qui servent soit à qualifier le nom, soit à l’introduire dans le discours. Dans le premier cas, les adjectifs sont dits qualificatifs ; dans le second cas, ils sont rangés parmi les déterminants du nom et répartis en adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis, numéraux, exclamatifs, interrogatifs et relatifs. Les adjectifs qualificatifs ont pour support un nom ou un équivalent du nom. Ils indiquent une caractéristique ou une propriété. Leur genre et leur nombre dépendent du genre et du nombre du nom auquel ils se rapportent.

2.
ATTRIBUTS, ÉPITHÈTES OU APPOSÉS
Les adjectifs peuvent être reliés au sujet ou au complément d’objet par un verbe (La mer est déchaînée) ; ils sont alors appelés adjectifs attributs.
Ils peuvent se rapporter directement à un nom ; ce sont les épithètes (On entendait le bruit de la mer déchaînée).
Ils peuvent également se rapporter à un nom dont ils sont séparés par une virgule (Déchaînée, la mer battait les rochers ; La mer, déchaînée, battait les rochers). Ils sont alors dits apposés.

3.
PLACE DE L’ADJECTIF
La place de l’adjectif est d’abord déterminée par le fait qu’il est attribut, épithète ou apposé. L’adjectif attribut suit le plus souvent le verbe attributif au moyen duquel il caractérise le sujet ou l’objet.
La place de l’adjectif épithète par rapport au nom est variable. Une série d’adjectifs dits adjectifs de relation, qui sont l’équivalent d’un complément prépositionnel (une carte géographique > une carte de géographie ; le voyage présidentiel > le voyage du président) sont obligatoirement postposés, ainsi que les adjectifs de couleur pris au sens propre (une robe rouge, mais les vertes années).
Dans certains cas, la postposition ou l’antéposition peuvent avoir pour conséquence un changement de sens (Un homme grand / un grand homme ; un certain succès / un succès certain).

4.
FORMATION DE L’ADJECTIF
Sur le plan morphologique, on distingue traditionnellement les formes simples et non décomposables (rond, blond, petit, grand) des formes suffixées.
Les suffixes adjectivaux sont nombreux. Le suffixe diminutif est -et, ette (simplet) ; -âtre marque la diminution ou l’approximation (rougeâtre) avec parfois une nuance péjorative. Sont souvent péjoratifs les anciens suffixes -aud(e) et -ard(e) (rougeaud, vantard). Le suffixe -in(e) marque le rapport de ressemblance, de matière ou d’origine (argentin) ; -eux, -euse la qualité (courageux). Le suffixe -able ajouté à une base verbale permet l’expression de la possibilité passive (lavable, « qui peut être lavé », mais périssable a, par exemple, un sens actif). Il est en concurrence avec -ible, le plus souvent construit sur une base savante latine plutôt que française (conductible).
De même, mais cette fois avec une base nominale, le suffixe -el(le) est concurrencé par une forme savante -al(e). Les deux formes parfois existent, avec une spécialisation de sens (original, originel).
Le suffixe adjectival correspond parfois à un type de nom, en particulier dans le lexique savant : les adjectifs en -iste aux noms en -isme (journaliste, journalisme), ceux avec le suffixe -if (d’emploi autrefois plus large : pensif) aux noms en -ion (créatif, création), ceux en -ent à des noms en -ence (réticent, réticence).
À partir des adjectifs dérivés de participes de verbes se sont formés des suffixes autonomes (-é, -ant, -isant) avec des bases non verbales (itinérant, âgé, archaïsant).
Les adjectifs dits composés sont formés de deux adjectifs (aigre-doux) ou d’un adjectif et d’un nom (bleu marine).
Enfin, un certain nombre d’adjectifs dérivent d’autres classes syntaxiques, comme celle du participe présent (brillant), du participe passé (aiguisé), du nom (une robe ivoire) ou de l’adverbe, auquel cas ils retiennent la caractéristique d’invariabilité de l’adverbe (des gens bien).

5.
ACCORD DE L’ADJECTIF
Les adjectifs étant dans la dépendance du nom, ils ont un genre et un nombre d’accord. En règle générale, le féminin des adjectifs se forme par l’ajout d’un -e à la forme du masculin (petit > petite ; rond > ronde ; vert > verte ; bleu > bleue). Néanmoins, dans un certain nombre de cas, la formation est plus complexe et entraîne des modifications, notamment :
— le passage d’un -e sans accent à un -è accentué (complet > complète ; premier > première ; léger > légère) ;
— le redoublement de la consonne finale (réel > réelle ; gros > grosse) ;
— un changement de la consonne finale (sec > sèche ; public > publique ; moqueur > moqueuse ; heureux > heureuse ; nouveau > nouvelle ; doux > douce ; neuf > neuve) ;
— une transformation, à l’oral, de la prononciation de la voyelle finale, qui perd son timbre nasal (brun > brune ; breton > bretonne ; fin > fine) ;
— certaines transformations plus complexes : beau > belle ; nouveau > nouvelle ; vieux > vieille ; gentil > gentille.
Les adjectifs déjà terminés par un -e au masculin ont une forme unique pour le masculin et le féminin (rouge, cynique, sensible, utile, grave), ainsi que les adjectifs de couleur qui dérivent de la catégorie du nom (une robe marron).
Le pluriel des adjectifs se forme régulièrement par l’ajout d’un -s à la forme du singulier. Les irrégularités de formation du pluriel sont constituées par les adjectifs terminés en -eau, dont le pluriel est en -eaux (beau > beaux), la plupart des adjectifs en -al, dont le pluriel est en -aux (spécial > spéciaux), à l’exception de final > finals, fatal > fatals, etc. Les adjectifs terminés au singulier par un -s ou un -x ont une forme unique pour le singulier et pour le pluriel (bas).
Les adjectifs composés forment leur pluriel régulièrement (aigres-douces), sauf si le second terme est d’origine nominale (bleu marine). Les adjectifs de couleur qui sont des noms dérivés restent invariables (des étoffes ivoire, marron), sauf si leur origine nominale n’est plus perçue depuis longtemps (des fleurs roses).

6.
DEGRÉS D’INTENSITÉ ET DE COMPARAISON DE L’ADJECTIF
Les adjectifs sont, dans certains cas, susceptibles d’être nuancés par des adverbes d’intensité (plus ou moins grand, plutôt grand, assez grand) et peuvent faire l’objet de comparaisons.
Les comparatifs de supériorité, d’égalité ou d’infériorité se forment au moyen d’une locution comportant l’un des adverbes plus, aussi ou moins suivis de l’adjectif, lui-même suivi de que et d’un élément comparatif (Leur maison est plus / aussi / moins grande que dans mon souvenir).
Le superlatif relatif se forme à l’aide des locutions le plus ou le moins, suivies ou non d’un complément prépositionnel introduit par de, qui constitue une indication de l’ensemble de définition à l’intérieur duquel on a procédé à la comparaison (Paul est le plus grand ; Paul est le plus grand des deux ; Paul est le plus grand de sa classe).
Le superlatif absolu se forme en faisant précéder l’adjectif de l’adverbe très ou de l’un des adverbes de quantité qui peuvent lui être substitués (Paul est très intelligent).
Bon, bien, mauvais et petit ont un comparatif de formation irrégulière. Il s’agit respectivement des formes meilleur, mieux, pire et moindre. Pire et moindre sont néanmoins concurrencés par la formation ordinaire dans certains emplois (C’est la plus mauvaise période pour partir / C’est la pire des choses qui pouvaient lui arriver ; Paul est le plus petit de sa classe / C’est la moindre des choses).


1.
PRÉSENTATION
adverbe, nom donné à une classe de termes invariables qui peuvent assumer des fonctions syntaxiques diverses. Certains adverbes constituent des phrases à eux seuls. C'est le cas des adverbes d'affirmation et de négation comme oui, non, bien sûr, assurément, évidemment, bien entendu, nullement, etc. D'autres servent à la liaison entre les propositions ou les phrases, jouant un rôle comparable à celui de certaines conjonctions de coordination (en effet, par conséquent, néanmoins, en revanche, aussi, ainsi, c'est pourquoi, etc.), ou bien organisent l'énoncé (puis, ensuite, alors, enfin, etc.). Une série d'adverbes indiquent la modalité, interrogative ou exclamative, de la phrase ; il s'agit des adverbes interrogatifs (est-ce que, etc.) et exclamatifs (comme, comment, etc.). La négation est exprimée par des locutions adverbiales corrélatives (ne... pas, ne... plus, ne... jamais, ne... rien, ne... personne, ne... aucun, ne... nullement, etc.). Enfin, certains adverbes apportent une modification sémantique à un verbe (Il marche lentement ; Elle lui a parlé sèchement ; Viens ici), à un adjectif (Il est très pâle) ou à un autre adverbe (Elle marche très lentement) ou à une phrase entière (Sincèrement, je n'y peux rien).

2.
MORPHOLOGIE
Il n'y a pas d'unité morphologique dans la classe des adverbes. Un premier ensemble de formes est constitué par des adverbes dits héréditaires, issus du latin (très, plus, bien, mal, près, loin, tôt, tard, etc.). Un second ensemble comprend les adverbes en -ment, formés dans la majorité des cas par l'ajout de ce suffixe à la forme féminine de l'adjectif (naturelle > naturellement, naïve > naïvement). Néanmoins, tous les adjectifs ne peuvent pas être ainsi suffixés et, dans un certain nombre de cas, la formation se fait sur une autre base que le féminin de l'adjectif (gentil > gentiment, vrai > vraiment). Un certain nombre d'adverbes formés sur la base d'adjectifs en -ent et -ant présentent comme caractéristique un redoublement du m (violent > violemment, savant > savamment). Les irrégularités que présentent un petit nombre d'autres formes sont explicables par des considérations relevant de l'histoire de la langue (bref > brièvement, grave > grièvement). Enfin, certains adjectifs peuvent également être utilisés comme adverbes (parler fort, parler bas, écrire petit, écrire gros, sentir bon, sentir mauvais). Font également partie de la catégorie des adverbes une série de locutions dont le rôle syntaxique est identique (tout de suite, tout à l'heure, en effet, c'est pourquoi, etc.).

3.
VALEUR DE L'ADVERBE
Les valeurs sémantiques des adverbes sont multiples. Le classement qu'on en donne ordinairement distingue l'indication du degré ou de l'intensité (assez, fort, très, peu, moins, beaucoup), de la comparaison (plus, moins, autant, mieux, aussi), de la manière (bien, mal, vite, rapidement, lentement) et de la situation spatio-temporelle (ici, là, dedans, derrière, devant, dessus, dessous, hier, aujourd'hui, maintenant). Les adverbes qui se rapportent à la phrase entière permettent à la personne qui parle d'émettre un jugement sur la possibilité ou la probabilité de ce qu'elle énonce (Il a peut-être été retenu ; Il est probablement déjà parti), ou de faire un commentaire sur la façon dont elle l'énonce (Je vous le dis franchement... ; Honnêtement, je ne puis vous renseigner). L'adverbe peut aussi comme certains pronoms représenter un terme déjà exprimé ; c'est en particulier le cas des adverbes pronominaux, dits encore pronoms adverbiaux (Il y va). Voir pronom.

4.
PROBLÈMES D'ORTHOGRAPHE
L'adverbe est par définition un mot sans genre ni nombre et qui ne s'accorde pas. Un adjectif adverbialisé reste donc invariable (forme masculin singulier unique) : Elles parlent fort. Mais l'usage l'accorde parfois, l'analysant alors non plus comme un adverbe, mais comme un attribut du sujet ou une épithète détachée (La pluie tombe drue au lieu de La pluie tombe dru) ou comme un attribut de l'objet (Il ouvre toute grande la fenêtre). Au risque de créer une ambiguïté, on écrira même parfois des fleurs fraîches coupées dans le sens de des fleurs fraîchement coupées.
Par ailleurs, on trouve l'adverbe tout accordé dans certaines phrases. La règle, consacrée par l'Académie en 1704, est la suivante : tout adverbe est invariable sauf s'il précède un adjectif féminin commençant par une consonne ou un h aspiré (c'est-à-dire un h qui empêche la liaison) : Ils sont tout petits ; Elles sont tout habillées ; Elles sont tout entières, mais Elles sont toutes petites ; toutes hérissées.
Enfin, tout s'accorde lorsqu'il est déterminant (tous les enfants) ou pronom (tous sont venus, ils sont tous venus). Aussi on peut écrire elle est toute à son travail, analysant toute comme un pronom signifiant « toute sa vie, toute sa personne » aussi bien que : elle est tout à son travail, analysant tout comme un adverbe signifiant « entièrement, totalement
aspect, catégorie grammaticale attachée au verbe, qui exprime la manière dont le procès est envisagé dans le temps, indépendamment de sa localisation chronologique.

2.
EXEMPLE D’OPPOSITION ASPECTUELLE
Ainsi, dans le couple de phrases suivant :
(a) Il croyait entendre l’haleine légère de son enfant (b) Il avait cru entendre l’haleine légère de son enfant
l’opposition n’est pas, à proprement parler, temporelle, puisque les deux procès sont situés dans le passé, mais plutôt aspectuelle puisque dans (a) le procès est vu comme inachevé, en train de se dérouler — dans le passé —, alors que dans (b), le procès est vu comme achevé dans cette même portion du temps.

3.
UNE CATÉGORIE GRAMMATICALE LONGTEMPS REGARDÉE COMME ÉTRANGÈRE AU FRANÇAIS
La catégorie de l’aspect est, sans doute, l’une des catégories verbales les plus difficiles à définir en français, notamment à cause de la morphologie du verbe, où les marques temporelles et aspectuelles sont données par les mêmes formes d’une manière syncrétique. Il n’est pas étonnant, dès lors, que cette catégorie ait mis longtemps avant d’être unanimement admise (la plupart des grammaires traditionnelles considéraient l’aspect comme une propriété exclusive des langues slaves).
Aujourd’hui, même si le débat concernant l’existence en français de la catégorie aspectuelle est révolu, il a laissé place à de nombreuses polémiques concernant, cette fois-ci, la nature et le statut de l’aspect en français, sans parler des multiples divergences terminologiques.

4.
DÉFINITIONS DE L’ASPECT
Les définitions généralement proposées oscillent entre une acception large et une acception restrictive. Dans une acception large, est considéré comme relevant de la catégorie aspectuelle tout ce qui implique la représentation temporelle du verbe, sans référence concrète à une position précise sur l’axe chronologique, qui, elle, relève de la catégorie temporelle. Dans ce cas, seront attachés à la catégorie aspectuelle de nombreux phénomènes qui affectent la temporalité interne du procès, comme sa durée, ses différentes phases, son orientation, ses bornes initiale et finale, etc. Ces différentes valeurs sont rendues en français par une multitude de marqueurs, allant du lexique (par exemple, certains verbes ont un aspect itératif, comme sautiller, par opposition à sauter ; certains autres expriment un aspect ponctuel, comme fermer, par opposition à l’aspect duratif rendu par des verbes de type dormir, etc.) aux périphrases verbales (commencer à, finir de, continuer à, etc.).
Dans une acception restrictive, l’aspect est vu comme une catégorie strictement grammaticale, rendue par des marques intégrées à la conjugaison du verbe, et opposant deux valeurs fondamentales en rapport avec l’accomplissement du procès : l’accompli et le non-accompli.
En français, cette opposition entre l’accompli et le non-accompli traverse tout le système verbal et concerne tous les modes et tous les temps : il s’agit de l’opposition entre une forme simple exprimant l’aspect non accompli (Il était étudiant, Il mange à midi, Il partira samedi) et la forme composée correspondante (auxiliaire + participe passé), exprimant l’accompli (Il avait été étudiant, Il a mangé à midi, Il sera parti samedi).

PRÉSENTATION
attribut (grammaire), fonction du terme qui exprime une qualité ou une manière d'être prêtée à un autre terme de la phrase, par l'intermédiaire d'un verbe. L'attribut est relié par ce verbe au sujet de la phrase ou au complément d'objet.
Dans Il est courageux, courageux est attribut du sujet il. Dans Il prend son chien pour un être humain, pour un être humain est attribut de l'objet son chien.

2.
CLASSES GRAMMATICALES DES ATTRIBUTS
L'attribut peut être un adjectif qualificatif. Il s'accorde alors avec le terme (sujet ou objet) auquel il est relié : Ils sont grands, il les trouve beaux. L'attribut peut être aussi un nom ou groupe nominal, un infinitif, une proposition ou un pronom.
L'adjectif attribut est repris par un pronom neutre (masculin singulier) à la forme complément : Il sera malin, elle le sera aussi.
Le nom attribut peut être marqué par l'absence d'article quand il exprime de façon générale une profession, un rôle social, une nationalité (Jean est boucher).
Les propositions attributives sont des propositions relatives ou interrogatives (Elle n'est pas ce qu'on croit) ou conjonctives (Le meilleur est qu'il est revenu !).

3.
CONSTRUCTION DE L'ATTRIBUT
L'attribut est construit directement ou indirectement avec un verbe attributif. Il peut s'agir d'un verbe d'état (être, rester, demeurer, sembler, paraître, devenir), du verbe faire employé dans le sens de « jouer le rôle de » (Il fait le clown), d'un verbe intransitif (Ils se réveillent glacés ; Il s'en va furieux : l'accord de l'adjectif marque qu'il ne s'agit pas d'un adverbe de manière).
L'attribut du complément d'objet est construit le plus souvent avec un verbe de jugement (croire, trouver, savoir, considérer comme, tenir pour) ou de désignation (nommer, élire). Ces mêmes verbes au passif permettent naturellement (l'objet devenant sujet) de construire un attribut du sujet : Il est nommé gouverneur ; Il est considéré comme un professionnel.
On rencontre aussi l'attribut dans les phrases non verbales : Ce peintre, un génie !
Le groupe nominal avec épithète formant une phrase grâce à un présentatif peut servir d'équivalent à une phrase attributive : Voilà un enfant sage.

4.
PLACE DE L'ATTRIBUT
La place de l'attribut du sujet est généralement après le verbe. Cependant il peut le précéder dans certaines tournures : dans le cas d'une comparaison ou d'une exclamation (Fripon que tu es !), lorsque l'attribut est tel (Manger, telle est son obsession), dans une construction segmentée (C'est une folie, ce repas !), dans les phrases non verbales (Un génie, ce peintre !)
L'attribut du complément d'objet précède l'objet seulement quand il est plus long que celui-ci, quand c'est un infinitif avec de ou quand c'est une complétive introduite par que : Il trouve absurde que... ; Il trouve absurde de... ; Il trouve cette attitude absurde.

PRÉSENTATION
auxiliaire (grammaire), verbe employé avec une valeur sémantique affaiblie et faisant office de mot grammatical précédant un verbe à un mode non personnel.
Dans Il vient de partir, venir n'a plus sa valeur lexicale de base (verbe de mouvement), mais une valeur grammaticale (expression du passé proche). Le rôle essentiel des verbes être et avoir dans la conjugaison les fait considérer comme des auxiliaires purs, même si ces verbes peuvent être employés comme verbes proprement dits (Il a une maison à la campagne). Les auxiliaires se composent avec le participe passé (avoir pris). D'autres verbes sont occasionnellement employés comme auxiliaires, on les appelle « semi-auxiliaires ». Ils forment des périphrases verbales en se composant avec un participe présent, un gérondif ou, le plus souvent, un infinitif.
Il faut considérer les auxiliaires non comme des verbes à part entière, mais comme des morphèmes antéposés et disjoints. On remarquera que, dans les langues romanes, les désinences verbales de certains temps (imparfait, futur et conditionnel) sont historiquement d'anciens auxiliaires : par exemple, le futur du latin classique cantabo a été remplacé par la périphrase verbe + auxiliaire : cantare habeo (j'ai à chanter) d'où vient notre chanterai.

2.
ÊTRE ET AVOIR, AUXILIAIRES DE L'ASPECT ACCOMPLI
Les auxiliaires être et avoir servent à former les temps composés, qui expriment l'aspect accompli ; ce sont eux qui portent les marques du temps simple et le verbe auxilié est au participe passé : il fera, il aura fait ; il sortait, il était sorti. Voir verbe.
Le choix de l'auxiliaire dépend du verbe conjugué, de sa construction et de son sens. Avoir est utilisé pour les verbes transitifs (l'auxiliaire être étant utilisé dans ce cas pour la tournure passive) ; être est utilisé pour les verbes pronominaux. Pour les verbes intransitifs, on trouve soit l'un soit l'autre. Les verbes imperfectifs — c'est-à-dire ceux qui expriment un événement qui a lieu sans obligatoirement arriver à son terme — utilisent avoir. Parmi les verbes perfectifs, ceux où un terme final est impliqué demandent l'auxiliaire résultatif qu'est être (sortir, être sorti), ceux où le terme n'est pas significatif (verbes dits conclusifs comme exploser) utilisent avoir. Le changement de construction du verbe peut faire changer l'auxiliaire : il est descendu, il a descendu son adversaire. Voir transitivité.
Certains verbes, sans changer de construction, peuvent connaître les deux auxiliaires, marquant chacun une nuance de sens (le bus a passé devant la gare, le bus est passé à quatre heures), parfois peu sensible (le livre a paru, est paru la semaine dernière).

3.
ÊTRE, AUXILIAIRE DE LA TOURNURE PASSIVE
L'auxiliaire résultatif être sert à construire la voix passive : c'est l'auxiliaire seul qui porte les marques de temps. L'aspect peut être ambigu : les fleurs sont cueillies peut signifier qu'on cueille les fleurs ou bien qu'on les a cueillies.

4.
LES SEMI-AUXILIAIRES
Beaucoup de semi-auxiliaires permettent une expression lexicale de l'aspect là où son expression grammaticale n'existe pas. L'action est annoncée sans avoir commencé : aller suivi de l'infinitif ou, moins usuel, aller pour, être pour. Aller suivi de l'infinitif peut aussi avoir la valeur de « se disposer à » (Je n'irai pas vous fournir ce prétexte). L'action est imminente : être sur le point de, près de, en passe de, en voie de. L'action est donnée comme juste accomplie : venir de, sortir de. L'action est saisie dans son commencement : commencer de, se mettre à (aspect inchoatif) ; dans son déroulement : être en train de et dans la langue classique aller suivi du gérondif (aspect progressif) ; sa prolongation : continuer de, ne pas laisser de (aspect continuatif) ; dans son terme : finir de (aspect terminatif). Les nuances sont très riches : venir à exprime l'événement inattendu, risquer de l'éventualité malheureuse, etc.
Certains semi-auxiliaires sont des auxiliaires modaux : devoir, pouvoir. Ils peuvent servir parfois d'auxiliaires aspectuels : régionalisme (il veut pleuvoir pour il va pleuvoir).
D'autres semi-auxiliaires sont causatifs ou factitifs : laisser et faire suivi de l'infinitif ; équivalent d'une tournure passive : se voir suivi de l'infinitif ou du participe passé (Il se voit imposé un règlement absurde).

5.
VERBES VICARIANTS OU PRO-VERBES
Un verbe peut en représenter un autre : on ne parle pas alors d'auxiliaire mais de verbe vicariant ou pro-verbe. C'est le cas de faire dans les comparaisons : Il travaille plus que je ne le fais. Faire dans ce cas est complété par un pronom neutre (souvent le) ou un adverbe (par exemple de même). Le complément d'objet direct peut aussi être un groupe nominal dans la langue littéraire.
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cas, catégorie grammaticale qui s’associe au nom pour en indiquer la fonction syntaxique au sein de la phrase.
La grammaire traditionnelle ne considère comme pertinente la notion de cas que dans les langues flexionnelles (voir flexion), où la fonction syntaxique (sujet, objet, etc.) est marquée par des morphèmes flexionnels (généralement des suffixes) qui s’attachent à la base nominale.
Dans ces langues, dites aussi « à cas » (comme le latin, le russe, l’allemand ou l’arabe), le nom changera de forme flexionnelle selon la fonction qu’il joue dans la phrase. Par exemple, dans les deux phrases latines uenator lupum occidit, « Le chasseur a tué le loup », et lupus uenatorem occidit, « Le loup a tué le chasseur », ce sont les variations formelles du nom qui permettent de reconnaître les fonctions syntaxiques : lupus est la forme du nom (loup) qui marque le cas dit nominatif (qui correspond, approximativement, à la fonction sujet), alors que lupum est la forme de ce même mot qui marque le cas accusatif qui correspond à la fonction de complément d’objet direct. Il en est de même mutatis mutandis pour les deux formes nominales uenator et uenatorem (respectivement forme sujet et forme objet).
Le cas varie d’une langue à l’autre, à la fois en nombre — allant de deux (comme en ancien français ou en masai), à une cinquantaine (comme en avar ou en tabarassan), en passant par des situations intermédiaires, comme en hongrois où on en dénombre une vingtaine —, et en nature fonctionnelle (un cas donné n’a jamais tout à fait la même valeur fonctionnelle dans deux langues différentes, puisque cette valeur est déterminée par opposition aux autres cas présents dans la langue).
Il convient enfin de préciser que le cas ne constitue que l’une des stratégies dont disposent les langues pour marquer les fonctions syntaxiques.
Ainsi, en français moderne, où les flexions casuelles ne subsistent que dans le domaine des pronoms (par exemple il / le / lui qui marquent respectivement le sujet, l’objet direct et l’objet indirect), la fonction syntaxique est marquée positionnellement. Au-delà des prépositions à et de qui y jouent un rôle, la fonction d’un syntagme nominal est principalement marquée par la position qu’il occupe au sein de la phrase (dans une phrase active canonique, le sujet est joué par le groupe nominal qui précède le verbe, le complément d’objet par le groupe nominal qui le suit). C’est pour cette raison que l’ordre des mots est pertinent dans les langues dites positionnelles, comme le français, mais moins pertinent dans les langues casuelles.
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flexion, fait que certaines catégories de mots d'une langue subissent des variations de forme indiquant certaines modifications de leur signification ou spécifiant leur fonction syntaxique dans la phrase. La notion de flexion regroupe les conjugaisons verbales, avec les distinctions de nombre, de temps, de personne, de mode et de voie, comme en français venir, venons, vienne, vins, venu ; les déclinaisons, c'est-à-dire les distinctions de genre, de nombre et de cas marquant les noms et les adjectifs, comme en français gentil (masculin singulier), gentille (féminin singulier), gentils (masculin pluriel), gentilles (féminin pluriel), et les formes comparatives et superlatives, comme en allemand groß, größer, größte « grand, plus grand, le plus grand ». Les deux types de modifications caractéristiques de la flexion sont les changements internes au radical d'un mot, comme en anglais ring, rang, rung, « retentir, résonner [respectivement au présent, au prétérit et au participe passé] », et l'utilisation d'affixes accolés au radical, comme le -ant de marchant, ou le -ait de épelait.
Toutes les langues indo-européennes possèdent un système de flexion plus ou moins élaboré, dont on attribue l'un des plus complexes à l'indo-européen commun, la langue ancêtre de cette famille. Dans la plupart des langues indo-européennes, on constate l'existence de changements flexionnels internes au radical et d'affixes joint à celui-ci, apparaissant souvent simultanément dans un même mot (comme dans l'allemand Männer, « hommes », pluriel de Mann, ou dans l'anglais sold, participe passé de sell). Le changement flexionnel interne à la racine est particulièrement développé dans les langues sémitiques. Le chinois est un exemple de langue qui n'utilise aucun type de flexion.
Tout au long de leur développement historique, de nombreuses langues indo-européennes, telles que le français et l'anglais, ont profondément modifié, voire abandonné en partie, le système flexionnel dont elles avaient hérité (du latin, dans le cas du français, et du germanique commun, dans celui de l'anglais). Cette perte des formes flexionnelles se manifeste de façon exemplaire en anglais, d'où ont disparu les désinences des déclinaisons, un grand nombre de celles des conjugaisons, et la distinction entre les genres masculin, féminin et neutre. L'ordre des mots dans la phrase a remplacé certaines fonctions de la flexion, en particulier les cas des substantifs. L'abandon de ces formes nuit à la concision : par exemple, la traduction littérale en anglais de certaines phrases latines demande jusqu'à deux fois plus de mots que dans la langue originale. En revanche, cette évolution a pour effet de simplifier la structure grammaticale d'une langue ; un verbe grec, par exemple, peut revêtir jusqu'à 249 formes différentes.
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1.
PRÉSENTATION
fonction (grammaire), rôle syntaxique que jouent les différents syntagmes au sein de la phrase.
La phrase n’est pas une simple juxtaposition de mots, mais constitue une structure organisée en un réseau de relations entre des constituants qui occupent chacun une fonction précise.

2.
DÉFINITIONS
Si, dans une acception large, le terme fonction peut s’appliquer à différents niveaux de la description linguistique, dans le sens strictement syntaxique qu’on lui attribue très généralement aujourd’hui, il renvoie à la notion de fonction grammaticale, c’est-à-dire le rôle syntaxique que jouent les différents syntagmes au sein de la phrase (voir sujet, objet, attribut, etc.).
En effet, les fonctions ne sont pas jouées par des mots, mais plutôt par des groupes de mots, appelés syntagmes ou groupes syntaxiques (même s’il arrive que certains syntagmes soient saturés par certains types de mots, comme les prénoms et les pronoms).
Dans un exemple de type Ce charmant garçon parle toujours de sa mère, le sujet de la phrase n’est ni garçon, ni charmant garçon, mais plutôt le syntagme nominal dans son ensemble ce charmant garçon.

3.
FONCTION VS CATÉGORIE
Les notions de catégorie (voir nom, verbe, adjectif…) et de fonction grammaticales doivent être soigneusement distinguées.
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1.
PRÉSENTATION
complément (grammaire), mot ou ensemble de mots ayant pour fonction de compléter le sens du mot ou de l'ensemble de mots auquel il se rattache.
On pourrait définir de façon générale le complément comme un élément dépendant d'un terme-support et distinguer ainsi selon le support les compléments de phrase, les compléments du verbe, les compléments du nom, du pronom, de l'adjectif, du mot invariable. Mais la définition traditionnelle est plus restrictive : elle exclut des compléments du verbe ou de la phrase les attributs et ne retient que les compléments d'objet, les compléments d'agent, les compléments circonstanciels ; elle exclut des compléments du nom, outre les déterminants, les épithètes et les appositions. En somme ne sont retenues que les fonctions qui ne peuvent pas être remplies par un adjectif.

2.
LES COMPLÉMENTS D'OBJET
Les compléments d'objet sont des compléments du verbe : ils sont caractérisés par le fait que leur existence dépend du verbe (voir transitivité) et du type de construction qu'il demande (construction directe ou indirecte, choix de la préposition dans le cas de la construction directe). La fonction peut être remplie par un nom ou un groupe nominal, un pronom, un infinitif, une proposition subordonnée. La nature même du complément d'objet peut dépendre du verbe : par exemple, on ne peut trouver un infinitif après connaître alors que le verbe savoir l'accepte.

1.
Le complément d'objet direct
Le complément d'objet direct se construit sans préposition quand il s'agit d'un groupe nominal : il craint la pluie. On peut le rencontrer introduit par une préposition lorsqu'il s'agit d'un infinitif (il craint d'être mouillé) et par une conjonction lorsque c'est une subordonnée (il craint qu'il ne pleuve). Les questions qui est-ce que… ? ou qu'est-ce que… ? (ou leur variante familière : il craint quoi ? ou qui ?) peuvent appeler comme réponse un complément d'objet direct, mais aussi parfois un attribut ou un sujet réel (voir sujet).
Ce qui caractérise en propre le complément d'objet direct est la possibilité de la transformation passive de la phrase, transformation du complément d'objet direct en sujet et du sujet en complément d'agent. Il faut cependant noter que cette transformation est parfois peu naturelle : le complément d'objet direct ne peut pas devenir agent (en particulier quand il s'agit d'un pronom personnel : il mange une pomme > la pomme est mangée [par lui]). En outre, la transformation est impossible avec les verbes avoir et pouvoir ou des expressions lexicalisées du type prendre la porte. Par ailleurs, les verbes obéir, désobéir et pardonner permettent une transformation passive alors qu'ils ne sont plus transitifs directs dans la langue moderne.
Les pronoms personnels conjoints et les pronoms relatifs ou interrogatifs qui sont compléments d'objet précèdent le verbe ; les groupes nominaux le suivent. Le pronom rien, pourtant, précède le participe passé (je n'ai rien vu mais je n'ai vu personne). Tout précède le participe passé et a une place plus libre avec l'infinitif (dire tout ou tout dire). Dans certaines locutions, le nom précède le verbe (geler à pierre fendre).

2.
Le complément d'objet indirect
Le complément d'objet indirect est construit avec une préposition quand il s'agit d'un groupe nominal : je me souviens de cette ville (mais je me souviens avoir vu cette ville et je m'en souviens). Le complément d'objet indirect se distingue d'un complément circonstanciel indirect en ce que la construction dépend du verbe lui-même. Sur ce critère, on pourra considérer un argument comme un objet dans s'appuyer sur un argument car, dans ce sens, le verbe ne se construit qu'avec sur. En revanche, on considérera le mur comme un circonstanciel dans s'appuyer sur le mur, car la construction n'est pas imposée par le verbe (s'appuyer contre un mur, à un mur). Quand il y a plusieurs compléments, la coordination marque l'équivalence fonctionnelle (penser à son père et à sa mère, mais envoyer une lettre à son père à Paris).

3.
Le complément d'objet second
On appelle complément d'objet second le complément d'objet indirect d'un verbe qui se construit aussi avec un objet direct : il envoie une lettre (objet direct) à son père (objet second). Le complément d'objet second ne se trouve pas toujours en seconde place, il passe parfois devant, en particulier quand il est plus court : il écrit à son père une longue lettre de remerciement. Le complément d'objet second peut devenir complément d'objet direct dans des tournures souvent blâmées par les puristes : couper la parole à quelqu'un > couper quelqu'un (et donc le passif il a été coupé). On appelle aussi le complément d'objet second complément d'attribution, mais cette expression convient mal à des phrases comme voler quelque chose à quelqu'un et pas du tout à des phrases comme discerner quelque chose d'avec quelque chose d'autre. On a pu proposer de limiter cette expression aux compléments d'objet indirects pouvant être remplacés par un pronom conjoint au datif (par exemple à la troisième personne lui ou leur).

4.
Le complément d'objet interne
Certains verbes qui se construisent sans complément d'objet peuvent avoir quelquefois un complément d'objet qui ne fait que reprendre une idée présente dans le verbe en la précisant : pleurer toutes les larmes de son corps, des larmes de joie. On parle alors de complément d'objet interne.

3.
LE COMPLÉMENT D'AGENT
On appelle complément d'agent le complément indirect d'un verbe à la voix passive, complément qui correspond à ce qui serait le sujet si la phrase était à la voix active : les fleurs ont été abîmées par la pluie (à la voix active : la pluie a abîmé les fleurs). Le complément d'agent peut se coordonner avec un autre complément indirect qui n'est pas un complément d'agent : cette règle a été inventée par lui et pour lui. La préposition est le plus souvent par (qui peut introduire aussi des compléments circonstanciels), parfois de quand le verbe est, au sens figuré, un verbe de sentiment (il est aimé de tous) ou un verbe construit par archaïsme à l'imitation de la langue classique. Dans des tours figés, on trouve encore la préposition à (mangé aux mites).

4.
LE COMPLÉMENT CIRCONSTANCIEL
On caractérise souvent le complément circonstanciel par sa mobilité et par son sens : il apporterait une notation de circonstance. Cette définition est insuffisante et fausse pour certains compléments. Quelques compléments circonstanciels sont aussi étroitement liés au verbe que des compléments d'objet et ne sont pas mobiles : il va bien. On peut, en revanche, retenir comme trait caractéristique du complément circonstanciel la possibilité pour un adverbe de remplir la fonction : cela le distingue des différents compléments d'objet aussi bien que du complément d'agent. Une autre caractéristique est la variation selon le contexte du support du complément circonstanciel : dans évidemment il mange bien le matin, bien porte sur le verbe mange, le matin sur il mange bien, évidemment sur l'ensemble il mange bien le matin.
Les compléments circonstanciels peuvent être classés en fonction de leur support (verbe, relation sujet-verbe, phrase) ou bien selon qu'existe ou non la possibilité d'encadrement par c'est… que…, ou encore selon la portée de la négation (portant sur le complément dans il ne mange pas bien, n'y portant pas dans il ne mange pas malgré sa faim). La classification traditionnelle prend en compte le sens du complément ; le problème est alors la multiplication des catégories jusqu'à l'absurde, puisqu'on peut, à la limite, créer une catégorie pour chaque verbe. Parmi ces catégories sémantiques, on peut retenir le lieu, le temps, la manière (intégrant le moyen et l'accompagnement), la mesure, l'opposition et la concession, la cause, la conséquence, le but (conséquence recherchée), la condition. Des distinctions secondaires sont utiles dans l'apprentissage scolaire, même si elles n'ont pas d'intérêt du point de vue linguistique : la distinction, par exemple, entre les lieux d'où l'on vient, où l'on est, où l'on passe et où l'on va, peut être nécessaire pour les exercices de thème latin (le latin marque ces distinctions par des flexions différentes).
Peuvent être complément circonstanciel le nom ou groupe nominal, le pronom, le pronom adverbial, l'infinitif, le gérondif, le participe, l'adverbe, la proposition subordonnée. La construction est souvent indirecte (la préposition donne souvent le sens du complément), mais aussi directe (en particulier les compléments de mesure et de temps : il mesure un mètre soixante ; il part la semaine prochaine ).

5.
LE COMPLÉMENT DU NOM
Outre l'épithète et l'apposition, le groupe nominal peut être enrichi par des compléments du nom. Il s'agit de noms ou de groupes nominaux (le père de Paul ; les gens d'en face), d'adverbes (les gens d'ici), de pronoms (le père de ce dernier). La subordonnée relative peut également tenir ce rôle. Les noms correspondant à des verbes sont complétés par les mêmes termes que ces verbes (la nomination de Paul comme directeur / on a nommé Paul directeur), ceux qui correspondent à des adjectifs par les mêmes termes que des adjectifs (la fidélité de Paul à sa vocation / Paul est fidèle à sa vocation). On appelle complément subjectif celui qui correspond à un sujet actif (l'amour de son fils / son fils l'aime), objectif celui qui correspond à un objet (l'amour de son fils / il aime son fils). La construction est souvent indirecte, avec une grande variété de prépositions ; la construction directe existe (une montre or et diamants, l'affaire Dreyfus).
Certains compléments du nom sont des compléments de caractérisation ; comme les épithètes et appositions, ils peuvent être détachés du nom et, comme eux, prendre une valeur de complément circonstanciel : son père, d'origine espagnole, était parfaitement bilingue (d'origine espagnole, son père était parfaitement bilingue). Certaines grammaires rangent ces compléments avec les épithètes, car la transformation en attribut est possible (son père est d'origine espagnole).
D'autres sont des compléments déterminatifs (ou compléments de relation) le père de Paul. Un complément de caractérisation peut devenir un complément déterminatif dès que reparaît un déterminant : un tablier de boucher, le tablier du boucher.
La proposition relative a tantôt le rôle d'un complément de caractérisation (relative explicative), tantôt celui d'un complément déterminatif (relative déterminative) : c'est le détachement ou non qui marque quel est son rôle (le chat, qui était noir,… ; le chat qui était noir…).
Dans certains groupes avec complément du nom, c'est le complément qui semble être le terme principal du point de vue du sens, sinon de la grammaire. C'est le cas des noms exprimant un collectif (un groupe de chercheurs), une mesure ou un nombre (un million de francs), un contenant (un verre de vin), etc. L'accord du verbe quand ces groupes sont sujets pose des problèmes (un tas de choses arrive(nt)).

6.
LES AUTRES COMPLÉMENTS
Un terme peut compléter un adjectif (fier de sa réussite ; fier d'avoir réussi ; fier de ce qu'il a si bien réussi ; fier de lui), un pronom (celui de Paul), un adverbe (indépendamment des circonstances ; partout où j'irai), des mots-phrases (oui à la nationalisation des banques). Les pronoms indéfinis complétés du type beaucoup de monde peuvent être aussi considérés comme les déterminants indéfinis d'un nom.
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1.
PRÉSENTATION
conjonction (grammaire), nom donné à deux classes de termes, dont la première, regroupant les conjonctions de coordination, sert à relier des éléments de même rang syntaxique, qu'il s'agisse de mots, de groupes de mots, de propositions ou de phrases, et la seconde, regroupant les conjonctions de subordination, permet de relier les propositions dites subordonnées à la proposition principale dont elles dépendent.

2.
LES CONJONCTIONS DE COORDINATION
Les conjonctions de coordination (et, ou, ni, mais, or, donc, car) ont à la fois des emplois spécifiques et d'autres comparables à ceux de certains adverbes ou locutions adverbiales, comme puis, ensuite, toutefois, néanmoins, cependant, pourtant, ainsi, aussi, par conséquent, en effet, etc.

1.
Et
Et marque l'addition. Dans une énumération, seuls les deux derniers termes, en général, sont coordonnés par et (Rajoutez de l'huile, du sel, du poivre et des épices). Lorsque et coordonne des propositions, il peut exprimer diverses nuances, en rapport avec le sens de ces propositions, notamment la succession dans le temps (Continuez tout droit et tournez à gauche au bout de l'avenue) ou la conséquence (La nuit tombait et on distinguait mal les contours des objets).

2.
Ni
Ni sert à coordonner des éléments de rang identique dans une structure négative. Il fonctionne comme un équivalent de et… ne pas. Il est le plus souvent répété devant chacun des termes niés (Elle n'est ni grande ni petite ; ni l'un ni l'autre n'est intervenu). Voir négation ; accord.

3.
Ou
Ou marque, dans la plupart des cas, une alternative (Vous préférez du café ou du thé ? C'est ça ou rien), dont le caractère exclusif peut être souligné par la locution ou bien… ou bien (Ils sont ou bien en retard ou bien déjà partis). Entre les deux derniers termes d'une énumération, la locution ou encore exprime une possibilité complémentaire (Vous pouvez prendre le train, l'avion ou encore votre voiture). Ou peut aussi indiquer une équivalence entre un terme rare et un terme plus courant ou une expression définitionnelle (la géodésie, ou étude de la forme et de la dimension de la Terre). Dans ce cas, le second élément est employé sans déterminant.

4.
Mais
Mais peut relier des mots (Il est tatillon mais compétent), des propositions ou des phrases. Sa valeur est généralement oppositive, c'est-à-dire qu'il permet d'opposer un élément à un autre en vertu d'un raisonnement implicite. Ainsi, dans Il avait un avis contraire mais il n'a rien dit, la seconde proposition va à l'encontre de ce que la première laissait attendre.

5.
Or, donc et car
Or, donc et car ne peuvent relier que des propositions.
Or sert à introduire un nouvel élément dans un enchaînement argumentatif (Il a prétendu ne pas avoir été mis au courant. Or, un certain nombre de documents permettent d'établir sa responsabilité dans cette affaire).
Donc sert à introduire un élément qui a la valeur d'une conséquence. Il fonctionne exactement comme un adverbe du type par conséquent.
Car, qui n'est pratiquement employé qu'à l'écrit, indique que la seconde proposition est une explication de la première (On s'en aperçut, mais trop tard, car personne n'y avait songé à temps).

3.
LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION
Les conjonctions de subordination (que, quand, lorsque, comme, si, puisque, etc.) et les locutions conjonctives, qui sont des conjonctions composées de plusieurs mots (alors que, parce que, depuis que, avant que, bien que, de telle sorte que, si bien que, à moins que, etc.), servent d'introducteurs aux diverses propositions circonstancielles (de temps, de cause, de but, de conséquence, de concession, d'opposition, de condition, de comparaison). Exemple : Je ne suis pas allée au cinéma depuis que je suis rentrée de vacances ; Il est rentré avant qu'il ne pleuve.
La conjonction que introduit les propositions subordonnées dites complétives (Je sais qu'il est tard).
La signification des conjonctions est liée à celle de la subordonnée qu'elles introduisent. Certaines sont polysémiques, comme alors que, qui sert à la fois à l'expression du temps et de l'opposition (Elle est sortie alors que je lui avais déconseillé ; Le chat est sorti alors que j'ouvrais la porte au plombier).
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1.
PRÉSENTATION
déterminant (grammaire), nom donné à une classe de termes qui ont pour fonction d'actualiser un substantif à l'intérieur d'un groupe nominal. La classe des déterminants comprend, d'une part, les articles définis et indéfinis et, d'autre part, les adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis, numéraux, interrogatifs, exclamatifs et relatifs.

2.
LES ARTICLES

1.
L'article défini

Devant une voyelle ou un h muet, les formes le et la deviennent l' (l'enfant, l'haleine). Cette forme est dite élidée. Il existe par ailleurs une série de formes, au, aux, du et des, qu'on appelle formes contractées et qui correspondent respectivement à un amalgame de la préposition à ou de la préposition de avec les formes du masculin singulier et du masculin pluriel de l'article défini. Au est ainsi analysable comme à + le, aux comme à + les, du comme de + le et des comme de + les.
Au singulier comme au pluriel, l'article défini peut aussi bien déterminer un nom en emploi générique, c'est-à-dire un nom désignant l'ensemble des membres d'une classe de choses (Le chien est un mammifère ; Les chiens sont des mammifères), qu'un nom à valeur spécifique, c'est-à-dire désignant un ou plusieurs membres d'une classe (Le chien des voisins aboie ; Les chiens du voisin aboient).

2.
L'article indéfini

La forme de pluriel des devient de quand le groupe nominal comporte un adjectif placé avant le nom (des maisons, de belles maisons).
L'article indéfini détermine un nom en le particularisant sans l'identifier spécifiquement. Dans J'ai pris rendez-vous avec un avocat, un détermine avocat en spécifiant qu'il s'agit d'une personne déterminée, mais dont l'identité n'est pas indiquée. Il peut dans certains emplois conférer au nom qu'il détermine une valeur générique, c'est-à-dire référant à l'ensemble des membres d'une classe de choses. Dans Je me demande ce qu'en penserait un avocat, on réfère à un avocat quelconque.

3.
L'article partitif
On désigne sous le nom d'article partitif les formes de déterminants qui permettent de quantifier de façon indéterminée les noms non comptables, qu'il s'agisse de noms abstraits (du courage, de l'ardeur) ou de noms désignant des choses qu'il n'est pas possible de dénombrer parce qu'elles constituent une masse continue, non fragmentable (de l'eau, du fer, du marbre). Les formes de l'article partitif sont, au masculin singulier, du (du sel) ou de l', si l'initiale du nom déterminé est une voyelle (de l'énergie) et, au féminin singulier, de la ou de l' devant voyelle (de la bière, de l'eau).

3.
LES ADJECTIFS

1.
Les adjectifs possessifs

Les adjectifs possessifs constituent une série variable en genre, en nombre et en personne. Leur forme dépend, d'une part, de la personne du possesseur et, d'autre part, du genre et du nombre du nom déterminé par le possessif. Si le possesseur est la personne qui parle, la forme du possessif sera l'une des formes de première personne du singulier cependant que son genre et son nombre seront ceux du nom déterminé (ma montre, mon stylo, mes bijoux).
Devant des noms qui désignent des parties du corps, la forme du possessif est remplacée dans certains emplois par l'article défini (J'ai mal à la tête, Il s'est lavé les cheveux).

2.
Les adjectifs démonstratifs

La forme de masculin singulier cet est employée devant une voyelle ou un h muet (cet enfant ; cet honneur), mais non devant un h aspiré (ce hibou).
La série des adjectifs démonstratifs comporte aussi une forme composée du type ce / cette ... -ci / -là (ce livre-ci ; ce livre-là ; cette femme-ci ; cette femme-là). -Ci signifie en principe la proximité dans l'espace, et -là l'éloignement, mais l'opposition effective est plutôt située entre la forme simple et la forme en -là (cette femme ; cette femme-là).
Les démonstratifs peuvent avoir une valeur dite déictique, c'est-à-dire désigner une chose présente dans l'entourage des interlocuteurs. Dans ce type d'emploi, ils identifient au même titre que le ferait un geste de la main (Les clés sont sur cette table).
Ils peuvent aussi avoir une valeur dite anaphorique, auquel cas ils ne désignent pas un objet présent mais renvoient à un terme déjà identifié parce que figurant dans le contexte (Il travaillait pour un journal mais ce journal a fait faillite).

3.
Les adjectifs indéfinis
On regroupe sous le nom d'adjectifs indéfinis un ensemble morphologiquement hétérogène de termes qui déterminent un nom comptable en le quantifiant.
Une série d'adjectifs indéfinis expriment une quantité indéterminée (quelques, certains, plusieurs). Si plusieurs est invariable, certains varie en genre et en nombre (certaines innovations). Quelque, le plus souvent au pluriel (quelques fruits), peut aussi être employé au singulier avec une valeur d'indétermination (Il avait mis quelque temps à la convaincre). Ces adjectifs indéfinis sont généralement employés devant un nom au pluriel (quelques enfants ; certaines personnes ; plusieurs livres).
Une autre série d'adjectifs indéfinis (chaque, tout, n'importe quel) déterminent un nom en indiquant qu'il réfère à la totalité des membres d'une classe (Chaque jour il pleut). Chaque est invariable, mais tout et n'importe quel ont une variation en genre (Toute idée sera la bienvenue, N'importe quelle personne te renseignera).
L'adjectif indéfini tel (telle) détermine un nom de façon délibérément imprécise (Il prétend l'avoir rencontré tel jour à telle heure).
Enfin, il existe une série de déterminants indéfinis à valeur négative (aucun [aucune], nul [nulle]). Ils sont employés en corrélation avec l'adverbe de négation ne dans des phrases négatives (Aucune intervention n'a eu lieu ; On n'a trouvé nulle trace de leur passage).

4.
Les adjectifs numéraux
Les adjectifs numéraux cardinaux (un, deux, trois, quatre, cinq, etc.) servent à quantifier de façon précise. Leur fonctionnement est comparable à celui des autres déterminants, dans la mesure où ils précèdent immédiatement le nom qu'ils déterminent (Ils ont deux enfants), mais ils peuvent également être précédés d'un article défini ou d'un déterminant possessif ou démonstratif (Les deux enfants ; leurs deux enfants ; ces deux enfants). Les déterminants numéraux sont invariables, à l'exception de cent et de vingt quand ils forment un nombre par multiplication (deux cents, quatre-vingts), sauf si le numéral ainsi composé est complété par un autre numéral (deux cent trois, quatre-vingt-douze).
Les adjectifs numéraux ordinaux (premier, deuxième, troisième, etc.) sont également placés entre un déterminant du type article défini, possessif ou démonstratif et le nom déterminé (le premier étage ; la cinquième rue).

5.
Les adjectifs interrogatifs, exclamatifs et relatifs
L'adjectif à la fois interrogatif et exclamatif quel, variable en genre et en nombre (quels, quelle, quelles), figure devant un nom dans les propositions interrogatives directes ou indirectes (Quelle heure est-il ? Je ne sais pas quelle heure il est) et dans les propositions exclamatives (Quelle coïncidence !).
On désigne sous le nom d'adjectif relatif la série des formes de lequel (laquelle, lesquels, lesquelles), qui introduisent une subordonnée relative et dont l'emploi est presque toujours limité à la langue juridique (Ils se sont portés acquéreurs de la propriété de la plaignante, laquelle propriété n'était établie par aucun titre).

4.
L'ABSENCE DE DÉTERMINANT
On supprime le déterminant dans les messages denses, par exemple les petites annonces (Jeune homme cherche jeune femme aimant le cinéma), les étiquettes, enseignes, etc. (Café arabica, Sortie de secours).
L'absence de déterminant peut caractériser le nom propre ou le mot cité en tant que mot (faute s'écrit avec un seul t), mais elle peut avoir une raison syntaxique. On omet ainsi le déterminant dans les couples ou les énumérations détaillant une totalité, en coordination (jeunes et vieux) ou en juxtaposition (« Femmes, moines, vieillards, tout était descendu », La Fontaine). En outre, le déterminant peut être mis en facteur commun dans des expressions lexicalisées (les allées et venues, mon collègue et ami). Le déterminant peut être également absent dans les apostrophes (Garçon ! un café), les attributs (Il est médecin), les appositions (Paris, capitale de la France), les locutions verbales (avoir peur), les compléments du nom (un verre à pied), les compléments de temps (il a vécu avant guerre), de lieu (Je vais place Stanislas), de manière (Il y va à pieds, en avion). Il faut noter que dans les compléments prépositionnels l'article défini pluriel et le partitif singulier avec préposition s'effacent après la préposition de : Ils viennent de lointaines contrées (mais Ils viennent d'une lointaine contrée).
En règle générale, le déterminant peut disparaître quand la détermination référentielle est suffisamment forte ou au contraire quand l'actualisation est trop faible. Le déterminant réapparaît donc en même temps qu'une expansion identificatrice (Vous, le monsieur avec le chien), une détermination ou une caractérisation (Paul est un médecin célèbre ; Avoir la peur de sa vie ; Il a vécu avant la guerre de 14).
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1.
PRÉSENTATION
élision, fait, pour une voyelle, de ne pas se prononcer à l’oral lorsqu’elle est suivie d’une autre voyelle.
Si la voyelle élidée est autre que le transcrit e, l’élision se marque à l’écrit par une apostrophe (le a de la s’élide devant année, le i de si s’élide devant il, etc.). Si la voyelle élidée est un e , l’élision ne se marque pas toujours par l’apostrophe. On ne prononce pas le e de tendre dans le tendre ami, mais on ne marque pas l’élision par une apostrophe ; en revanche, on a une apostrophe dans l’ami.

2.
QUELLES VOYELLES S’ÉLIDENT ?
L’élision se fait pour les mots grammaticaux monosyllabiques se terminant par e (le, ne, que, je, me, se, etc.), pour la (qu’il soit pronom ou article) et pour si, seulement dans le cas où il est suivi du pronom il ou ils (s’ils sont là). Cependant lorsque ces mots portent l’accent tonique, à savoir lorsqu’ils sont placés après le verbe, l’élision ne se fait pas ni à l’oral ni à l’écrit (appelle-le aujourd’hui).
L’élision se fait également pour les quatre composés de que : jusque, lorsque, puisque et quoique (Jusqu’où ira-t-on ? lorsqu’on devient adulte, puisqu’elle ne vient pas, quoiqu’il soit fatigué). Presque et quelque, eux, ne s’élident que dans presqu’île et quelqu’un.
À l’oral, l’élision du u de tu est fréquente. Elle se marque par l’apostrophe à l’écrit, mais cela est considéré comme appartenant au registre familier (t’as vu ?).

3.
CAS D’ÉLISION IMPOSSIBLE
Il existe un certain nombre de cas dans lesquels, bien que le mot grammatical susceptible de s’élider se trouve devant une voyelle, l’élision est impossible. C’est le cas, à l’écrit, lorsque le mot commence par un h aspiré (dans des mots d’origine germanique) : le haricot, le hêtre, la huche, il me hante. L’élision est également impossible devant les mots commençant par un y qui se prononce : le yacht, la yourte. C’est également le cas pour oui, ouate, huit et onze et leurs dérivés : la ouate, le onze du mois, le huitième, etc.

4.
ÉLISION DEVANT UN NOM PROPRE
A priori, l’élision des mots grammaticaux devant les noms propres doit se faire dans les mêmes conditions que devant les autres mots de la langue : voilà ce qu’Hector m’a dit. Cependant, on constate dans l’usage une certaine réticence à faire cette élision, notamment lorsque le nom propre comporte une seule syllabe : voilà ce que Aude nous a dit en concurrence avec ce qu’Aude…
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1.
PRÉSENTATION
épithète, fonction remplie par l’adjectif qualificatif au sein du groupe nominal. Toutefois, d’autres termes peuvent être employés comme un adjectif et avoir une fonction d’épithète : certains adverbes (un homme bien), certains noms (un père avocat, une robe marron). On ajoute parfois à cette liste les propositions subordonnées relatives (un homme qui est honnête) qu’on peut classer aussi parmi les compléments du nom. L’épithète apporte soit une caractérisation (des mesures injustes), soit une détermination (les mesures gouvernementales).

2.
ÉPITHÈTE DE CARACTÉRISATION ET ÉPITHÈTE DE DÉTERMINATION
L’épithète de détermination est équivalente à un complément déterminatif (elle apporte une précision par restriction au sein d’un ensemble plus large) : les mesures gouvernementales / les mesures du gouvernement. Dans ce cas, l’expression du degré est impossible, de même que la transformation du groupe en phrase avec attribut.
L’épithète de caractérisation autorise au contraire la transformation du groupe en une phrase avec attribut : une robe rouge / cette robe est rouge ; une mesure injuste / cette mesure est injuste. Si le sens de l’adjectif le permet, l’expression du degré est possible : une mesure très injuste. Certaines grammaires considèrent en or (dans le groupe une montre en or) comme une épithète de caractérisation, car la possibilité d’en faire un attribut existe : cette montre est en or. La plupart des grammaires en font un complément du nom caractérisant (non déterminatif).
Il faut faire une place à part aux épithètes de transfert du type un blessé grave pour lesquelles la transformation en attribut est également impossible : elles proviennent d’une transformation d’un groupe nominal en un autre comprenant un nom de la même famille : une blessure grave > un blessé grave ; la critique littéraire > un critique littéraire.

3.
CONSTRUCTION DE L’ÉPITHÈTE
On distingue les épithètes proprement dites et celles qui sont détachées par des virgules. L’épithète de caractérisation non détachée apporte une caractérisation indépendante du temps marqué par le verbe : dans Une femme audacieuse a sauvé l’enfant, audacieuse a une valeur générale. En revanche, dans Une femme, audacieuse, a sauvé l’enfant, audacieuse, qui est détaché du nom-support par des virgules et dont la place est mobile (Audacieuse, une femme, etc.), a la valeur d’un complément circonstanciel (ici de cause). Pour ce dernier cas, on parle d’épithète détachée et on classe souvent celle-ci avec les appositions. Dans la plupart des cas, quand l’épithète a pour support un pronom, elle se construit comme une apposition : Celui-ci, audacieux, etc.
La construction indirecte n’existe qu’avec les pronoms indéfinis (rien d’intéressant) et dans des tournures du type un drôle de bonhomme, où drôle peut être considéré comme un type particulier d’apposition ou bien comme un adjectif substantivé.

4.
PROPOSITIONS SUBORDONNÉES ÉPITHÈTES
Les relatives qui enrichissent le groupe nominal permettent soit une caractérisation quand elles sont détachées (relatives explicatives : Mon voisin, que tu connaissais, est mort) soit une détermination quand elles ne le sont pas (relatives déterminatives : Le voisin que tu connaissais est mort). On peut aussi trouver des subordonnées conjonctives : la preuve que tu as tort. Voir proposition.

5.
PLACE ET ORDRE DES ADJECTIFS ÉPITHÈTES
L’adjectif épithète peut être antéposé ou postposé au nom-support. Les règles qui fixent l’ordre sont complexes. Les adjectifs de détermination sont toujours postposés, ainsi que les adjectifs de couleur employés au sens propre et ceux exprimant l’appartenance à un groupe humain (un marin français). Les épithètes courtes et très courantes comme beau, grand, petit ou celles avec le préfixe in- sont souvent antéposées mais pas toujours, avec parfois des variations de sens selon la place (un homme grand / un grand homme).
De façon générale, on a pu observer que l’adjectif antéposé tend à former avec le nom une seule unité de sens (jusqu’à pouvoir, à la limite, former un nom composé : grand rue), alors que l’adjectif postposé ajoute une notion à une unité de sens bien délimité.
Quand le groupe nominal contient deux épithètes juxtaposées, l’une d’elles s’applique moins au nom seul qu’au groupe formé par le nom et par l’autre épithète : c’est souvent la première des deux si elles sont antéposées (une pauvre / petite femme), la dernière si elles sont postposées (la peinture murale / médiévale). L’interprétation de l’encadrement est plus complexe (le magnifique / ciel tropical ; un grand artiste / méconnu). Quand les adjectifs épithètes sont placés sur le même plan, on utilise la ponctuation et la coordination : une femme pauvre, petite ; une femme pauvre et petite. On ne peut pas coordonner une épithète de caractérisation et une épithète de détermination (une mesure gouvernementale injuste).
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1.
PRÉSENTATION
fonction (grammaire), rôle syntaxique que jouent les différents syntagmes au sein de la phrase.
La phrase n’est pas une simple juxtaposition de mots, mais constitue une structure organisée en un réseau de relations entre des constituants qui occupent chacun une fonction précise.

2.
DÉFINITIONS
Si, dans une acception large, le terme fonction peut s’appliquer à différents niveaux de la description linguistique, dans le sens strictement syntaxique qu’on lui attribue très généralement aujourd’hui, il renvoie à la notion de fonction grammaticale, c’est-à-dire le rôle syntaxique que jouent les différents syntagmes au sein de la phrase (voir sujet, objet, attribut, etc.).
En effet, les fonctions ne sont pas jouées par des mots, mais plutôt par des groupes de mots, appelés syntagmes ou groupes syntaxiques (même s’il arrive que certains syntagmes soient saturés par certains types de mots, comme les prénoms et les pronoms).
Dans un exemple de type Ce charmant garçon parle toujours de sa mère, le sujet de la phrase n’est ni garçon, ni charmant garçon, mais plutôt le syntagme nominal dans son ensemble ce charmant garçon.

3.
FONCTION VS CATÉGORIE
Les notions de catégorie (voir nom, verbe, adjectif…) et de fonction grammaticales doivent être soigneusement distinguées.
Outre le fait que la notion de fonction concerne des syntagmes (alors que la notion de catégorie s’applique à des unités lexicales), les deux termes, même s’ils sont souvent confondus, ne renvoient pas du tout au même contenu notionnel.
En effet, les catégories grammaticales sont considérées comme des caractéristiques inhérentes des unités lexicales (on parle de nature grammaticale), au même titre que leurs formes phonologiques et leur sens.
En revanche, les fonctions sont conçues comme des relations (fonctions, au sens mathématique) soit entre syntagmes, soit entre les syntagmes et la phrase. Ce caractère relationnel est visible dans les appellations elles-mêmes des différentes fonctions (on parle de sujet de la phrase, d’attribut du sujet, de complément du nom, etc.). La fonction d’un syntagme donné ne peut donc être déterminée que s’il est employé dans une phrase.
Autrement dit, contrairement à la catégorie grammaticale, la fonction est une information qui n’est ni pertinente, ni perceptible au niveau lexical, puisqu’un terme donné appartient par définition à une catégorie grammaticale, mais n’acquiert une fonction que lorsqu’il est employé dans une phrase (on comprend dès lors pourquoi les dictionnaires n’apportent aucune information concernant la fonction d’un terme, alors qu’ils précisent son appartenance catégorielle).
Et de fait, une fonction donnée peut être jouée par des éléments appartenant à différentes catégories, et une catégorie donnée peut remplir plusieurs fonctions.
Si l’on prend la fonction sujet, on constate en effet qu’elle peut être jouée par un syntagme nominal (Ce garçon parle souvent de sa mère), un pronom (Il parle souvent de sa mère), un verbe à l’infinitif (Pleurer, prier, gémir est également lâche), etc.
Parallèlement, si on prend par exemple un groupe nominal comme un petit garçon, on constate qu’il peut jouer les fonctions de sujet (Un petit garçon joue dans le jardin), de complément d’objet (J’ai vu un petit garçon dans le jardin), d’attribut du sujet (Pierre est un petit garçon), etc.
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1.
PRÉSENTATION
interjection, nom donné à une classe de mots invariables qui servent à transcrire un état affectif (joie, émotion, colère, surprise, doute, ironie, etc.) du locuteur. On classe également parmi les interjections les onomatopées (mots traduisant des bruits, par exemple miaou, boum, tic-tac).
L’interjection n’a aucune fonction dans la chaîne syntaxique et est indépendante des autres constituants de la phrase. C’est cette autonomie qui lui donne la particularité de pouvoir former une phrase à elle seule : euh ! ouf ! aïe !

2.
MORPHOLOGIE

1.
Les interjections essentielles
Les interjections essentielles ne s’emploient qu’en tant qu’interjections : zut !, ouf !, vlan !, euh !. Elles sont issues pour la plupart de formations expressives et rappellent plus ou moins un bruit. Ainsi, contrairement aux autres mots, elles peuvent revêtir une forme qui est étrangère au système phonologique de la langue. On trouve ainsi des suites de consonnes sans voyelles (pft ! tss !) alors que la langue française se base sur l’enchaînement de voyelles et de consonnes. De même, la répétition de consonnes telles que le r (par exemple dans grrr ! ou brrr !) constitue une anomalie par rapport au système.
Au niveau supérieur, la composition d’interjection résultant de la répétition d’un élément est également propre à cette classe : plouf-plouf, blablabla, miam-miam, tchin-tchin.

2.
Les interjections accidentelles
Les interjections accidentelles sont issues de mots ou d’expressions qui ont un autre emploi : flûte !, chouette !, bon sang !, la barbe !, nom d’une pipe !, etc. Tout comme les interjections essentielles, elles sont invariables. Les marques de nombre ou de personne inhérentes à certaines (issues de verbes notamment comme tiens !, voyons !, allez !) sont sans rapport avec une quelconque référence à une ou plusieurs personnes. On dira aussi bien Allez ! c’est d’accord, je me lance dans le projet que Allez ! laissez-vous tenter par le projet. De même, on peut avoir Mon œil !, mais pas Ton œil ! ou À la bonne heure ! mais pas Aux bonnes heures !
Les interjections accidentelles présentent également la particularité de pouvoir redoubler un élément : tiens, tiens !, bon, bon !

3.
VALEUR
De nombreuses interjections sont dépourvues de contenu sémantique : ah ! peut exprimer tout à la fois la surprise, la déception, la joie, le doute, etc. Il en va de même pour euh !, oh !, etc. qui peuvent traduire différents sentiments. C’est à l’oral que l’interjection prend son sens. Elle porte toujours un accent, et l’interlocuteur en décode le contenu selon l’intonation avec laquelle elle est prononcée.
À côté d’interjections servant à l’expression d’un sentiment, il en existe certaines qui ont pour rôle d’établir, de contrôler ou d’interrompre la communication entre locuteur et récepteur : c’est la fonction phatique du langage. Allô ! permet ainsi au locuteur d’entrer en communication avec son correspondant.
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1.
PRÉSENTATION
marque (grammaire), tout trait formel porté par une unité linguistique quelconque (dite marquée) qui l’oppose à une autre unité qui ne porte pas le trait en question (unité dite non-marquée).
Autrement dit, la marque linguistique est un trait distinctif qui oppose un couple d’unités linguistiques — par ailleurs identiques — par sa présence sur l’un seulement des deux termes de cette opposition (dite privative).

2.
EN PHONOLOGIE
C’est d’abord en phonologie, où elle s’est montrée particulièrement féconde, que la notion de marque a été avancée.
Une marque phonologique est un trait phonique dont la présence sur une unité quelconque permet de la distinguer de toutes les autres unités semblables qui ne portent pas le trait phonique en question.
Ainsi, en français, la consonne bilabiale sonore [b] ne se distingue de la consonne bilabiale sourde [p] que par la présence sur la première d’un trait phonique [+ voisement]. Le trait [+ voisement] (vibration des cordes vocales) constitue, en l’occurrence, une marque phonologique. [b] constitue l’unité marquée par opposition à [p], l’unité non-marquée.
Lorsqu’une marque phonologique oppose respectivement les deux termes de plusieurs paires minimales, elle est appelée marque de corrélation. Ainsi, le voisement est une marque de corrélation qui oppose en français les séries marquées [b], [d], [g], [v], [z] aux séries non-marquées [p], [t], [k], [f], [s].

3.
DANS LES AUTRES NIVEAUX DE L’ANALYSE LINGUISTIQUE
D’abord notion strictement phonologique, la notion de marque a été peu à peu étendue à d’autres niveaux de l’analyse linguistique, notamment à l’analyse lexicale et à la morphologie.
En lexicologie, pour pouvoir exploiter l’opposition entre marqué et non-marqué, on a été amené à donner à la notion de marque un sens plus abstrait, selon lequel elle ne correspondrait pas nécessairement à un trait formel manifeste. Le terme marqué d’une opposition se reconnaîtrait alors par une extension plus petite que celle du terme non-marqué. Autrement dit, selon cette analyse, le terme marqué aurait une signification plus spécifique (moins générale) que le terme non-marqué : ainsi enfant serait le terme non-marqué de l’opposition enfant / garçon.
En morphologie, la notion de marque s’est souvent montrée féconde dans la description d’un certain nombre de catégories grammaticales, comme la catégorie du genre (le masculin en français est considéré comme non-marqué par opposition au féminin, qui contient un trait formel supplémentaire, visible par exemple dans l’opposition vert / verte), ou du nombre (singulier non-marqué par opposition au pluriel marqué, notamment par –s : garçon / garçons).Toutefois, appliquée sans précaution méthodologique, la notion de marque peut quelquefois se révéler discutable. Se pose notamment la question de savoir sur quels types de critères on peut se fonder pour déterminer le terme marqué d’une opposition. Les réponses apportées sont souvent divergentes. On peut, par exemple, citer l’opposition des modes indicatif et subjonctif qui n’a pas reçu la même interprétation chez tous les grammairiens et linguistes (selon certains, c’est le subjonctif qui constitue le terme non-marqué de cette opposition, alors que chez d’autres, c’est plutôt l’indicatif.

CONCURRENCE DANS L’EMPLOI DE CERTAINES
PRÉPOSITIONS EN FRANÇAIS
1 Introduction
Les prépositions jouent un rôle essentiel dans les structures analytiques de la langue.
Elles servent à exprimer les rapports entre les choses. Plusieurs prépositions peuvent être
en concurrence dans la langue courante; toutefois, l’emploi d’une préposition plutôt que
d’une autre peut être considéré dans les grammaires normatives comme étant une erreur.
L’exemple (1a) représente le type d’erreur d’emploi de prépositions que nous
tenterons d’expliquer dans cette recherche. Le dièse (#) indique la forme attestée mais
non normative par opposition à la forme normative qu'on peut voir en (b).
(1) a. # C’est avec cette présentation que prend fin le colloque. (cf. 55)1
b. C’est par cette présentation que prend fin le colloque.
Les erreurs les plus courantes se retrouvent avec les prépositions dans, sur, en,
avec, après, par et pour. Pouvons-nous dire que l’erreur dans l’emploi des prépositions
est attribuable à la parenté de sens qui existe entre elles ? Existe-t-il d’autres explications
à cette confusion ?
Plusieurs ouvrages tentent d’éclaircir les causes de ces erreurs d’emploi de
prépositions. Selon Brunot (1953) et Dagenais (1984), le sens d’une préposition se
restreint au fil des ans, c’est-à-dire qu’il se spécialise, et les erreurs commises sont dues à
Concurrence dans l'emploi de certaines prépositions en français
84
une ignorance des valeurs actuelles. Dagenais ajoute que ces erreurs peuvent s’expliquer
également par l’influence de l’anglais, ce à quoi adhère également Colpron (1994). Ces
auteurs avancent ces explications aux erreurs d’emploi de prépositions sans toutefois faire
une analyse cas par cas.
Le but de notre recherche est d’amener une meilleure caractérisation sémantique
des prépositions dans, sur, en, avec, après, par et pour, en faisant ressortir leurs parcelles
de sens communes et leurs conditions d’emploi.
Notre hypothèse est que deux prépositions qui sont en concurrence possèdent une
parcelle de sens commune qui peut expliquer cette variation. Notre objectif principal est
de démontrer dans quelle mesure la concurrence entre deux prépositions relève de la
parenté de sens qui existe entre elles.
Dans la section 2, nous détaillons la méthodologie que nous avons divisée en deux
parties, soit le corpus et la méthode d’analyse. Dans la section 3, nous abordons la
description et l’analyse des résultats et, ensuite, dans la section 4, nous présentons notre
conclusion.



dans/en
41. (P) # Marie était plongée dans une léthargie quand Pierre vint la voir. (en)
42. (P) # Il sont en affaires. (dans les)
43. (P) # Il doit aller chez le médecin en après-midi. (dans l’)
44. (P) # En attente d’une réponse de votre part, je vous prie d’agréer, Madame, mes salutations
distinguées. (dans l’)
45. (P) # Elle s’occupe de faire le ménage en journée. (dans la)
46. (P) # Il se promenait en rue. (dans la) 1
47. (P) # Le voyage est prévu dans le train. (en) 1
48. (P) # J’ai rencontré Guy en train. (dans le) 1
49. (P) # Il est parti en champs pour travailler. (dans les) 1
50. (P) # Mr Duculot n’est pas disponible dans le moment. (en ce)
dans/avec
51. (P) # Il est impliqué avec beaucoup de problèmes. (dans)
52. (P) # Je n’ai rien à faire avec cette discussion. (dans)
53. (C) # Le capitaine regarde dans sa longue vue. (avec)
54. (P) # Elle a été 20 ans avec ce service-là. (dans) 2
avec/par
55. (P) # C’est avec cette présentation que prend fin le colloque. (par) 2
56. (P) # Il voyage avec Air Canada. (par) 2
57. (P) # L’expérience s’est soldée avec un échec. (par) 1
58. (P) # Il arrive avec le train d’Halifax. (par) 1
59. (P) # Avec quel autobus arriveras-tu? (par) 1
60. (P) # Je m’enrhume avec ce temps de chien. (par) 1
61. (P) # La bible commence avec la genèse.(par) 1
62. (P) # Les vols par effraction dans les véhicules seraient surtout commis en soirée. (avec)
63. (P) # Il gagna par une majorité de voix. (avec)
64. (P) # Il expédia son colis avec le train. (par) 1
par/pour
65. (P) # Il va à Paris par affaires. (pour) 1 et 2
66. (P) # La banque lui propose de payer 8 par 100 d’intérêt. (pour)
67. (P) # La prise en charge de la voirie par les municipalités coûtera 14 cents par 10 dollars
d’évaluation. (pour)
68. (P) # En tout et par tout, il lui reste 20 dollars sur son compte bancaire. (pour)
69. (P) # C’est par avoir trop bu qu’il s’est ruiné. (pour) 1
par/en
70. (P) # Ces livres sont classés en ordre alphabétique. (par)
71. (P) # Il a voyagé en chemin de fer. (par)
72. (P) # En exemple, il faut dire « sur les marches » et non « dans les marches ». (par)
par/sur
73. (P) # La table mesure 1 mètre par 2 mètres. (sur) 2
sur/en
74. (P) # Sur le voyage, je ne bois pas. (en)
75. (P) # La bibliothèque est ouverte jusqu’à 22 heures sur semaine. (en) 2
76. (P) # Il a fait ce travail sur 2 heures. (en) 1
77. (P) # Il a mis la batterie sur la charge. (en)
78. (P) # Je lui ai expliqué sur le long et sur le large. (en)
79. (P) # Les actions de cette entreprise ont été mises en marché. (sur le)
après/sur
80. (P) # La clé est après la porte. (sur) 1
81. (P) # Il a posé une affiche après la porte. (sur) 1
82. (P) # Le chat est monté après un arbre. (sur) 1
83. (P) # Il a une tache après son pantalon. (sur) 1
84. (P) # Le permis est accordé sur examen. (après) 1














Albane Lesauvage
Marie-Josée St-Louis
Nous tenons à remercier Marguerite Champagne Desbiens et Catherine Parenteau.
1 Les chiffres entre parenthèses indiquent le numéro sous lequel l'exemple est répertorié dans le corpus.
Cette recherche tente d’expliquer les erreurs commises dans le choix de certaines
prépositions en français. Plusieurs auteurs proposent d’expliquer ces erreurs par la
méconnaissance des valeurs actuelles des prépositions et par l’influence de l’anglais.
L’hypothèse proposée dans cet article est que deux prépositions en concurrence partagent une
parcelle de sens. Après analyse d’un corpus de phrases, on remarque que les erreurs dans
l’emploi des prépositions relèvent de deux facteurs. Le premier porte sur la nature des
compléments et le deuxième sur les frontières sémantiques entre certaines prépositions ainsi
que le sens étymologique de la préposition. Cette étude démontre que le choix d’une
préposition plutôt que d’une autre est influencé par la valeur conceptuelle du complément
qu’elle introduit et par la parenté de sens qui existe entre les prépositions.




2 Méthodologie


2.1 Le corpus
Notre corpus, que l’on retrouve dans l’annexe 1, est constitué de 84 exemples d’erreurs
commises en France, au Canada, en Belgique et en Suisse, relevés dans les différents
ouvrages répertoriés dans notre bibliographie. Nous avons considéré uniquement les
exemples pour lesquels deux prépositions sont en concurrence. Chaque exemple a été
analysé afin de déterminer si l’erreur d’utilisation de la préposition provenait du sens de
la préposition ou de celui du complément.
Les exemples de prépositions qui alternent avec à et de, comme dans les énoncés
(2)-(4) ont été omis de notre recherche.
(2) a. # Le fils à Jacques.
b. Le fils de Jacques.
(3) a. # Elle est dans la fenêtre.
b. Elle est à la fenêtre.
(4) a. # Elle aime pour la première fois dans sa vie.
b. Elle aime pour la première fois de sa vie.
Ces prépositions ont fait l’objet de nombreuses études qui les considèrent comme
vides de sens, puisqu’elles peuvent désigner une multitude de relations. Ce sont les deux
prépositions qui résistent le plus à une analyse sémantique (Cervoni 1991). Puisque
l’objectif de notre recherche est de rendre compte de la concurrence entre deux
prépositions par une analyse sémantique, nous nous sommes concentrées sur l’analyse
Concurrence dans l'emploi de certaines prépositions en français
85
des prépositions dans, sur, en, avec, après, par et pour et nous avons relevé les exemples
de concurrence entre ces prépositions.
2.2 La méthode d’analyse
Nous démontrons par une analyse sémantique basée sur les définitions du Lexis (1989),
qu’il est possible d’expliquer cette concurrence par une parenté de sens. Nous avons
choisi les conditions d’utilisation des prépositions du Lexis parce qu’elles ont définies de
façon précise et exhaustive (annexe 2).
Nous avons classé nos exemples selon deux contextes principaux où nous
retrouvons des erreurs de prépositions : la nature du complément et le contenu
sémantique de la préposition. Dans la classe nature du complément, nous avons regroupé
les exemples pour lesquels c’est le complément qui sollicite la préposition et dans la
classe contenu sémantique de la préposition nous avons inclus les exemples pour lesquels
c’est le contenu sémantique de la préposition qui justifie son utilisation avec le
complément qui l’accompagne.
3 Description et analyse des résultats
Le tableau 1 montre que 37 exemples d’erreurs de prépositions analysés relèvent du
complément, soit 44 % de notre corpus, tandis que 47 exemples d’erreurs de prépositions
analysés relèvent de la préposition, c’est-à-dire 56 % de notre corpus.
TABLEAU 1
RÉPARTITION DES EXEMPLES SELON LA CATÉGORIE À LAQUELLE L’ERREUR EST ATTRIBUABLE
Classe nombre %
Complément 37 44
Préposition 47 56
Total 84 100
3.1 La nature du complément
La catégorie nature du complément regroupe les exemples de notre corpus pour lesquels
le choix de la préposition est déterminé par la nature du complément qu’elle introduit. La
majorité de ces exemples impliquent une alternance entre dans et sur. Nous étudierons
d’abord le cas de la concurrence entre dans et sur, puis celui de celle entre dans et avec.
Concurrence dans l'emploi de certaines prépositions en français
86
3.1.1 Dans et sur
Considérons les exemples en (5), (6), (7) et (8) qui illustrent la concurrence entre dans et
sur.
(5) a. # Je marche sur la rue. (cf. 1)
b. Je marche dans la rue.
(6) a. # Je marche sur l’avenue. (cf. 3)
b. Je marche dans l’avenue.
(7) a. # Je marche dans le chemin. (cf. 4)
b. Je marche sur le chemin.
(8) a. # Je marche dans le boulevard. (cf. 5)
b. Je marche sur le boulevard.
Selon le Lexis, la préposition dans s’emploie pour désigner un endroit à l’intérieur
d’un lieu ou d'un volume, alors que la préposition sur désigne un lieu situé en surface.
Une erreur fréquente que l’on rencontre dans l’emploi de ces deux prépositions survient
dans le contexte d’utilisation avec les noms désignant des voies de circulation.
Ainsi, selon les définitions données aux noms rue et avenue (9a-b), ces deux
termes devraient être considérés comme décrivant des volumes puisqu’ils sont bordés de
maisons ou d’arbres et ainsi demander la préposition dans. Des noms comme chemin, qui
est considéré comme une surface parce qu’il est à découvert, c’est-à-dire qu’il n’est pas
bordé d’arbres ou de maisons, et boulevard, qui historiquement désignait les remparts
d’une ville sur lesquels les gens marchaient, représentent plutôt des surfaces (9c-d) et
devraient donc commander l’utilisation de la préposition sur.
(9) Définitions selon Le petit Robert (1997) :
a. Rue : Voie bordée, au moins en partie, de maisons, dans une agglomération.
[Les maisons qui la bordent forment un volume.]
b. Avenue : Voie plantée d’arbres qui conduit à une habitation. [Les arbres qui la
bordent forment un volume.]
c. Chemin : Voie qui permet d’aller d’un lieu à un autre. Spécialt. Bande
déblayée assez étroite qui suit les accidents du terrain. [Voie à découvert qui
représente une surface.]
d. Boulevard : Large voie faisant le tour d’une ville. Rue très large,
généralement plantée d’arbres. Étym. Emplacement des anciens remparts
[historiquement : Voie à découvert qui représente une surface.]
Ainsi, puisque la norme prescrit l’utilisation de la préposition dans quand le
complément qu’elle introduit représente un volume, on s’attend à trouver dans et non sur
Concurrence dans l'emploi de certaines prépositions en français
87
avec rue et avenue comme en (5b) et en (6b). À l’inverse, on s’attend à trouver sur et non
dans avec chemin et boulevard comme en (7b) et en (8b).
En fait, les exemples que nous avons recensés montrent des emplois des deux
prépositions avec les quatre termes, en particulier les emplois soi-disant fautifs de sur
avec rue et avenue et de dans avec chemin et boulevard.
Selon Le Colpron (1994), l’erreur illustrée en (5a) résulte d’un calque de
l’anglais : I am walking on the street. Nous croyons peu probable qu’il s’agisse
uniquement d’anglicisme puisque, en anglais, road désigne aussi bien une route, un
chemin ou une rue, ce qui ne rend pas compte du fait que l’on retrouve dans le chemin.
Nous croyons que ces erreurs sont dues au fait que les locuteurs ne font pas
nécessairement de distinction entre le sens de rue et avenue qui représentent des volumes,
et le sens de chemin et boulevard, qui représentent des surfaces. Les distinctions entre ces
mots étant devenues obscures pour la majorité des locuteurs, le choix de la préposition
appropriée ne peut donc reposer sur le contenu sémantique du complément.
Cela nous amène à proposer que la concurrence entre les prépositions dans et sur,
dans les exemples (5) à (8), est reliée à une parenté de sens qui existe entre les
prépositions et à une méconnaissance des contenus sémantiques des compléments,
puisque les deux prépositions sont employées pour désigner un rapport de lieu et que
l’utilisation de l’une ou l’autre se justifie par la conceptualisation du complément.
Dans les exemples (10) et (11), c’est encore le complément qui justifie le choix de
la préposition.
(10) a. # La pomme est dans le plateau. (cf. 22)
b. La pomme est sur le plateau.
(11) a. # La pomme est sur le plat. (cf. 23)
b. La pomme est dans le plat.
Selon la norme, plat représente un volume : récipient à fond plat, tandis que
plateau représente une surface : support plat. On s’attendrait à trouver sur un plateau et
dans un plat, pourtant nous observons des erreurs chez certains locuteurs. Encore une fois
selon sa conceptualisation du complément, soit un récipient ou une surface, le locuteur
utilise sur ou dans.
Le tableau 2 montre que 36 exemples d’erreurs analysés dans l’emploi des
prépositions dans et sur relèvent du complément, soit 90 % des exemples concernant
l’alternance entre dans et sur; tandis que seulement 4 exemples d’erreurs avec ces
prépositions relèvent de la préposition, c’est-à-dire 10 % des exemples concernant ces
deux prépositions.
Concurrence dans l'emploi de certaines prépositions en français
88
TABLEAU 2
RÉPARTITION DES EXEMPLES AVEC DANS ET SUR SELON LE CONTEXTE AUQUEL L’ERREUR
EST ATTRIBUABLE.
3.1.2 Dans et avec
Sur les 37 exemples d’erreurs de prépositions attribuables à la nature du complément, 36
relèvent de la concurrence entre dans et sur, et un seul relève de la concurrence entre
dans et avec. Il s’agit de l’exemple (12).
(12) a. # Le capitaine regarde dans sa longue vue. (cf. 53)
b. Le capitaine regarde avec sa longue vue.
D’après le Lexis (1989), la préposition dans s’emploie pour désigner un rapport de
lieu alors que la préposition avec désigne l’utilisation d’un instrument.
L’emploi de la préposition dans, dans l’exemple (12a), peut s’expliquer par le fait
que le locuteur conçoit le complément longue vue comme un objet à l’intérieur duquel on
regarde (volume). Selon la norme, il s’agit d’un instrument avec lequel on regarde, donc
la préposition appropriée serait avec comme dans l’exemple (12b).
3.2 Contenu sémantique de la préposition
La catégorie contenu sémantique de la préposition regroupe des exemples pour lesquels
c’est le contenu sémantique des prépositions qui engendre les erreurs. Nous discuterons
chacune des paires de prépositions en concurrence. Nous montrerons que dans plusieurs
cas la concurrence provient de la survivance d’un emploi ancien.
3.2.1 Dans et sur
Observons l’alternance entre dans et sur illustrée en (13).
(13) a. # Dans mes vieux jours, j’écrirai un livre. (cf. 37)
b. Sur mes vieux jours, j’écrirai un livre.
Selon la définition donnée dans le Lexis, la préposition dans s’emploie pour
désigner un temps précis alors que la préposition sur désigne un temps approximatif. En
effet, la préposition sur sert à construire les compléments qui indiquent une dimension de
temps qui n’est pas définie alors que la préposition dans sert à construire un complément
qui évoque « le terme final d’une durée nécessaire à l’achèvement d’un procès » (Wagner
dans et sur nombre %
Complément 36 90
Prépositions 4 10
Total 40 100
Concurrence dans l'emploi de certaines prépositions en français
89
et Pinchon 1962:475). Ainsi, dans l’exemple (13a) il est erroné d’utiliser la préposition
dans puisque le complément mes vieux jours représente une durée approximative et non
l’achèvement d’une action.
Le locuteur qui ne connaît pas la nuance sémantique qui existe entre les
prépositions dans et sur dans un contexte temporel emploie l’une ou l’autre. Ce fait
s’explique par l’emploi archaïque des deux prépositions puisque, jusqu’au 19e siècle,
elles pouvaient être utilisées dans un même contexte temporel. Mais, par la suite, la
limitation de l’action dans le temps s’est vue marquée par la préposition dans uniquement
(Gougenheim 1951:187). L’erreur d’emploi entre ces deux prépositions peut donc être
considérée comme étant due à cette parcelle de sens commune qui a persisté dans l’usage.
3.2.2 Dans et en
Considérons les exemples de concurrence entre dans et en illustrés en (14) et (15).
(14) a. # Le voyage est prévu dans le train. (cf. 47)
b. Le voyage est prévu en train.
(15) a. # J’ai rencontré Guy en train. (cf. 52)
b. J’ai rencontré Guy dans le train.
La norme prescrit l’utilisation de la préposition dans pour introduire un objet
physique alors que la préposition en est utilisée pour introduire un mode de transport
(Lexis 1989). Dans les exemples (14a) et (14b), le complément train est un moyen de
transport, la norme prescrit alors l’utilisation de la préposition en. Dans les exemples
(15a) et (15b), le complément train représente un lieu puisque l’on rencontre quelqu’un à
un endroit. La préposition appropriée est donc dans. Il s’agit en (14a) et (15a)
d’archaïsmes : avant le Moyen Âge, les deux prépositions étaient synonymes et on
pouvait employer l’une ou l’autre peu importe le contexte (Gougenheim 1951:166).
Cependant, depuis le 19e siècle, le sens de chacune de ces deux prépositions s’est
spécialisé (Gougenheim 1951:166). Le sens commun qu’avaient autrefois en et dans est
encore présent aujourd’hui chez plusieurs locuteurs. Comme dans le cas précédent, la
concurrence entre dans et en illustrée en (14) et (15) semble s’expliquer par un emploi
archaïque.
3.2.3 Dans et avec
L’exemple en (16) montre la concurrence entre dans et avec.
(16) a. # Elle a été 20 ans avec ce service-là. (cf.54)
b. Elle a été 20 ans dans ce service-là.
Colpron (1994) explique cet exemple par un calque de l’anglais to be with. Nous
proposons d’expliquer cette erreur d’une part par la méconnaissance des valeurs de la
préposition avec et d’autre part, par la conceptualisation du complément ce service-là. La
préposition dans s’emploie pour désigner un rapport de lieu (physique ou abstrait) et la
Concurrence dans l'emploi de certaines prépositions en français
90
préposition avec s’emploie pour désigner une réunion entre deux personnes (Lexis
1989).En (16), le complément ce service-là est un complément locatif abstrait.
L’utilisation de la préposition dans est alors prescrite par la norme. Dans l’exemple (16a),
la préposition avec est utilisée pour désigner une relation d’association entre le sujet et le
complément, qui ne représente pas une personne. En effet, le sujet elle a bien été avec les
gens qui font partie de ce service, mais elle était dans ce service en tant que lieu de
travail. La méconnaissance du sens restreint de avec lorsqu’il s’agit d’une association et
la conceptualisation que l’on a de ce service-là, c’est-à-dire les personnes formant ce
service ou le lieu de travail, permet d’expliquer l’alternance.
3.2.4 Avec et par
L’exemple en (17) montre la concurrence entre avec et par.
(17) a. # La Bible commence avec la genèse. (cf. 61)
b. La Bible commence par la genèse.
Selon le Lexis, la préposition avec s’emploie pour désigner une manière, un
moyen tout comme la préposition par. Dans ces exemples, c’est le verbe commencer qui
conditionne le choix de la préposition. En effet, le complément du verbe commencer se
construit avec la préposition par. Alors que l’expression commencer par signifie «avoir
pour début», et en ce sens évoque un ordre, une place dans une succession (Wagner et
Pinchon 1962:438), la préposition avec désigne une manière ou un moyen sans notion
d’ordre. Le sens de par est plus restreint que le sens de avec, c’est-à-dire que les deux
prépositions peuvent désigner une manière et un moyen, mais lorsqu’il y a une relation
ordonnée, c’est par qui est sollicitée. Ces deux prépositions présentent une parenté de
sens et, la frontière sémantique étant mince, nous croyons que celle-ci est à l’origine des
erreurs commises.
3.2.5 Par et pour
L’exemple en (18) montre la concurrence entre par et pour.
(18) a. # La banque lui propose de payer 8 par 100 d’intérêt. (cf. 66)
b. La banque lui propose de payer 8 pour 100 d’intérêt.
Selon la norme, la préposition par s’emploie pour désigner le concept de
distribution (par exemple : 8 coupons par personne), alors que la préposition pour est
utilisée comme concept de proportion (par exemple : 8 pour 100) (Lexis 1989). Dans
l’exemple (18a), par est utilisé pour désigner une proportion. La distribution établit un
rapport entre deux choses différentes tandis que la proportion concerne une quantité dans
un tout. Dans les deux cas, il s’agit de préciser une quantité x dans un ensemble de
référence (pour chaque personne, huit coupons et pour chaque tranche de cent dollars,
huit dollars d’intérêt). Le locuteur a étendu le sens de proportion de pour à par.
Concurrence dans l'emploi de certaines prépositions en français
91
3.2.6 Par et en
L’exemple (19) illustre la concurrence entre par et en.
(19) a. # Ces livres sont classés en ordre alphabétique. (cf. 70)
b. Ces livres sont classés par ordre alphabétique.
La préposition par s’emploie pour désigner la manière d’action et en s’emploie
pour désigner la manière d’être (Lexis 1989). Dans l’exemple (19a), la préposition en est
utilisée pour marquer la manière d’action alors qu’elle ne doit être utilisée que pour
marquer la manière d’être (par exemple : Ces livres sont en ordre alphabétique). On doit
utiliser la préposition par pour exprimer la manière d’action. De plus, comme nous
l’avons mentionné plus tôt, lorsqu’il y a une succession (ordre alphabétique), c’est par
qui est attendu. On peut postuler qu’il existe une parenté de sens entre ces deux
prépositions puisqu’elles désignent toutes deux la manière, et la nuance qui existe entre
elles est parfois inconnue du locuteur, ce qui explique cette erreur.
3.2.7 Par et sur
L’exemple (20) montre la concurrence entre par et sur.
(20) a. # La table mesure 1 mètre par 2 mètres. (cf. 73)
b. La table mesure 1 mètre sur 2 mètres.
D’après le Lexis, la préposition par s’emploie pour désigner un rapport de
distribution (trois coupons par personne), alors que la préposition sur désigne un rapport
de dimension (1 mètre sur 2 mètres). En (20a), la préposition par est utilisée pour
désigner une dimension. Le Colpron (1994) explique ces erreurs par un calque de
l’anglais 1 by 2. Les erreurs commises peuvent également s’expliquer par une
méconnaissance des valeurs de ces deux prépositions, c’est-à-dire le sens de distribution
de par et le sens de dimension de sur.
3.2.8 Sur et en
L’exemple en (21) illustre la concurrence entre sur et en.
(21) a. # Il a fait ce travail sur 2 heures. (cf. 76)
b. Il a fait ce travail en 2 heures.
La préposition sur, comme on l’a déjà dit, doit introduire un complément de
temps approximatif, tandis que la préposition en introduit un complément de temps de
durée (Lexis 1989). Dans l’exemple (21a), sur est utilisé pour introduire un complément
de temps précis, soit une durée de deux heures, alors que seul en peut introduire un tel
complément de temps. La concurrence entre sur et en est un archaïsme : avant le 19e
siècle, ces deux prépositions étaient employées pour introduire un même complément de
temps, mais, depuis, leur sens s’est restreint. En effet, après le verbe faire (qui exprime
l’accomplissement d’une action), la préposition en sert à construire un complément qui
Concurrence dans l'emploi de certaines prépositions en français
92
évoque la durée du procès, « le laps de temps nécessaire à son achèvement » (Wagner et
Pinchon 1962:471), alors que la préposition sur est utilisée pour indiquer une valeur
temporelle marquant l’approximation. Par contre, nous remarquons que cette utilisation
de ces deux prépositions persiste dans l’usage, ce qui confirme qu’une parcelle de sens
commune persiste entre ces deux prépositions.
3.2.9 Après et sur
Les exemples en (a) ci-dessous, nous montrent l’emploi de la forme archaïque de la
préposition après.
(22) a. # La clé est après la porte. (cf. 80)
b. La clé est sur la porte.
(23) a. # Il a posé une affiche après la porte. (cf. 81)
b. Il a posé une affiche sur la porte.
(24) a. # Le chat est monté après un arbre. (cf. 82)
b. Le chat est monté sur l’arbre.
(25) a. # Il a une tache après son pantalon. (cf. 83)
b. Il a une tache sur son pantalon.
Selon le Lexis, la préposition après s’emploie pour désigner un rapport de contact
immédiat alors que la préposition sur désigne une position au dessus. Dans ces exemples,
l’emploi de après pour sur se justifie par l’archaïsme. En effet, cette utilisation transmet
la valeur ancienne de au-dessus avec contact qu’avait après jusqu’au 16e siècle (Le
Robert 1992:98).
Ces deux prépositions ont été en concurrence pour désigner la même réalité, puis
sur est devenue la norme, mais nous retrouvons encore cette ancienne utilisation de après
dans la langue. Nous croyons que cette parcelle de sens commune, où après et sur
désignent le contact avec la surface, est à l’origine des erreurs commises.

4 Conclusion
Comme nous l’avons vu dans notre recherche, certaines prépositions peuvent se retrouver
en concurrence et entraîner des erreurs. Brunot (1953) et Dagenais (1984) proposent
d’expliquer les erreurs commises par une méconnaissance des valeurs actuelles des
prépositions. Dagenais (1984) et Colpron (1994) expliquent plusieurs de ces mauvais
emplois de prépositions comme étant des calques de l’anglais. Ce que nous avons tenté de
démontrer, c’est que d’autres facteurs peuvent expliquer ces erreurs. Le premier facteur
auquel nous nous sommes intéressées portait sur la nature du complément. Nous avons pu
remarquer que la synonymie dans les compléments ou la méconnaissance des valeurs
conceptuelles des compléments pouvait jouer un rôle important dans le choix de la
préposition qui les accompagne. Le deuxième facteur analysé portait sur le contenu
Concurrence dans l'emploi de certaines prépositions en français
93
sémantique de la préposition. En effet, les frontières sémantiques entre certaines
prépositions sont minces et le sens historique de la préposition peut, lui aussi, avoir une
influence et apporter une explication à la production d’erreurs.
Le sens de certaines prépositions s’est spécialisé avec le temps, mais cette
évolution de l’emploi normatif ne s’est pas toujours reflétée dans l’usage.
Nous pouvons donc soutenir que les erreurs dans l’emploi des prépositions
relèvent non seulement de la parenté de sens qui existe entre deux prépositions, mais
aussi de la méconnaissance des valeurs conceptuelles des compléments. Il sera intéressant
de voir dans les prochaines années si l’usage se sera adapté à la norme, ou si la
concurrence entre certaines prépositions persistera et amènera une nouvelle norme qui
reflètera l’usage.