LE DICTIONNAIRE DES DOMAINES INTELLECTUELS ET LA GRAMMAIRE FRANCAISE.

cet espace est un moment particulier de connaissance, car la langue est aussi bien un moyen de communication que de connaissance de tous les domaines intectuels. Son apprentissage nécéssite une concentraction particuliere défiant toute légèreté. la grammaire approfondie, l'étymologie, la phonétique... doivent en etre les éléments fondamentaux sans la maitrise desquels toute tentative d'apprentissage de la langue se reduirait à un simple formalisme.

lundi, septembre 10, 2007

Dictionnaire des citations philodophiques.


Commentaire de la citation

Héraclite d'Éphèse, On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve

Héraclite défend une conception du monde selon laquelle le monde est en éternel devenir, en éternel changement et; pour nous le faire comprendre, prend l'image du fleuve toujours changeant.


Anaxagore, L'homme est intelligent parce qu'il a une main (Fragments)

Pour Anaxagore, c'est parce que nous possédons des mains que nous sommes devenus les êtres les plus intelligents de l'Univers. C'est introduire cette idée, que reprendront les modernes, que l'intelligence est d'abord pratique avant d'être contemplative et que l'intelligence est d'abord technique. On sait qu'Aristote retournera la formule en affirmant que c'est parce qu'il est intelligent que l'homme a des mains (sinon il ne saurait s'en servir et la nature ne donne rien inutilement)

Protagoras d'Abdère, L'homme est la mesure de toute chose

Le sophiste Protagoras défend ici l'idée du relativisme. Chaque homme mesure la réalité à son propre étalon. La phrase signifie "à chacun sa vérité". Ainsi, le miel paraît sucré à l'homme bien portant mais amer à l'homme malade et l'on ne peut dire que l'un des deux se trompe. Protagoras est, on le voit, sensualiste c'est-à-dire qu'il défend la vérité des sens.

Socrate, Nul n'est méchant volontairement. Socrate veut dire que le méchant est l'ignorant. Il veut son bien mais il ne le voit pas et commet donc le mal involontairement.

Cette phrase ne signifie nullement une quelconque irresponsabilité du méchant qu'il faudrait pardonner car il est de notre devoir de ne pas rester dans l'ignorance.

Connais-toi toi-même.

Cette phrase n'est pas, comme on le croit trop souvent une invitation à l'introspection. Socrate nous invite à connaître ce qui est vraiment nous-mêmes c'est-à-dire non pas notre corps mais notre âme et, non pas toute notre âme, mais sa partie rationnelle. La philosophie socratique est en effet une anthropologie. Il s'agit de connaître l'homme. On consultera le commentaire qu'en fait Platon dans l'Alcibiade majeurLe seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien.Cette phrase résume ce qu'on appelle l'ironie socratique. Celle-ci consiste à interroger en feignant l'ignorance. Elle est aussi révélatrice du refus du dogmatisme caractéristique de la philosophie socratique.

Platon, Il faudrait pour le bonheur des États que les philosophes fussent rois ou que les rois fussent philosophes (La République)


Platon évoque ici la théorie des "philosophes-rois". Platon pense qu'il n'est rien de pire que d'être gouverné par des ignorants. Pensant la politique comme un savoir, il en conclut que celui qui sait (le philosophe) doit gouverner. Pour cela, il faut, soit que les philosophes accèdent au gouvernement, soit que ceux qui gouvernent deviennent philosophes. Toute sa vie Platon cherchera en vain à réaliser ce projet.


Commettre l'injustice est pire que la subir, et j'aimerai mieux quant à moi, la subir que la commettre (Gorgias)Commettre l'injustice c'est perdre sa dignité et passer le reste de sa vie en compagnie d'un injuste. L'assassin est celui qui perd l'estime de soi. Cette phrase fonde l'idée moderne de conscience morale : il n'est pas de crime sans témoin car il est en moi un témoin intérieur qui me juge. A rapprocher de la phrase de Montaigne : Je me fais plus d'injure en mentant que je n'en fais à celui à qui je mens (Essais)Le corps est le tombeau de l'âme (Cratyle)La théorie de la réminiscence stipule que c'est en s'incarnant dans le corps que l'âme oublie la connaissance des idées acquise dans un autre monde. C'est donc en se délivrant du corps que l'âme retrouvera pleinement son pouvoir de connaissance. Ce mépris classique du corps sera interprété par Nietzsche comme un mépris de la vie.Plus généralement, la philosophie est accès à l'intelligible et donc refus du sensible.Philosopher, c'est apprendre à mourir au sensible (Phédon)Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre !Platon avait fait graver cette phrase au fronton de l'Académie, l'école qu'il avait fondée. Elle signifie qu'il faut faire des mathématiques (à l'époque c'est la géométrie) avant d'étudier la philosophie. Les mathématiques sont en effet le premier degré de l'intelligible et elles nous habituent à l'existence des réalités non sensibles. Les mathématiques sont néanmoins imparfaites car elles ne démontrent pas tout et la géométrie raisonne sur des figures sensibles, sources d'erreur. C'est pourquoi elles ne constituent que le premier degré de l'intelligible.



Aristote, Le commencement de toutes les sciences, c'est l'étonnement de ce que les choses sont ce qu'elles sont (Métaphysique)En d'autres termes, la philosophie est avant tout un questionnement pour lequel rien ne va de soi. Le philosophe s'étonne au sens où il s'interroge sur tout.

Rappelons qu'à l'époque d'Aristote philosophie et sciences se confondaient.La nature ne fait rien en vain.(Métaphysique)Aristote pense que tout a un sens dans la nature, qu'on n'y trouve rien d'inutile. Cette phrase va être considérée comme une évidence pendant plus de deux millénaires. On la retrouve, par exemple, chez Kant.L'art est imitation de la nature.Aristote pense que l'imitation est une tendance naturelle chez l'homme et qu'elle donne du plaisir. Ceci dit l'imitation n'est pas pour Aristote une pure copie mais une création car elle transpose la réalité en figures, en objets poétiques. L'art est mimèsis. On sait que cette idée d'un art imitatif sera réfutée par Hegel.L'homme est naturellement un animal politique.(Politique)Politique veut dire ici "qui appartient à la polis" c'est-à-dire, en grec, à la Cité.


Aristote veut dire que l'homme est un animal qui vit dans une société organisée politiquement, régie par des lois et que cela le définit, le distingue des animaux. Cela ne préjuge en rien de nos éventuels engagements politiques qui ne sont pas du tout évoqués par cette phrase.


Épicure, Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. ( Lettre àMénécée)"Commencement" signifie à la fois "début" et "principe". "Fin" signifie à la fois "achèvement" et "but". Épicure considère que le plaisir est à la fois ce qui doit nous servir de principe pour guider nos actions (calcul des plaisirs) et la fin que nous devons rechercher. Cette phrase résume la doctrine des plaisirs.
ÉpictèteParmi les choses, les unes dépendent de nous, les autres n'en dépendent pas.Cette distinction va être au fondement de l'éthique stoïcienne. Dépendent de nous nos pensées, nos jugements ainsi que notre attitude face au monde. N'en dépendent pas, les lois de la nature et de la société. Le stoïcisme défend l'idée d'un déterminisme strict de la nature. Ainsi, si je désire modifier l'ordre des choses, je me heurterai à l'échec et je serai malheureux. La condition de mon bonheur est donc de changer mon attitude face au monde (cela dépend de moi) et de vouloir l'ordre du monde.Être libre c'est vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent.Cette citation est à relier à la précédente. Vouloir que les choses arrivent comme il me plaît c'est désirer être Dieu puisque je puis alors désirer changer les lois de la nature. Le sage, lui, non seulement accepte l'ordre du monde, mais le veut. Il s'intègre alors à l'ordre universel.Saint AugustinJe crois parce que c'est absurde.Cette phrase définit la foi. Nous n'avons nulle preuve de l'existence de Dieu. Croire en Dieu (ou n'y pas croire) relève d'un choix d'existence mais qui reste infondable en raison.MontaigneTu ne meurs pas de ce que tu es malade ; tu meurs de ce que tu es vivant (Essais)La mort est la conséquence de la vie. C'est pourquoi Montaigne considèrera que la sagesse est d'accepter notre mort et donc que Philosopher, c'est apprendre à mourir, ce qui n'est rien d'autre qu'apprendre à vivre.Qui a appris à mourir, il a désappris à servir. (Essais)Le despote n'exerce son pouvoir que si son peuple le craint. La crainte par excellence est bien sûr celle de la mort car mourir est irréversible (ce n'est pas le cas par exemple de la perte de nos biens). Mais que peut le despote contre celui qui a appris à ne plus craindre la mort ?



Bacon, On ne commande à la nature qu'en lui obéissant.

(Novum Organum) Les lois de la nature sont strictement déterminées. Il n'est pas possible de les enfreindre. Nous ne pouvons qu'y obéir. Cela ne signifie néanmoins pas que nous soyons soumis à la nature. Le projet technique consiste à utiliser les lois de la nature pour notre utilité. Ainsi, en obéissant aux lois de la nature, on peut la commander. La liberté n'est pas dans l'absence de contrainte mais dans l'utilisation raisonnée de ces contraintes.

Hobbes, L'oisiveté est la mère de la philosophie (Léviathan)Référence est faite ici à ce que les penseurs antiques appelaient l'otium c'est-à-dire le loisir philosophique. L'activité philosophique est une activité à plein temps incompatible avec d'autres activités. Elle suppose le travail d'un esprit libre et aussi libéré du labeur matériel. C'est dire aussi que la philosophie n'existe que dans les sociétés de division du travail et que, là où il y a des philosophes, d'autres travaillent pour leur permettre de survivre.A l'état de nature l'homme est un loup pour l'homme.Hobbes considère que l'état de nature est un état de guerre de chacun contre chacun. Parce que nous avons tous les mêmes besoins à satisfaire alors que les biens sont limités, parce que nous pouvons tous nous prévaloir d'une supériorité sur autrui, naîtront nécessairement des conflits sanglants qui pourraient mettre notre espèce en péril. L'entrée en société apparaît donc comme nécessaire.

Descartes, Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. (Discours de la Méthode) Descartes énonce ici l'idée d'une universalité de la raison. Tous les hommes en sont pourvus.Je pense donc je suis. (Discours de la Méthode)Descartes formule ainsi la découverte du cogito dans le Discours de la méthode. A l'issue du doute, Descartes s'aperçoit qu'il est impossible de douter de la pensée car douter c'est penser. Or si je pense, il faut bien que j'existe. La formulation laisse entendre que l'existence est déduite de la pensée. En réalité le "je suis" est déjà dans le "je pense" par le pronom personnel "je". Ceci explique pourquoi la formulation du cogito sera différente dans les Méditations, ouvrage qui se veut plus rigoureux.La technique nous rend comme maîtres et possesseurs de la nature.(Discours de la méthode)Descartes voit dans la technique le déploiement de la puissance de l'homme capable d'utiliser la nature à ses seules fins. L'apparition des techno-sciences et les menaces sur notre environnement entraînées par le développement des techniques conduira à fortement nuancer l'affirmation cartésienne.Tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde. (Discours de la Méthode)D'inspiration stoïcienne, cette phrase constitue la troisième maxime de la morale provisoire. Contrairement aux stoïciens, Descartes n'énonce pas ici les principes d'une morale définitive. De plus, alors que les stoïciens "voulaient" l'ordre du monde, Descartes se contente de l'accepter. Il apparaît donc davantage conformiste qu'Épictète.

Pascal, Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. (Pensées)Le cœur, chez Pascal, désigne l'intuition qui permet de saisir les évidences n'ayant pas besoin d'être démontrées. Il ne s'agit donc pas de la passion amoureuse. Nous disposons de deux facultés pour connaître : le cœur procède par intuitions immédiates, la raison par la médiation de la déduction. Le cœur suit donc une démarche que la "raison ne connaît pas". Pascal joue sur les deux sens du mot "raison"L'imagination est maîtresse d'erreur et de fausseté.Aux yeux de ¨Pascal, l'imagination ne peut être source de connaissance. Il illustre cette phrase par l'exemple de l'homme qui doit traverser un précipice sur une planche assez large pour qu'il n'y ait nul danger mais qui imaginant sa chute ne peut le faire sans effroi.L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible des roseaux, mais c'est un roseau pensant. (Pensées)On retrouve dans cette phrase le thème pascalien de la misère de l'homme, faible comme un roseau parce que mortel, et de la grandeur de l'homme parce qu'il dispose de la raison.Quelle vanité que la peinture qui attire notre admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire point les originaux. (Pensées)Pascal reprend ici l'idée antique, contestée aujourd'hui, que l'art imite la nature. Or si on imite de mauvais modèles, doit-on admirer la copie sous le simple prétexte que l'imitation est fidèle à l'original ? La critique pascalienne se situe surtout au plan moral. L'artiste doit-il représenter des sujets immoraux ? Cette critique de l'art, classique, est d'inspiration platonicienne.Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé. (Pensées)Pascal défend ici l'idée d'une histoire gouvernée par le hasard où de petites causes peuvent changer profondément le cours des évènements. A rapprocher de cette autre citation : Cromwell allait ravager toute la Chrétienté; la famille royale était perdue, et la sienne à jamais puissantes, sans un petit grain de sable qui se mit dans son uretère (Pensées)On mourra seul (Pensées)La mort est une expérience qu'on ne peut partager. Mais c'est aussi affirmer qu'elle nous caractérise en propre. La mort est d'autant plus au fondement de l'individualité qu'il est impossible de la partager.Se moquer de la philosophie c'est vraiment philosopher (Pensées)Parce que la philosophie est une entreprise critique pour laquelle rien ne va de soi, elle peut se mettre aussi elle-même en cause. Elle est même la seule discipline qui se prenne elle-même pour objet.Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà. (Pensées)Pascal s'en prend ici au caractère relatif, conventionnel de la justice humaine. Les lois varient d'un État à l'autre. La justice des hommes n'est pas universelle au contraire de la justice divine.


Spinoza, La sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie. (Ethique)Le sage ne pense pas à la mort. Dans la mesure où nous avons des idées adéquates, nous ne pouvons penser qu'à ce qu'il y a en nous de positif et non à nos impuissances ou nos échecs. Tout homme cherche en effet à persévérer dans son être et la mort est donc contraire à notre essence. L'homme libre ne songe qu'à vivre et bien vivre. Parce qu'il vit sous le seul commandement de la raison, il n'est pas conduit par la crainte de la mort mais cherche le bien directement, cherchant l'utile qui lui est propre. Par conséquent, il ne pense à rien moins qu'à la mort.Dieu c'est-à-dire la nature.Par cette formule, Spinoza affirme l'idée d'une substance infinie. Dieu s'identifie avec la nature et n'est donc pas un créateur ontologiquement séparé du monde. Spinoza s'oppose à l'idée d'un Dieu anthropomorphe, agissant selon des fins. On en a conclu (à tort) à l'athéisme de Spinoza. En réalité, il est panthéiste.L'amour est la joie accompagnée de l'idée d'une cause extérieure (Ethique)Autrement dit aimer c'est éprouver de la joie à l'idée de l'existence de l'autre.Qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a une idée vraie et ne peut douter de la vérité de la chose. (Ethique)La vérité se révèle en nous. Il n'y a aucun sens à croire qu'on puisse penser faux car être dans l'erreur ce n'est pas penser. L'erreur ne vient pas d'un mouvement de notre pensée mais de l'action des choses extérieures sur nous. Toute idée vraie enferme l'affirmation d'elle-même et la force réelle de cette affirmation dépend uniquement de la clarté de l'idée. C'est pourquoi Spinoza n'opèrera pas de doute systématique à la manière de Descartes. Le fondement de la vérité n'est pas une méthode mais la faculté de connaître elle-même.

Leibniz, Tout est pour le mieux dans le meilleur des modes possibles. Leibniz pense que, dans sa bonté, Dieu ne pouvait vouloir créer un monde mauvais. Néanmoins, Dieu est soumis à la raison et ne peut donc créer un monde contradictoire. Il eut été contradictoire qu'il crée un monde parfait (le monde aurait été un nouveau Dieu). Parmi tous les mondes possibles, c'est-à-dire non contradictoires, il a créé le meilleur (et il n'est pas parfait). On ne saurait top insister sur l'importance du terme "possibles" dans cette citation.MontesquieuC'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites. (De l'esprit des lois)Ces trois citations expliquent et énoncent le principe de la séparation des pouvoirs. Parce que posséder le pouvoir, c'est être tenté d'en abuser, le pouvoir risque de tendre au despotisme. Il faut donc instituer des contre pouvoirs. Reconnaissant trois pouvoirs dans l'État (législatif, exécutif et judiciaire), Montesquieu pense que la condition de la liberté est que ces trois pouvoirs soient indépendants de façon à ce que chacun contrebalance les deux autres.Il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir (De l'esprit des lois)Il n'y a point encore de liberté si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice (De l'esprit des lois)La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent (De l'esprit des lois)Si chacun dans un État était autorisé à faire tout ce qui lui plaît, très rapidement naîtraient des conflits. Le plus fort l'emporterait et le plus faible serait esclave. L'absence de contrainte ne conduit donc nullement à la liberté. Celle-ci ne peut exister que là où il y a des lois donnant à chacun des droits mais aussi des devoirs, conditions du droit des autres.Dans un État, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir, et à n'être point contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir (De l'esprit des lois)La loi libératrice est celle qui est conforme à la justice et ne saurait, ni nous empêcher d'accomplir notre devoir, ni nous contraindre à agir contre lui. Montesquieu donne une autre formulation de ce principe : Une chose n'est pas juste parce qu'elle est loi. Mais elle doit être loi parce qu'elle est juste (Mes pensées)Si les triangles faisaient un Dieu, ils lui donneraient trois côtés (Lettres Persanes)Les hommes créent leurs dieux à leur image. On trouve déjà cette idée chez le présocratique Xénophane : si les bœufs, les chevaux et les lions avaient des mains, ils peindraient leurs dieux comme des bœufs, des chevaux et des lions.


Rousseau, L'homme est naturellement bon et c'est la société qui le déprave.(Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes)Cette citation a donné lieu à de nombreux contresens parce qu'on l'a retirée de son contexte. Elle se situe dans une note de bas de page du Second Discours où Rousseau précise que l'homme naturel est en réalité innocent c'est-à-dire qu'il ignore ce qui est bien et ce qui est mal. S'il se conduit bien c'est sans vertu parce que sans savoir. Néanmoins, pour nous qui savons ce qu'est la morale, en regardant se comporter l'homme naturel nous pouvons dire que "l'homme est naturellement bon..."Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme. (Du Contrat Social)La liberté est pour Rousseau ce qui définit l'homme. C'est une de nos différences essentielles par rapport à l'animal qui, lui, est obligé d'obéir à ses instincts. Renoncer à la liberté, c'est donc renoncer à l'humanité qui est en nous, c'est être mort à notre humanité. En d'autres termes, la liberté est inaliénable, c'est-à-dire qu'on ne peut ni la donner ni la vendre.L'obéissance au seul appétit est esclavage et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. (Du Contrat Social)La liberté ne consiste pas à suivre nos désirs. Elle n'est pas dans l'absence de contraintes mais dans le libre choix des contraintes que l'on se donne à soi-même. On peut appliquer cette idée au peuple. Un peuple libre est celui qui se donne à lui-même ses propres lois, ce qui définit la démocratie.Les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n'ont rien. (Du Contrat Social)Rousseau pense que la propriété est une question essentielle en politique, non que la propriété privée soit nécessairement un mal mais c'est son excessive inégalité qu'il faut supprimer. (cf. Du Contrat Social, livre I, chapitre 9)Riche ou pauvre, puissant ou faible, tout citoyen oisif est un fripon. (Émile ou de l'éducation)Être oisif, c'est vivre du travail d'autrui. C'est donc, d'une façon ou d'une autre, être un parasite, voire un voleur. Rappelons que pour Rousseau la propriété ne se justifie que par le travail.Conscience ! Conscience ! Instinct divin. (Émile ou de l'éducation)La conscience dont il s'agit ici est la conscience morale. Rousseau pense qu'il existe en nous une appréhension directe de ce qu'est le bien et le mal, appréhension qui relève de la nature (instinct). Il existe donc en l'homme une spontanéité morale. Rousseau synthétise les anciens fondements de la morale (Dieu et la nature) et opère cette synthèse au niveau de la subjectivité (la conscience).Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux. (La Nouvelle Héloïse)Il s'agit ici de montrer qu'il y a une positivité du désir. Désirer c'est valoriser, embellir ce que l'on désire et en jouir d'avance. La réalisation du désir (qui est aussi la mort du désir) est souvent décevante et c'est donc dans le désir lui-même et non dans son accomplissement que réside le bonheur. Désirer c'est imaginer ce qu'on peut obtenir et Rousseau ajoutera : Le pays des chimères est au monde le seul digne d'être habité..VoltaireL"Univers m'embarrasse, et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n'ait pas d'horloger. (Satires)L'argument repose sur le principe de causalité : tout effet a une cause donc cet effet qu'est l'Univers doit avoir une cause et cette cause est Dieu. L'Univers étant une mécanique bien conçue ne saurait être le résultat du hasard. L'argument fonde ce qu'on appelle le déisme. La croyance en Dieu ne se fonde pas sur la foi mais sur un argument de type logique. L'horloger n'est pas nécessairement un Dieu d'amour et de providence mais la simple cause du monde. Reste le problème de savoir si le principe de causalité n'a pas un sens qu'à l'intérieur du monde, auquel cas l'argument s'effondre.Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. (Phrase attribuée à Voltaire)Cette phrase énonce le principe de la défense de la liberté de penser et de s'exprimer.DiderotL'idée qu'il n'y a pas de Dieu ne fait trembler personne ; on tremble plutôt qu'il y en ait un. (Pensées philosophiques)Cette phrase est sans doute d'inspiration épicurienne. La croyance en Dieu est le plus souvent liée à l'idée d'un enfer où sont punis les méchants. Si Dieu n'existe pas, disparaît la peur d'une punition éternelle.Se faire tuer ne prouve rien ; sinon qu'on n'est pas le plus fort (Nouvelles pensées philosophiques) On pourrait dire autrement que nulle valeur n'existe en dehors de la vie, que la vie est condition des valeurs ou encore que la vie est la valeur suprême. On peut aussi interpréter cette phrase comme l'affirmation qu'on peut mourir pour des idées qui ne sont en réalité que des chimères (cf. Oscar Wilde : Une chose n'est pas nécessairement vraie parce qu'un homme meurt pour elle)

Kant, Des pensées sans matière sont vides, des intuitions sans concepts sont aveugles. (Critique de la Raison pure)Cette phrase résume la théorie de la connaissance chez Kant. Des pensées sans matière ce sont des concepts qui ne se réfèrent à aucune intuition. La connaissance nécessite l'action conjointe de la faculté d'entendement qui procède au moyen de concepts et de la sensibilité qui procède au moyen d'intuitions. C'est dire aussi que l'on ne peut connaître que ce qui est donné dans l'intuition.Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen. (Fondements de la métaphysique des mœurs)Il s'agit de la seconde formulation de l'impératif catégorique c'est à dire de la loi morale. La morale consiste à prendre l'homme comme fin et non comme moyen. Toute tentative d'instrumentalisation de l'homme est donc contraire à la morale. La fausse promesse, par exemple, ne saurait être morale puisque j'utilise l'autre à qui je promets comme un moyen.Il n'y a qu'une seule chose qu'on puisse tenir pour bonne sans restriction, c'est une bonne volonté. (Fondements de la métaphysique des mœurs)Cette phrase résume ce qu'on appelle le formalisme kantien. Une action n'est pas jugée morale en fonction de son contenu mais en fonction de l'intention qu'elle réalise. Les sentiments, les talents de l'esprit peuvent être au service du pire. On peut par exemple tuer par amour et mettre son intelligence et son courage au service des pires crimes. En revanche, la volonté de faire son devoir est toujours bonne. "bonne volonté" doit être ici pris au sens fort. Il s'agit d'une ferme volonté, cherchant par tous les moyens à faire le bien. Elle est nécessairement éclairée par la raison, sans quoi ce n'est plus, à proprement parler, une volonté.Tu dois donc tu peux.Il n'y a pas de morale sans liberté. Ce qui est notre devoir et donc toujours réalisable. Une morale qu'on ne pourrait mettre en pratique est dénuée de sens.Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! (Qu'est-ce que les Lumières)Kant présente ce précepte comme la devise des Lumières. L'homme doit apprendre à penser par lui-même pour sortir de sa minorité. Est mineur celui qui n'a pas le courage de juger par lui-même et qui préfère s'en remettre au jugement d'autrui. Cette dépendance envers autrui vient d'un manque de courage.Le beau plait immédiatement. Il plaît en dehors de tout intérêt. (Critique de la faculté de juger)Le beau est un plaisir désintéressé c'est-à-dire indépendant de toute considération de l'utile. C'est ce qui permet de distinguer le beau de l'agréable, plaisir intéressé.Le bois dont l'homme est fait est si noueux qu'on ne peut y tailler des poutres bien droites. (Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique)Kant définit l'homme comme un animal qui a besoin d'un maître dans la mesure où son égoïsme l'incline à désobéir à la loi. Mais ce maître est lui-même un être humain et donc un animal... qui a besoin d'un maître. On ne voit plus alors comment trouver un maître qui soit juste. Kant juge la tâche non seulement difficile mais vraisemblablement impossible.



Hegel, L'homme n'est rien d'autre que la série de ses actes. (Encyclopédie) A la question "qui suis-je ?", nous avons tendance à répondre en recourant à l'introspection. Mais l'impartialité en est impossible puisque nous sommes à la fois celui qui juge et celui qui est jugé. Je peux toujours me dire "je serais capable de...", cela ne prouve rien tant que je n'ai rien fait. Nos actes, en revanche, sont indiscutables. Si j'ai agis courageusement (ou lâchement), c'est que je suis réellement courageux (ou lâche). Ce sont donc bien nos actions qui nous définissent.Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. (La Raison dans l'histoire)Toute la philosophie classique tendait à dévaloriser la passion au profit de la raison.

Hegel fait partie de ces philosophes modernes qui réhabilitent la passion. Elle a un rôle dans l'histoire. C'est poussés par leurs passions que les hommes font avancer l'histoire et contribuent (sans le vouloir) au progrès. La passion, chez Hegel, consiste à agir selon des intérêts égoïstes.L'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire (La Raison dans l'histoire)La seule leçon que nous donne l'histoire... c'est qu'elle ne donne pas de leçons. Hegel en donne deux raisons : d'abord chaque situation est particulière (l'histoire ne se répète pas) et ce n'est donc pas en fonction de situations passées nécessairement différentes qu'on peut décider. Ensuite l'action présente est souvent bien trop urgente pour avoir le temps de la comparer avec ce qui a eu lieu dans le passé. Cela ne signifie pas que l'étude de l'histoire soit inutile mais son utilité est autre.L'histoire du monde n'est pas le lieu de la félicité. Les périodes de bonheur y sont des pages blanches (La Raison dans l'histoire)Ce que montre l'histoire apparente est un spectacle de violence et de fureur où le bonheur des peuples est la plupart du temps sacrifié. Les peuples heureux n'ont donc pas d'histoire.La Raison gouverne le monde. (La Raison dans l'histoire)Selon Hegel, l'histoire est rationnelle. Certes l'histoire apparente nous montre le spectacle de la violence et du désordre mais il faut se référer à l'histoire profonde qui manifeste la Raison. Celle-ci n'est pas un principe purement individuel mais une puissance spirituelle immanente à l'Univers. Elle utilise comme instrument les passions humaines. Hegel nomme cette utilisation "la ruse de la Raison"Ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel. (Principes de la philosophie du droit)Cette phrase a donné lieu à bien des débats. S'agit-il d'une justification de l'ordre établi et du réel ? En réalité, Hegel lui-même souligne que la phrase peut aussi signifier que tout ce qui est rationnel doit être. Il s'agit surtout de dire que la philosophie est compréhension du réel et non la "construction d'un au-delà qui serait (...) dans l'erreur d'une façon de raisonner partielle et vide."La réalité est une apparence plus trompeuse que l'apparence de l'art (Esthétique)La réalité se présente à nos sens comme une évidence alors même que ce que nous voyons du réel est en fait interprétation, apparence, illusion. La science nous a montré que le réel n'est pas tel qu'il nous apparaît. L'art, en revanche, a une vérité car s'il est illusion, il s'agit d'une illusion qui se reconnaît comme telle et qui donc ne nous trompe pas. Le romancier annonce la couleur : c'est un roman et non un documentaire. Voir le tableau de Magritte représentant une image de pipe sous laquelle est écrit : "ceci n'est pas une pipe".La chouette de Minerve ne prend son envol qu'au crépuscule.(Principes de la philosophie du droit)Minerve est la déesse de la sagesse et son attribut est la chouette. C'est dire que le philosophe commence à réfléchir quand les autres hommes, ceux qui agissent, ont terminé leur tâche. Le philosophe réfléchit sur ce qui a déjà été accompli, après que cela ait été accompli.SchopenhauerL'homme est un animal métaphysique. (Le monde comme volonté et comme représentation)L'homme est un animal qui s'étonne (au sens aristotélicien du terme) c'est-à-dire pour qui rien ne va de soi. Cet étonnement est le début de la métaphysique. L'homme s'interroge même sur ce qu'il y a d'ordinaire. L'homme intelligent est celui pour qui rien ne va de soi, qui se demande pourquoi le monde existe, pourquoi il a telle nature etc.La vie oscille, comme une pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui. (Le monde comme volonté et comme représentation)Cette phrase résume ce qu'on appelle le "pessimisme" de Schopenhauer. La souffrance est notre condition. Tout (y compris nous) est agi par une volonté mais une volonté aveugle et sans but. Mais vouloir procède d'un manque et donc d'une douleur morale. Mais quand la volonté vient à manquer d'objet, alors nous sombrons dans l'ennui.ComteL'humanité se compose de plus de morts que de vivants.Les "morts" sont les grands hommes qui ont contribué au progrès de l'humanité. L'humanité, ce sont les "êtres passés, futurs et présents qui concourent librement à perfectionner l'ordre universel"Science, d'où prévoyance; prévoyance, d'où action. (Cours de philosophie positive)Il faut lier théorie et pratique. La connaissance permet à l'homme de prévoir et donc d'agir sur le monde. La science permet à l'homme, par sa connaissance de la nature, de développer des techniques pour satisfaire ses besoins. Il ne faut néanmoins pas en conclure que la science ne sert qu'au développement de l'industrie. Elle a aussi pour but de satisfaire le besoin de connaissance de notre intelligence.

Proudhon, La propriété, c'est le vol. (Qu'est-ce que la propriété ?)

Proudhon critique la propriété privée qu'il considère comme un vol et dont il préconise l'abolition mais non pour la transférer à l'État car cela ne changerait rien à sa nature de vol. Il faut déposséder la classe capitaliste au nom d'un système mutualiste et autogéré.

Kierkegaard, Il ne peut y avoir un système de l'existence. (Post-Scriptum aux miettes philosophiques)Tout système est un ensemble clos, un tout fermé. L'existence, au contraire, suppose séparation. Elle est jaillissement. Les deux termes sont donc contradictoires.

Marx, Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde : il s'agit maintenant de le transformer (Thèses sur Feuerbach)Contre Hegel qui pensait que la philosophie ne fait que réfléchir, après coup, sur ce que les autres hommes (politiques, artistes, scientifiques etc.) ont accompli, Marx pense au contraire que la philosophie doit nous donner des règles d'action, et surtout des règles d'action politiques. C'est aussi affirmer que la théorie et la pratique ne se dissocient pas.La religion est l'opium du peuple. (Critique de la philosophie hégélienne du droit)La religion nous donne l'illusion qu'existe un paradis après la mort et légitime la souffrance des hommes par la promesse du salut. En espérant le bonheur après la mort, on ne cherche plus le bonheur sur terre, on ne cherche plus à changer l'ordre social existant. La religion est donc comme une drogue qui nous donne l'illusion du bonheur. Il ne sert à rien, néanmoins, d'interdire autoritairement la religion car pour détruire l'illusion il faut détruire ses racines c'est-à-dire une situation sociale qui crée le besoin d'illusions. La religion ne disparaîtra que si une révolution en supprime le besoin.Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur être social, c'est leur être social qui détermine la conscience des hommes.Cette affirmation est au fondement du matérialisme marxiste. La conscience n'est pas première mais est déterminée par les conditions socio-économiques. Pour Marx, nos pensées, nos représentations en général, sont les reflets d'une situation socio-économique. Ils sont les produits de l'histoire.L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte des classes. (Manifeste du parti communiste)Une classe sociale est l'ensemble des individus situés dans le même rapport à l'appareil de production. Les classes sociales sont antagonistes c'est-à-dire que leurs intérêts sont inconciliables. Elles sont donc en lutte et c'est cette lutte qui, en dernière instance, est le moteur de l'histoire.De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins (Idéologie allemande)Ainsi s'énonce le principe de la justice communiste selon Marx. Le socialisme reconnaît le principe "à chacun selon ses mérites", mais, à mérite égal, les besoins peuvent être très différents (par exemple entre un célibataire et un père de famille nombreuse). La formule "à chacun selon ses besoins" apparaît donc plus juste. On remarque que pour Marx la justice ne se situe donc pas dans l'égalité. Signalons, de plus, que la mise en pratique de ce principe suppose, non une société d'échange, mais une société de redistribution des biens.L'homme connaît le monde en le transformant et le transforme en le connaissant.Marx souligne le caractère indissociable de la théorie et de la pratique qui sont dans un rapport dialectique, l'un permettant l'autre et réciproquement.L'humanité ne se pose jamais que les problèmes qu'elle peut résoudre.La science a des conditions historiques d'apparition. Lorsque surgit le problème, les conditions matérielles et intellectuelles de sa solution sont déjà présentes.

Nietzsche, Dieu est mort. Dieu est, par définition, immortel. Nietzsche annonce ici la fin de la religion chrétienne et des valeurs morales et religieuses qui lui sont liées.L'homme est quelque chose qui doit être surmonté. (Ainsi parlait Zarathoustra)Nietzsche rêve d'une culture supérieure d'homme, le surhomme, celui-ci n'ayant rien à voir avec quelque superman. Devenir un surhomme, c'est renoncer aux valeurs négatives au profit de valeurs positives et créatrices.L'oubli est une forme et la manifestation d'une santé robuste.Il n'y a ni remord ni repentir sans mémoire. La morale du pêché suppose qu'on n'oublie pas. Pour Nietzsche, le pêché est lié à la morale du ressentiment qu'il refuse. L'oubli nous ouvre à l'avenir et est possibilité de vie. Il faut oublier pour être soi. Ne rien oublier, c'est se laisser constituer par l'extérieur et se réduire à n'être que le reflet des autres

.Freud, Le moi (...) n'est seulement pas maître dans sa propre maison. (Introduction à la psychanalyse)Freud énonce en ces termes ce qu'il considère comme la troisième blessure infligée au narcissisme de l'humanité, blessure infligée par la psychanalyse. L'homme du Moyen-age se croyait au centre du monde ce que dément l'astronomie copernicienne. Il se croyait roi de la création ce que dément la théorie de l'évolution de Darwin, Il croyait en son libre arbitre, ce que dément la psychanalyse, affirmant l'influence de l'inconscient sur notre moi. Freud énonce à la fois le caractère scientifique et révolutionnaire de son travail et le décentrement de l'homme dont la conscience n'est plus maîtresse de soi.L'interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l'inconscient dans la vie psychique (Science des rêves)Pour Freud, le rêve n'est pas un déchet inutile de l'activité psychique mais un phénomène plein de sens quand on l'interprète avec une méthode scientifique appropriée. Il est une manifestation privilégiée de notre inconscient dont l'interprétation est capitale au cours de la cure psychanalytique.HusserlLa conscience est toujours conscience de quelque chose. (Méditations cartésiennes)Cette formule désigne ce qu'on appelle "l'intentionnalité de la conscience". Toute conscience est visée d'un objet et une conscience vide et sans contenu ne saurait exister.


Bergson, L'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication.

(L'évolution créatrice)Bergson justifie ici l'idée que l'homme est avant tout homo faber c'est-à-dire animal technicien. On remarquera que l'intelligence est ici définie comme une activité pratique et non pas (comme dans la philosophie classique) comme une activité contemplative. L'homme est capable de fabriquer "des outils à faire des outils" alors que l'animal même le plus évolué est tout au plus capable d'utiliser des instruments.L'art n'a d'autre objet que d'écarter (...) tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à la réalité même. (Le rire)L'art, loin d'imiter la nature, en est plutôt le dévoilement. Ordinairement nous ne voyons pas les choses elles-mêmes mais ce à quoi elles servent. L'utilité mais aussi les conventions du langage (liées à l'utilité pour Bergson) nous masquent le réel. Les artistes nous mettent face au réel car quand ils regardent une chose, ils la voient pour elle et non plus pour eux c'est-à-dire, justement sans tenir compte de son utilité.

Alain, Il faut avoir le courage de rompre les chaînes de consentement, qui sont les vraies chaînes.

Parce que tout pouvoir cherche à étendre son pouvoir et qu'un tyran peut être élu au suffrage universel, le peuple doit exercer un pouvoir de contrôle. La démocratie est l'effort perpétuel des gouvernés contre les abus du pouvoir.Tout peuple qui s'endort en liberté se réveillera en servitude (Politique)Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre, par la résistance il assure la liberté. (Propos d'un Normand)
BachelardUne expérience scientifique est (...) une expérience qui contredit l'expérience commune" (La formation de l'esprit scientifique)La science contredit toujours l'évidence sensible, se constitue contre elle. Il est, par exemple, évident que le soleil tourne autour de la terre (c'est ce que je vois) alors que la science nous montre que c'est le contraire qui est vrai.L'opinion a, en droit, toujours tort. (La formation de l'esprit scientifique)Si l'opinion peut énoncer "en fait" des vérités, il n'empêche qu'"en droit", il faut la rejeter. Elle a toujours tort car elle ne pense pas, affirme sans méthode et désigne les objets uniquement par leur utilité. L'opinion apparaît comme le premier obstacle que la science doit surmonter pour se constituer.WittgensteinCe dont on ne peut parler, il faut le taire. (Tractatus logico-philosophicus)Cette phrase clôt le Tractatus. Pour Wittgenstein, tout ce qui est en réalité le plus important ne peut être dit (c'est-à-dire énoncé d'une façon qui fasse sens). Wittgenstein souligne donc l'importance de l'indicible. Mais la philosophie essaie de dire ce que le langage ne peut dire et, en voulant montrer l'indicible, se condamne au silence. Pour plus d'information sur cette thèse complexe, consultez la notice consacrée à Wittgenstein.PopperUne théorie qui n'est réfutable par aucun évènement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique.(Conjectures et réfutations)Popper définit ici le critère qui permet de reconnaître les théories scientifiques par opposition à celles qui ne le sont pas. Une théorie qui n'est jamais réfutable quels que soient les résultats de l'expérience ne saurait être scientifique. Quand le scientifique fait une expérience, il prévoit un résultat. S'il n'obtient pas le résultat attendu il conclut au caractère erroné de sa théorie. Sa théorie est donc réfutable.

Sartre, L'existence précède l'essence. (L'existentialisme est un humanisme)L'homme existe d'abord et se définit ensuite (l'essence de l'homme n'est autre que la définition de l'homme). Cette formule qui se veut fondatrice de l'existentialisme sartrien est aussi l'affirmation de la liberté humaine. Si l'homme se définit, c'est qu'il choisit ce qu'il veut être sans être tributaire d'une nature (d'une essence) qui lui préexisterait.L'homme est condamné à être libre. (L'existentialisme est un humanisme)La liberté de l'homme est absolue et la seule chose que nous ne puissions pas faire c'est ne pas être libre. Il n'y a aucune échappatoire possible à la nécessité du choix car ne pas choisir c'est... choisir de ne pas choisir.Jamais nous n'avons été aussi libres que sous l'occupation allemande. (Situations, III)


Sartre ne prétend nullement que l'occupation allemande aurait été propice à la liberté politique. C'est de la liberté au sens métaphysique du terme qu'il s'agit ici. Être libre c'est être capable de dire non, de refuser une situation. L'occupation allemande est un de ces moments de notre histoire où notre attitude avait une pleine signification. Accepter c'était être complice, refuser, devenir résistant c'était risquer la torture et la mort. C'est donc une de ces situations limites où les choix ne peuvent qu'être authentiques. La liberté ne se mesure pas dans les situations sans risque mais dans celles où notre responsabilité et ses conséquences sont pleinement engagées.La mort n'est jamais ce qui donne son sens à la vie, c'est au contraire ce qui lui ôte toute signification (L'Être et le Néant)Pour l'athée qu'est Sartre, la mort n'a aucun sens. Mais, de la même façon que c'est le sens de la mort qui donne son sens à la vie, si la mort n'a pas de sens, la vie n'en a plus non plus. L'existence devient alors absurde. La mort abolit notre situation de sujet puisque nous n'existons plus (mais est-ce encore exister) que dans l'esprit des vivants qui, en se souvenant de nous, nous réduisent à l'état d'objet. Pour Sartre le sens n'est pas dans la mort mais dans la liberté et la mort est négation de mes possibilités et donc de ma liberté.Tout existant naît sans raison, se prolonge par faiblesse et meurt par rencontre (L'Être et le Néant)L'homme est une passion inutile (L'Être et le Néant)Être mort, c'est être en proie aux vivants (L'Être et le Néant)L'enfer, c'est les autres. (Huis-clos)Cette formule conclut la pièce Huis-clos où des personnages sont censés être en enfer. Mais l'enfer est sur terre dans les rapports nécessairement conflictuels que nous entretenons avec les autres. Autrui est aussi celui qui me révèle à moi-même y compris dans mes lâchetés et réduit en miette la mauvaise foi.

Merleau-PontyLa phénoménologie (...) c'est d'abord le désaveu de la science. (Phénoménologie de la perception)Quand la science cherche à expliquer et analyser, la phénoménologie cherche à décrire et revenir "aux choses mêmes". L'existence humaine ne se réduit pas aux causalités que peut dégager la science et est donc irréductible à toute explication scientifique.RawlsLa liberté ne peut être limitée qu'au nom de la liberté.La liberté est pour Rawls le premier des biens. Ce principe est prioritaire et ne saurait souffrir aucune exception. La liberté de quiconque ne saurait être sacrifiée en aucun cas et pour quelque raison que ce soit. En conséquence les seules limites qu'un État peut imposer à la liberté ne sauraient avoir d'autre finalité que la liberté elle-même

Cours de philosophies

philosophie du droit

La philosophie du droit est l'étude et l'analyse des concepts et principes fondamentaux du droit et des lois.On peut s'interroger sur la valeur du "du": s'agit-il d'un "de" génitif, ou bien objectif?

En d'autres termes, est-ce la philosophie qui prend pour objet le droit, ou bien le droit qui exprime sa philosophie, ou encore, son esprit? Il y a là, de fait, un enjeu qui n'est autre que celui, pour reprendre l'expression de Kant, du conflit des facultés. La philosophie du droit, historiquement, ne se confond pas avec l'herméneutique des textes de droit, encore moins avec la jurisprudence. C'est bien le philosophe, ou plutôt les philosophes, qui jugent le droit d'un point de vue qui se veut fondateur (ou refondateur) pour le droit lui-même. Ainsi la philosophie du droit n'est pas une branche du droit, mais bien de la philosophie. Certes, cela ne nous oblige pas pour autant à suivre en tout point les analyses de Kant, en particulier quand il estime, dans sa Doctrine du droit, que le droit n'est en soi, indépendamment de la philosophie, qu'une belle tête, mais sans cervelle. Tout juriste n'est pas positiviste. En tout cas, une herméneutique du droit doit supposer comme sa condition de possibilité que le droit, à côté de sa valeur technique, est dépositaire d'un esprit et même de valeurs.

La tradition anglo-saxonne est différente. Sous le terme de "legal philosophy"; elle relie étroitement philosophie du droit et jurisprudence. Selon ces auteurs, la jurisprudence se définit comme la théorie et la philosophie du droit. Les spécialistes de la jurisprudence, c'est-à-dire les "legal philosophers", désirent parvenir à une compréhension plus profonde de la nature du droit en étudiant le raisonnement juridique ainsi que le fonctionnement des institutions juridiques.En France, la tradition issue de Montesquieu peut être rapprochée de ce courant.La philosophie du droit analysera les questions fondamentales relatives au droit comme par exemple:Qu'est-ce que le droit?Quel est le rapport entre droit et justice?Comment naissent les normes de droit?Quel est le fondement de la validité (de leur caractère normatif) du droit?Quel est le rapport entre morale et droit?//Histoire de la philosophie du droitL'histoire de la philosophie du Droit peut être prise de plusieurs manières. La plus facile pour un débutant ou non connaisseur c'est de travailler sur les écoles philo-juridiques qui prétendent enseigner cette discipline. Justement on peut trouver deux catégories, le positivisme et le jusnaturalisme juridique.La première école essaye de créer sur ce quoi doit être fondé une véritable "Sciences de Droit" (fondement d'une théorie juridique et objective du droit). Elle se contente de dire, d'expliquer, d'exposer le droit tel qu'il est. Surtout pas donc de critiques au nom de la science de droit. En revanche, les critiques sur le droit et ce qu'il doit être émane de la position subjective des acteurs du droit et des politiques et non d'une question de vérité. C'est une question de pouvoir somme toute, qui est loin de ce que doit être la théorie du Droit. La version d'origine de cette école se présente dans les premières écritures de Hans KELSEN, fondateur de cette école. Au états-Unis on peut trouver les écrits de Oliver Wendell Holmes Junior qui est l'un des précurseurs de la philosophie du droit aux états-Unis d'Amérique.Le Jusnaturalisme juridique, que l'on trouve en France se présente comme une science qui enseigne ce que doit être le droit, ce qui doit être le juste. Je m'excuse de ne pas m'étaler plus je cite vraiment de mémoire de mes études il y a un certains temps maintenant. Et les informations que je viens de citer reste à vérifier pour plus de précisions. J'essayerai de contribuer d'avantages dans l'avenir, quand le temps me le permet.il faut noter par ailleirs que la philosophie du droit connait aujourd'hui un double eclatement .d'un coté entre les specialités et de l'autre entre les traditions notamment europeennes et angloamericaine.ce qui dans une tres large mesure justifie la controverse autour de son objet.Approche systématique du droitNature du droitC'est parce que des hommes sont en relation les uns avec les autres dans le monde sensible et que les actions des uns ont des conséquences pour les autres, leurs entreprises et leur liberté dans le monde, que la question du droit se pose, considérait Kant au début de sa Doctrine du droit. Le Droit n'est donc pas la morale, qui concerne les rapports du sujet avec lui-même, en toute liberté. Le Droit suppose une contrainte externe, une force supérieure à toute celle dont dispose une personne privée. L'Anglais Hobbes en conclut que seul le monopole de la force de l'État rend possible le droit, et impossible la guerre de chacun contre chacun, née de la rivalité, de l'envie, de la méfiance. Cela le conduit à faire du sacrifice de la liberté, au nom de la sécurité, la racine de la loi. La loi suppose une limitation du droit originaire, mais illusoire, de chacun sur toute chose, droit qui parce qu'il est commun à tous conduit à la violence. La Raison nous conseille donc de nous entendre avec tous les autres afin de donner ce droit absolu à une seule personne, le Souverain. On comprend qu'avec Locke, le libéralisme politique et juridique, né lui aussi en Angleterre, travaillera à sauver l'individu de l'arbitraire despotique de la loi, en montrant que l'individu possède des droits naturels inaliénables, même par contrat. Ces conceptions libérales sont à la racine de la notion moderne de droits subjectifs et de droits de l'homme.Ainsi la problématique moderne du droit se noue dans la tension entre la valeur accordée à la liberté de la personne et les exigences issues du fonctionnement du groupe social.Notons d'abord que si le droit doit être fort, il n'est pas la violence. Le droit ne se confond pas avec les nécessités qui régissent de fait les relations inter-humaines, par exemple les rapports économiques. Il ressortit du Devoir-être, non de l'Etre. En d'autres termes, il est normatif c'est-à-dire organisé par des règles. Ces règles ne se confondent pas avec l'arbitraire d'une des parties (ni du juge lui-même, qui n'est pas un simple arbitre). Hegel montre que le droit n'est pas la vengeance. Dans la vendetta, le vengeur entend laver l'offense infinie qu'il vient de subir, selon lui, et qui concerne sa personne considérée comme un tout. Au contraire, le droit part des dommages particuliers subis, et en estime la gravité, ce qui suppose une échelle de valeur, mise au point par la société, ou du moins un législateur éclairé. Le droit vise à un idéal de justesse.Il n'y a pourtant de droit que s'il y a reconnaissance de la dignité humaine, refus d'assimiler l'individu, ou ses actions, à de simples instruments du groupe social, dépourvus en soi de valeur et d'intentionnalité. Seul un être pourvu de personnalité, capable de décisions libres, peut être considéré comme responsable, sujet de droits, mais aussi de devoirs. Pour cette raison, la question juridique ne peut être séparée de la question politique. Le citoyen n'est pas seulement un rouage économique et social, ce qui en ferait un esclave, il est un membre de la Cité. Maintenant, sans la perspective morale de la Cité universelle, c'est-à-dire de l'Humanité, le droit serait barbarie, négation de l'Humanité des étrangers. Les Romains ont pu ainsi codifier avec beaucoup de précision l'esclavage. Aussi Eirick Prairat distingue-t-il État légal et État de droit proprement dit. Le droit ne se confond pas pour autant avec quelque morale altruiste, il n'a pas pour objectif de contraindre chacun à aimer l'autre, ou à lui sacrifier son intérêt. Il oppose à la force, non le devoir, mais une force plus grande; au plaisir, la menace d'une sanction, c'est-à-dire d'un déplaisir plus grand. Le droit entend régler les conflits entre les individus par l'intervention d'une instance qui leur est supérieure, et qui est distincte d'eux. Contrairement à la responsabilité éducative (voir philosophie de l'éducation), qui est pour autrui, le droit me défend contre autrui, ou du moins rend possible la réparation, réelle ou symbolique.A l'intérieur d'une nation, un individu n'a vraiment de droits que s'il est reconnu comme fin en soi, et non comme un simple rouage de la machine économique et sociale. Le profit de la majorité ne justifie jamais la souffrance ou l'humiliation de la minorité, montre le philosophe américain John Rawls, qui entend prendre quelque distance avec la conception utilitariste du droit (Bentham). Les utilitaristes justifient la sanction par la maximalisation de l'intérêt collectif. Selon eux, la justice se confond dans chaque situation avec l'intérêt du groupe pris dans son ensemble, le droit, produit d'une réflexion savante, pourra se substituer avec profit dans l'ensemble des relations humaines à la morale spontanée. Mais c'est selon Rawls prendre le risque de justifier la plus grande des injustices, par exemple la torture, dès lors que la société dans son ensemble en tire un grand profit, ou un grand plaisir. Bref, les utilitaristes auraient sous-estimé l'existence irréductible des individus, leur particularisation indépassable, en les noyant dans la "société" (holisme, d'un mot grec qui veut dire "tout").Aristote, critiquant la République de Platon et l'idée que la Cité doit être aussi une que possible, rétorquait déjà que " le processus d’unification se poursuivant avec trop de rigueur, il n’y aura plus de Cité : car la Cité est par nature pluralité. " (Politique, II, 2, 1261a 15-18)Rawls, afin de résoudre cette tension entre le respect dû à l'individu et l'intérêt du groupe, travaille à ramener la théorie du contrat social à son expression la plus abstraite (théorie du voile d'ignorance): on ne saurait accepter de rentrer dans une société que si nos droits élémentaires nous sont garantis, et si par ailleurs nous en tirons un profit quelconque. Cela n'entraîne pas une égalité de fait, une égalité arithmétique disait Aristote. Simplement, nous avons davantage intérêt à faire partie de la société que d'en être exclu. Les droits fondamentaux, distincts du jeu économique, en sont la garantie.Idéalisation juridique et "nature des choses"Normatif, de l'ordre du devoir-être et non de l'être, le droit suppose encore une idéalisation de la réalité, et même l'instauration d'un point de vue sur la réalité distinct de celui des parties prenantes, supposées partiales. Dire le droit, c'est, en quelque sorte, dire la réalité, la passer au prisme du langage, ou d'un langage spécifique, la langue juridique. Aussi le langage juridique, tout spécialement les formules qui ont un effet "performatif" (en les disant, je fais, ou je m'engage) ont intéressé la philosophie du langage, anglo-saxonne en particulier (John Langshaw Austin). Malgré le caractère hautement conventionnel du langage juridique, il existe une tradition, héritée de Thomas d'Aquin, qui consiste à lier le droit à la nature des choses et des relations concernées. Par exemple un pain est avant tout de la nourriture, aussi la détresse de l'affamé passe avant le droit de propriété sur cette chose.En ramenant chaque relation concrète, légale ou criminelle, à une dimension essentielle, qui en constitue la "nature", le droit rejette le résidu dans la contingence.Comme le souligne Alain, acheter une vieille gravure avec son cadre, ce n'est pas acheter les billets cachés à l'intérieur, car le vendeur, s'il avait été au courant, n'aurait certainement pas voulu perdre ce trésor. Il faut donc substituer aux acteurs réels des agents idéaux. On le voit avec cet exemple, le droit ne se mettra pas au service de ces deux intérêts privés, en partie au moins contradictoires, mais bien de la liberté et de l'égalité des contractants, inséparables du caractère transparent du marché.Peu importent les procédés techniques qui permettent de reproduire une œuvre, ils ne sauraient remettre en cause la propriété intellectuelle de l'artiste ; du moins de droit sinon de fait...Ainsi, le droit ne peut pas être réduit à une convention arbitraire. Il s'agit bien plutôt de révéler, sinon la nature éternelle, du moins la raison d'être, la signification, d'une relation réelle, au risque de demeurer tributaire des représentations existantes à une époque donnée, de se perdre aussi dans l'infinité et la complexité de la réalité sociale.Le droit positif est l'ensemble des textes qui déterminent à un moment donné et en un lieu donné le légal et l'illégal, ainsi que les sanctions. Il ne s'agit pas d'un fatras, mais d'un système, qui exprime l'esprit des lois dans un régime politique donné (Montesquieu). Ainsi quand Montesquieu théorise la séparation des pouvoirs, ce n'est pas pour faire du droit un système sans signification politique. L'autonomie du droit est l'autonomie d'un pouvoir, dont la signification est donc bien politique.Il doit évidemment tenir compte de la multiplicité des circonstances et des intérêts concernés. Il faut restituer un dépôt, mais pas s'il s'agit d'une arme que le déposant entend utiliser pour tuer, considérait saint Thomas. S'il n'introduit aucun ordre dans cette infinité de cas, le droit positif permettra peut-être de prendre des décisions en cas de litige, mais pas d'étayer cette décision en rattachant les circonstances à une hiérarchie acceptable des valeurs et des intérêts, c'est-à-dire à un idéal de Justice qui constitue l'esprit des lois.Le risque existe alors que la loi se contente d'établir un moyen terme entre des intérêts divergents, sans s'interroger sur leur légitimité. Cette tentation est grande à une époque où règne le relativisme culturel et moral. Inversement, la judiciarisation de nos sociétés exprime sans doute le déclin des autres formes de médiation, et de l'autorité.Le droit ne peut certes pas se confondre avec quelque système a priori, comparable à un édifice mathématique, ce que croyaient pourtant les Utopistes, qui essayaient de construire une société idéale à la manière dont on construit une sphère à partir de sa définition. Dans le troisième des voyages de Gulliver, Swift se moquera de cette lubie. Il faut au contraire tenir compte de la signification des circonstances particulières, que l'on peut parfois difficilement ramener à une définition générale. Pourtant, le droit surplombe l'infinité des relations entre les hommes, fait régner sur un territoire donné un ensemble d'exigences que nul n'est censé ignorer.Droits formels ou justice sociale ?Il ne peut y avoir droit que si l'on décide quelles raisons sont recevables et lesquelles ne le sont pas, ou moins.La passion ne rend pas légitime le crime. Cependant, on peut parfois reprocher au droit, nécessairement formel, sa généralité excessive, surtout si ce formalisme va paradoxalement dans le sens de la sanctification de la réalité sociale existante, concrète, si souvent pourtant évidemment injuste. Ce n'est pas en effet la même chose de proclamer que chacun naît libre en droit et de feindre de croire que chacun est libre de fait, ne tenant pas compte des circonstances qui entravent l'usage de la liberté.Dans le premier cas, les Révolutionnaires de 1789 dévoilaient l'illégitimité de l'esclavage. Dans le second, on fait peser sur certains la responsabilité de décisions qui ne sont pas les leurs. Le droit renferme donc une casuistique, au risque d'une complexité elle-même source d'iniquités. Aristote rattachait au concept d'équité cette nécessité de compléter la loi par l'étude de la spécificité des cas. Sinon, l'application stricte du droit confine à l'injutice (summum jus summa injuria). Il faut rattacher cette conception à la pensée de Platon, qui ne voyait dans la loi écrite qu'un substitut imparfait de la décision du législateur. En tout cas la réflexion sur le droit ne peut faire l'économie d'une réflexion sur l'écriture (voir Derrida). Qu'il s'agisse de législation ou de simple jurisprudence, le droit a un versant dynamique, et donc politique : une société doit se rapprocher des valeurs invoquées dans son droit, sous peine d'être taxée d'hypocrisie. Quel sens a la liberté politique sans l'accès de fait aux moyens de propager ses idées, sans l'autonomie et la culture nécessaires pour penser véritablement ? C'est ainsi que Condorcet justifiait le droit à l'instruction publique. Le "droit à" (droit-créance) n'est pas un simple "droit de" (droit formel). Dans le premier cas, l'Etat assure la jouissance réelle d'un droit, quand, dans le second cas, il ne fait que protéger cette jouissance.Enfin, à côté des droits formels traditionnels et de ces droits-créances, se développe l'exigence de la reconnaissance par l'État des "différences", ce qui donne parfois naissance à des droits culturels spécifiques, et à une remise en cause du caractère universel de la loi (Marcel Gauchet). Le haut moyen-âge avait d'ailleurs connu une situation comparable, où un droit différent s'appliquait aux différentes personnes, selon leur appartenance ethnique.On peut certes distinguer des droits plus essentiels et plus urgents que d'autres, refuser aussi de substituer l'État-providence au principe de responsabilité individuelle. Mais, demandait Raymond Aron en 1972, pourquoi "l'État n'aurait-il pas la même obligation d'assurer à tous le niveau de vie compatible avec la richesse (ou la pauvreté) de la nation que de garantir la liberté d'expression ou l'administration équitable de la justice?" Ce n'est pas forcément adhérer à une vision humanitaire du citoyen. Il faut favoriser son développement humain, et d'abord sa citoyenneté et sa clairvoyance. On oppose ainsi parfois à la vision humanitariste du droit une vision qui se veut humaniste. Qu'est-ce qu'un droit humain, universel et condition de l'humanité, s'il est réservé à ceux qui ont le privilège de l'exercer?BibliographiePhilosophie de la logiqueLa philosophie de la logique est la discipline qui s'intéresse à l’ensemble des problèmes théoriques concernant les concepts de la logique, essentiellement la définition de la logique. Mais la compréhension des concepts d’inférence et de vérité sont deux autres problèmes fondamentaux de cette discipline.La question principale reste le statut même de la logique: la vérité logique est elle absolue ou dépend-elle de la structure du cerveau humain?BibliographieW.V.O. Quine, Philosophie de la logique, trad. fr. par J. Largeault., Paris, Aubier-Montaigne, 1976Pascal Engel, La norme du vrai, philosophie de la logique, Paris, Gallimard, 1989Edgar Morin, La méthode, Tome 4, Les Idées, Le Seuil, Nouvelle édition, coll. Points, 1996Serge Durno, Philosophie de la logique, Editions Le Manuscrit, 2006Philosophie du langageLa philosophie du langage est une partie de la philosophie qui étudie le langage. Cette étude porte sur la signification ou le sens en général, sur l'usage du langage, son apprentissage et ses processus de création, sur sa compréhension, ainsi que sur la communication, l'interprétation et la traduction.Ces problèmes se sont particulièrement développés au xxe siècle dans la philosophie d'expression anglaise (voir Philosophie analytique) en réaction à l'idéalisme de Hegel et à la philosophie de Nietzsche.La philosophie du langage se pose des questions du type suivant :Quelle est l'origine du langage ?Quelle est la relation entre le langage et la réalité ?Quelle est la relation entre le langage et la pensée ?Quelle est la relation entre le langage et la connaissance ?Quelle est la relation entre le langage et d'autres modes d'expression ?Qu’est-ce que la communication ?Que faire de la multiplicité des langues ?Philosophie de l'actionLa philosophie de l’action est une branche de la philosophie qui a pour objet les problèmes relatifs à l'action humaine, à sa nature, ses motivations et à l'intentionnalité. Elle est sans doute une des branches les plus importantes dans le débat philosophique contemporain même si ce sont avant tout des philosophes anglo-saxons qui nourrissent les discussions. Certaines des questions les plus débattues concernent entre autres :la nature de l’action (est-ce nécessairement un mouvement corporel ? est-ce que l’intentionnalité caractérise l’action ?),le problème de l’individuation des actes (est-ce que déplacer sa reine et mettre son adversaire en échec et mat sont une seule et même action ?),le problème de l’explication de l’action : est-ce que l’intentionnalité peut suffire à expliquer l’action humaine ou bien faut-il aussi tenir compte de phénomènes causaux ?Le père de la philosophie de l’action est incontestablement Aristote qui en posa les fondements dans l’Éthique à Nicomaque. Les représentants les plus importants de la philosophie de l’action sont de nos jours : Anscombe, Donald Davidson ou Paul Ricœur.//Le problème de l’explication de l’action humaineOn dit que la philosophie de l’action est née suite à une question fameuse de Wittgenstein: que reste-t-il du fait que je lève le bras si on soustrait le fait que mon bras se lève ? La philosophie de l’action demande: quelle est la nature de l’action humaine ? Qu’est-ce qu’une action intentionnelle ? Qu’est-ce qu’expliquer une action ? De quelle nature est la relation entre une raison d’agir et une action ? Les raisons d’agir sont-elles les causes de l’action ?On peut diviser les théoriciens de l’action en deux grands groupes: les causalistes - qui prétendent que les raisons d’agir sont les causes de l’action - et les non-causalistes - qui soutiennent l’inverse. Jusque dans les années 1960, les non-causalistes étaient largement majoritaires (Wittgenstein, Anscombe). La thèse causaliste semblait en effet se heurter à deux arguments apparemment insurmontables : l’argument de la connexion logique et l'argument des lois de couverture, mais auxquels Donald Davidson a su apporter une réponse décisive.Les philosophes de l’action les plus importants sont Wittgenstein, Anscombe, Mele, Donald Davidson, Harry Frankfurt, Churchland.Rapport de la philosophie de l’action avec les autres branches de la philosophieL’éthique est la discipline philosophique dont les liens avec la philosophie de l’action sont incontestables. Aristote s’est notamment intéressé au phénomène de l’action en général dans un souci d’expliquer l’action morale.L'épistémologie (comme étude de la connaissance) et la philosophie du langage font également référence à une philosophie de l’action car il n'y a pas de connaissance sans langage et pas de langage en dehors d'une action.BibliographieGertrude Elizabeth Margaret Anscombe, L'intention, Paris, Gallimard, 2002Donald Davidson, Action et événement, trad. Pascal Engel, Paris, PUF, 1993.Vincent Descombes, « L’Action », in Notions de philosophie, sous la direction de , Mardaga, 1991.Liens externesPhilosophie de l'espace et du tempsLa philosophie de l'espace et du temps est une branche de la philosophie qui traite des problèmes liés aux caractères épistémologiques et ontologiques de l'espace et du temps. Bien que ce type de philosophie fut central à la philosophie dès ses débuts, la philosophie de l'espace et du temps, est une inspirtation pour, et centrale dans la philosophie analytique, focalise le sujet sur certains problèmes de base.//Réalisme et anti-réalismeUne position traditionnelle réaliste en ontologie est que le temps et l'espace ont une existence propre indépendamment de l'esprit humain. Les idéalistes nient ou doutent de l'existence des objets indépendamment de l'esprit. Certains anti-réalistes dont la position ontologique est que les objets existent en dehors de l'esprit, n'acceptent cependant pas l'existence du temps et de l'espace.Kant, dans la Critique de la Raison Pure, décrivait le temps comme une notion apriori qui, prise en même temps que d'autres notions a priori telle que l'espace, nous permet de comprendre nos expériences sensorielles. Pour Kant, ni l'espace ni le temps ne sont appréhendés comme substances, mais c'est plutôt deux attributs du cadre systématique que nous utilisons pour structurer nos expériences. Les mesures spatiales sont utilisés pour quantifier l'éloignement des objets, et les mesures temporelles sont utilisés pour comparer quantitativement les intervalles entres des événements ou la durée d'un événement.Des écrivains idéalistes, tels que J. M. E. McTaggart dans the unreality of the time ont argumenté que le temps est une illusion (voir aussi L'écoulement du temps ci-dessous).Les écrivains discutés ici, sont de ce point de vue, pour la plus part réalistes; par exemple, Gottfried Leibniz pensait que ses monades existaient, au moins indépendamment de la conscience de l'observateur.Absolutisme contre relationalismeLeibniz et NewtonLe débat concernant le fait de savoir si l'espace et le temps sont de réels objets eux-mêmes, c.a.d, absolus, ou les simples ordres des objets, c.a.d, relationnels, commença avec un débat entre Newton et Leibniz dans les fameuses correspondance Leibniz-Clarke.Argumentant contre la position absolutiste, Leibniz offre plusieurs expériences de pensée visant à montrer que l'affirmation de l'existence de faits comme la localisation absolue, ou la vitesse absolue mènerait à des contradictions. Ces arguments s'appuient fortement sur deux principes fondamentaux de la philosophie de Leibniz : le principe de raison suffisante et l'identité des indiscernables.Le principe de raison suffisante pose que pour chaque fait, il y a une raison suffisante pour expliquer pourquoi c'est ce fait qui se produit et pas un autre. Le principe d'identité affirme qu'il n'y a aucune manière de séparer deux entités dès lors qu'elles sont une seule et même chose.Par exemple, Leibniz nous demande d'imaginer deux univers situés dans l'espace absolu. La seule différence entre eux est que le second est placé cinq pieds sur la gauche du premier, une éventualité si quelque chose comme l'espace absolu existe. Une telle situation, cependant, n'est pas possible selon Leibniz, car si elles l'étaient :a) un univers qui serait positionné dans l'espace absolu n'aurait pas de raison suffisante, car il aurait très bien pu se trouver autre part, contredisant ainsi le principe de raison suffisante, etb) il pourrait exister deux univers distincts qui seraient totalement indiscernables, contredisant ainsi l'identité des indiscernables.Voir aussiPhilosophie de la religionLa philosophie de la religion est l'étude rationnelle du sens et des justifications des propositions fondamentales des religions, étude qui porte particulièrement sur la nature et //Partie de la métaphysiqueLa philosophie de la religion est classiquement considérée comme une partie de la métaphysique. Ainsi, pour Aristote, la cause première, sujet de son enquête, est le dieu en tant que premier moteur immobile. La philosophie de la religion était appelée théologie naturelle par les philosophes rationalistes des XVIIe et XVIIIe siècles ; « philosophie de la religion » fut adopté au XXe.Questions fondamentalesOn peut distinguer deux questions fondamentales :Qu'est-ce que « Dieu » ou qu'est-ce que le « divin » ? Que signifient ces mots ?Avons-nous de bonnes raisons de penser que Dieu existe ou n'existe pas ?La question : « Qu'est-ce que “ Dieu ” signifie ? »Il existe une réponse plus ou moins communément admise. Dieu est la créature suprême qui a donné l'origine à ce monde, qui commande les forces maitrisant l'équilibre de cet univers.On pourrait aussi dire que Dieu est espoir, Dieu est souvent utilisé pour répondre aux questions métaphysiques.Dieu est espoir car il permet à la population de mieux accepter la vie comme étant un cadeau ou un don. Ceci rendant les gens plus heureux, mais surtout plus docile et plus serviable à la ou aux "societé(s)", selon Marx. C'est l'aliénation par la religion.Il y a cependant pluralité des opinions philosophiques à propos de la religion. Durkheim, par exemple, ne voit dans la religion qu'un lien social qui permet d'unir les hommes. Sans celui-ci,elle n'existe pas. Avec Durkheim, on pose cependant le problème de la foi. En effet, celui ci n'admet aucune croyance dans sa conception de la religion.Au contraire, Feuerbach y voit seulement un certain stade de développement d'une société, à l'apogée de laquelle se trouverait la toute puissance de la philosophie et de la connaissance, contrairement à la croyance. La religion comme développement infantile d'une société se retrouve également dans la conception de Freud, qui dit que la figure de Dieu n'est qu'une transposition de la figure du père chez l'enfant.On observe ainsi que Dieu est sujet à diverses interprétation de la part des philosophes.Dieu est-il connaissable ?La philosophie classique, depuis les présocratiques jusqu’aux disciples de Leibniz, s’est souvent définie comme la science de Dieu, ou la science de l’absolu, donc comme théologie. On l’appelait aussi métaphysique, ou philosophie première. Elle était nommée ainsi parce qu’elle était considérée comme la racine, la source ou le socle de toutes les sciences.Au XXIe siècle, il est difficile de comprendre cette prééminence de la métaphysique aux yeux de nombreux grands philosophes classiques, Platon, Aristote, les stoïciens, Descartes, Spinoza, Leibniz, Berkeley, Hegel. Un grand nombre d’entre nous réagissent de la façon suivante: Comment pouvait-on croire que l’on puisse faire la science d’un être qui n’existe peut-être pas ? On connaît bien ce qu’on voit, on ne connaît pas Dieu simplement parce qu’on ne le voit pas. Ce principe, qui nous vient de Saint Thomas, n’était pas jugé convaincant par les défenseurs de la métaphysique. Leur point de vue était même exactement inverse. Les phénomènes, la matière en mouvement, tout ce qu’on voit, étaient considérés comme des objets par nature peu connaissables, tout simplement parce qu’on les connaissait très mal, ou en tout cas pas aussi bien qu’aujourd’hui. En revanche, Dieu, les Idées, les principes, étaient considérés comme des objets privilégiés de science (être un objet de science et être un objet, cela n’a pas le même sens), comme s’ils étaient précisément les objets que notre raison nous destine à connaître. Aussi la métaphysique était considérée comme une science beaucoup plus certaine, beaucoup moins sujette au doute, que les sciences d'observation.La suite de cet article ne peut pas présenter l’ensemble de la métaphysique classique telle qu’elle s’est développée pendant deux millénaires. Elle s’efforce seulement de donner un bref éclairage sur le sens de cette science. Nous ne la comprenons plus parce que nous ne savons pas plus le sens que les vérités métaphysiques avaient pour ceux qui les défendaient.Dieu et l’UniversDieu est absent, qu’on ne le voit jamais, il réagit d’une façon semblable à la suivante. Mais comme ils sont aveugles. Pourquoi n’ouvrent-ils pas les yeux ? La simple existence de la lumière manifeste clairement la présence de Dieu. Là où un athée ne voit qu’un désordre de particules en mouvement, le croyant voit le doigt de Dieu.Comme il est peu satisfaisant de ne pas connaître la cause de quelque chose il est tentant de chercher une cause à l'existence de l'univers et en venir à la conclusion que cette cause ne peut-être que Dieu. Mais ça ne fait que repousser le problème, toutes les questions que l'on se posait sur l'univers se pose alors sur Dieu...Dieu et la scienceLe propre des théories scientifiques est d'être prédictives et réfutables. Comme on ne peut pas prévoir le comportement de Dieu ni prouver son inexistence, Dieu et des doctrines comme le créationnisme ne sont pas du domaine de la science.Victor Hugo rapporte une anecdote qu'il attribue à Arago.Laplace publie en 1796 "L'exposition du système du monde", ouvrage dans lequel il explique la naissance du système solaire. Napoléon à Laplace:- Votre travail est excellent mais il n'y a pas de trace de Dieu dans votre ouvrage.- Sire, je n'ai pas eu besoin de cette hypothèse.Dieu et l’humainToutes les vérités théologiques ont un sens psychologique. Deux exemples pour illustrer cela.Selon Comte, il existe une religion de l'Humanité où Dieu est dépassé : c'est le positivisme. Selon d'autres, Dieu ne se préoccuperait pas des humains (si seulement il existe)HistoireEsthétiqueUne représentation des proportions idéales du corps féminin au XXe siècle.Illustration extraite de Maintien du corps féminin, 1907Dans le langage courant, l'adjectif esthétique est synonyme de beauté, de goût ou d'agréable. Comme nom, esthétique est une notion désignant l'ensemble des caractéristiques qui déterminent l'aspect visuel d'une chose.L'esthétique est également une branche de la philosophie, qui a pour objet les perceptions (sensorielles) ou l'essence et la perception du beau. Elle correspond au domaine désigné jusqu'au XIXe siècle par théorie du beau ou critique du goût. Elle étudie notamment le jugement et les émotions esthétiques, ainsi que toutes les formes de l'art.//Définition de l'esthétique Étymologie [Première page de Æsthetica, 1750Le terme esthétique vient du grec αισθητική (aisthetike) « sensation », de αίσθησιν (aisthesin) « sens ».Mais c'est le philosophe allemand Alexander Gottlieb Baumgarten qui inventa au XVIIIe siècle le néologisme « esthétique » (allemand : Ästhetica) et lui donna son acceptation moderne. Il délimita une discipline philosophique nouvelle et indépendante, en se basant initialement sur la distinction platonicienne et aristotélicienne entre les choses sensibles (aisthêta) et intelligibles (noêta).Dans l'ouvrage Méditations philosophiques(1735), il définit l'esthétique comme « la science du mode de connaissance et d'exposition sensible », puis dans Æsthetica (1750) : « L'esthétique (ou théorie des arts libéraux, gnoséologie inférieure, art de la beauté du penser, art de l'analogon de la raison) est la science de la connaissance sensible ».Sémantique du termeHistoriquement, le terme esthétique prend une signification différente selon les langues, n'ayant pas été adopté aux même périodes, et suite à l'influence des mêmes œuvres philosophiques (celles de Kant et Hegel notamment). De plus, ce domaine d'étude est également désigné par des termes synonymes ou proches.Dans la langue anglaise, le champ de l'esthétique était traditionnellement catégorisé dans la Critic, à la suite de Elements of Criticism (1762) du philosophe Henry Home, et se définissait généralement comme « critique d'art » (critic of art). Depuis les années 1950, l'influence dominante de la philosophie analytique dans le monde anglo-saxon tend à restreindre la portée de aesthetics à une philosophie de l'art (Voir esthétique analytique).Dans la langue française, ce champ d'étude était généralement désigné avant le XIXe siècle, comme « théorie des arts » ou « critique du goût ». Au XIXe siècle le mot esthétique est adopté dans la langue française. bien que subsistent encore d'autres termes tels que philosophie du beau, théorie du goût, théorie des Beaux-Arts,etc. En France, la première chaire d'esthétique est créée en 1921 à l'université de la Sorbonne, pour Victor Basch.Objet de l'esthétiqueLes cinq sens (série), 1872–79, Hans Makart.Dans sa définition la plus large, l'esthétique a pour objet les perceptions (sensorielles), l'essence et la perception du beau, le jugement et les émotions, ainsi que toutes les formes de l'art.Deux aspects fondamentaux peuvent être particulièrement remarqués :L'esthétique est une théorie qui se veut science normative, à côté de la logique (concept du Vrai) et de la morale (concept du Bien). Elle est donc une théorie d'un certain type de jugements de valeur qui énonce les normes générales du beau.L'esthétique est aussi une métaphysique du Beau, qui s'efforce de dévoiler la source originelle de toute beauté sensible : reflet de l'intelligible dans la matière (Platon), manifestation de l'idée (Hegel), beau naturel et beau arbitraire (humain), etc.Mais ce caractère métaphysique et souvent dogmatique de l'esthétique peut être remplacé par une philosophie de l'art, où il s'agit de tirer les règles de l'art de l'action créatrice même, au lieu d'imposer des constructions a priori de ce qu'est le beau. Dans ce cas, la philosophie de l'art est une réflexion sur les procédés techniques élaborés par l'homme, et sur les conditions sociales qui font tenir pour artistique un certain type d'action (poïétique).Les théories du beauArticle détaillé : Beau.Le beau (ou la beauté) est communément défini comme la caractéristique d'une chose qui au travers d'une expérience sensorielle (perception) procure une sensation de plaisir ou un sentiment de satisfaction ; en ce sens, la beauté provient par exemple de manifestations telles que la forme, l'aspect visuel, le mouvement, le son, la saveur, l'odeurLa philosophie de l'artArticle détaillé : Art.Histoire de l'esthétiqueL'esthétique, comprise comme étude philosophique des perceptions, émotions, du beau et de l'art, recouvre un domaine de recherche aussi ancien que la philosophie elle-même.Esthétique antiquePlatonDans la grèce antique, l'esthétique était en relation étroite avec le développement de l'art, dans une approche dont l'influence se répercuta jusqu'à notre époque actuelle. Celle-ci s'organisait autour des représentations artistiques, du rôle des divinités de la mythologie, de la connaissance de la nature, et en partie des mathématiques. Les découvertes de la philosophie furent traitées en partie dans l'art (par exemple, l'enseignement des portion dans la construction), et impliquèrent une approche très théorique de la connaissance esthétique.Esthétique présocratiqueLa période phare de l'esthétique s'étend principalement au Ve et IVe siècle avant JC, à l'époque de la démocratie des cités grecques, bien que des notions et désignations esthétiques furent énoncées dans des temps plus anciens.Homère (vers la fin du VIIIe siècle) parle notamment de « beauté », « harmonie », etc., toutefois sans les fixer théoriquement. Par travail artistique, il comprenait la production d'un travail manuel, à travers laquelle une divinité agissait. Héraclite d'Éphèse explique le Beau comme qualité matérielle du vrai. L'art serait alors la manifestation d'un accord opposé par une imitation de la nature. Démocrite voit la nature du Beau dans l'ordre sensible de la symétrie et de l'harmonie des parties, envers un tout. Dans les représentations cosmologiques et esthétiques des pythagoriciens, les principes numéraires et proportionnels jouent un grand rôle pour l'Harmonie et le Beau.Esthétique hellénisteAristotePour Socrate, le beau et le bien sont mêlés. L'art représentatif consiste principalement à représenter une personne belle de corps et d'esprit. Platon omet la sensibilité des hommes : la beauté a un caractère sur-naturel et s'adresse comme une idée à la pensée, à l'entendement des hommes. Les choses ne sont que des reflets des idées, et l'art copie seulement ces reflets. Et il évalue particulièrement négativement l'art, en tant que copie non fidèle, puisque réalisée de manière imparfaite par l'homme. Il différencie néanmoins deux techniques d'imitation : la « copie » (eikastikè) telle la peinture ou la poésie, et « l'illusion » (phantastikè) telles les œuvres architecturales monumentales. Si Platon est favorable au beau, il demeure hostile à l'art et particulièrement à la poésie et la peinture. Son œuvre demeure néanmoins comme la première codification idéologique et politique de l'art.L'esthétique grecque atteint son apogée avec Aristote (384-322 av. JC). Dans La poétique, celui-ci critique l'esthétique de Platon en développant ses propres positions esthétiques d'après les distinctions entre les formes d'art grecque : drame, musique, sculpture, peinture... Pour Aristote, les arts se différencient par les objets qu'ils imitent et par les moyens artistiques utilisées pour réaliser cette imitation. L'art imite la nature ou bien achève des choses que la nature est incapable de réaliser. La pensée d'Aristote devient ainsi une base pour les « théories de l'art » ultérieures (au sens moderne), par sa dialectique de la connaissance et par son évaluation du rôle la nature et de l'apparence dans la beauté artistique. Il met en place les concepts de l'imitation (mimèsis), de l'émotion, du plaisir du spectateur (katharsis), les figures de style ou encore le rôle de l'œuvre d'art. Ces théories seront reprises pour l'esthétique classique par Boileau (XVIIe siècle).Esthétique néoplatoniciennePlotinDans l'Antiquité tardive, la pensée esthétique est particulièrement systématisée autour des concepts néoplatoniciens de Plotin (204-270). Dans les Énnéades, celui-ci reprend et dépasse les distinctions de Platon. L'essence du Beau réside dans l'intelligible et plus précisément dans l'idée. Ensuite la beauté s'identifie à « l'Unité », dont dépendent tous les êtres. Le beau est ainsi de nature spirituelle (relié à l'âme) et sa contemplation est un guide pour approcher l'Intelligible. De même la beauté réside dans la forme de l'œuvre, et non dans sa matière. Ainsi pour Plotin, l'art véritable ne copie pas simplement la nature, mais cherche plutôt à s'élever (à corriger la nature, en étant créatif). Plotin fonde ainsi l'esthétique d'œuvres symbolistes et peu réalistes, dont les exemples sont les icônes byzantines ou les peintures et sculptures de l'art roman.L'esthétique romaine reprend les concepts de l'Antiquité, comme les réflexions sur la relation entre nature et beauté, par exemple dans l'Art poétique de Horace, ou bien les théories de Sénèque sur le beau.Esthétique médiévaleL’esthétique du Moyen-Âge reprend les principes du néoplatonisme en les rattachant au modèle théologique du christianisme. On considère alors, que dans la création artistique se distille une dignité créatrice, comparable à la création divine. L’art est un moyen de transcendance vers l’intelligible. Au symbolisme de Plotin est ajouté l’allégorisme, qui n’est plus considéré comme simple figure de stye (rhétorique) mais comme un moyen privilégié de correspondance avec les idées.Un travail important se développe sur les notions de proportion, et la lumière, dans l'art.Philosophes : Pseudo-Denys l'Aréopagite, Augustin d'Hippone, Boèce, Thomas d’AquinArticles connexes : Philosophie médiévale et Art médiéval .RenaissanceDavid de Michel-Ange.Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !Laïcisation de l’art.Naturalisme.Retour à la représentation du visible. Sensualisme.Leon Battista Alberti, De pictura (1435) : notion de perspective, beauté picturale dans la juste composition par le trait (circonscriptio), art du dessin, clair-obscur...Marsile Ficin (1433-1499)Article connexe : Renaissance artistique.Esthétique classiqueEsthétique rationalisteRené DescartesDescartes, LeibnizEsthétique du sentimentCharles_BatteuxAbbé Jean-Baptiste Dubos (Voltaire) => critique littéraireSensualisme anglaisDavid Hume et la norme du goût (Edmund Burke)Anthony Ashley-Cooper (3e comte de Shaftesbury) (1671-1712). Le désintéressement.Esthétique moderne [Kant : le jugement esthétiqueEmmanuel Kant (1724-1804)JugementSublimeQuestion du romantismeS'interrogeant sur la nature du sentiment esthétique, Kant observe que pour la perception de l'agréable, chaque personne reconnaît que ce sentiment n'a de valeur que pour sa propre personne, et qu'il n'est pas possible de contester le plaisir ressenti par l'autre : « quand je dis que le vin des Canaries est agréable, je souffre volontiers qu'on me reprenne et qu'on me rappelle que je dois dire seulement qu'il est agréable à moi. » Par cela, il en vient à penser que « chacun a son goût particulier ».Le cas de la beauté serait pourtant différent, puisque s'il juge une chose comme belle : « j'attribue aux autres la même satisfaction » et « je ne juge pas seulement pour moi, mais pour tout le monde, et je parle de la beauté comme si c'était une qualité des choses (...) ». Il démontre ainsi que le beau n'est pas l'agréable. Le jugement du beau ne s'effectue pas d'après un goût personnel : « On ne peut donc pas dire ici que chacun a son goût particulier. » HegelHegelles Leçons sur l'esthétique de HegelL’art exprime l’Idée sous une forme sensible, c’est l’absolu donné à l’intuition : le Beau est la manifestation sensible de l’Idée, mais sans en être une forme achevée.L’art est une objectivation de la conscience par laquelle elle se manifeste à elle-même. Il constitue donc un moment important de son histoire. La réflexion sur l’art implique la fin de l’art, au sens où cette fin est un dépassement de l’élément sensible vers la pensée pure et libre. Ce dépassement doit se réaliser dans la religion et la philosophie. Pour Hegel la plus mauvaise des productions de l'homme sera toujours supérieure au plus beau des paysages, car l'œuvre d'art est le moyen privilégié par lequel l'esprit humain se réalise.L’histoire de l’art se divise en trois, suivant la forme et le contenu de l’art :art symbolique, oriental, baroque, où la forme excède le contenu ;art classique, grec, qui est l’équilibre de la forme et du contenu ;art romantique, chrétien, où le contenu absorbe la forme.KierkegaardKierkegaard s’oppose à Hegel.L’histoire est mythe.Stade esthétique.Instant et sensualité (réprimé par christianisme)Science de l'artPortrait de Winckelmann, par Raphael Mengs, 1768.Articles détaillés : histoire de l'art et histoire culturelle.Au XIXe siècle se formalise la Kunstwissenschaft [9] ou « science de l'art », autour d'une approche historique de l'art, dite historicisme (autour des principes d'individualité et d'évolution), notamment à travers les travaux de l'historien Jacob Burckhardt. L'ambition est celle d'une étude scientifique, éloignée de l'idéalisme philosophique (allemand) et de la critique littéraire (de tradition française).L'émergence de ce mouvement est influencé par les écrits de Winckelmann (1717-1768), qui détermina l'art par une approche historique, et assimila l'histoire de l'art à l'histoire de la civilisation. Les leçons d'esthétique de Hegel justifiaient de même l'importance de l'abord historique, ainsi que la systématisation du savoir (Descartes et les Lumières).Au XXe, la discipline de l'histoire de l'art se détache de l'histoire et de l'esthétique en développant son autonomie méthodologique (mais cela fait débats) selon ses objets (collection muséographique, marché de l'art, activité spéculative). Elle se tourne alors vers le formalisme (analyse des formes, iconographie et iconologie, sémiologie), ou vers le travail critique (herméneutique, épistémologie, études contextuelles etc.) interrogeant les sciences humaines et sociales.Ces études sur l'art, parfois qualifiées de positivistes en esthétique, se sont développées à l'époque contemporaine au sein de « sciences nouvelles de l'art ».SchopenhauerArthur Schopenhauer (1788-1860) renoue avec la pensée de platon et plotin. Pour Schopenhauer, l’art est une connaissance directe des Idées (au-delà de la raison), qui elles-mêmes renvoient à un aspect ultime : la volonté. Il présente aussi l'archétype du génie, capable de surmonter la subjectivité humaine et d’accéder à la connaissance ultime (et la révéler aux hommes). Il met en place une classification des arts, qui renvoie au platonisme (ou à la pensée médiévale).NietzscheFriedrich Nietzsche (1844-1900) s’oppose à Schopenhauer.Le sensible est la réalité fondamentale.dionysiaque - apollinienInversion du rapport platonique qui fait de l’art un simple symbole de l'Être (monde supra-sensible de Platon). « l’art a plus de valeur que la vérité » Pas seulement identification des valeurs (histoire), mais critiques le principes même des valeurs, qu’il abolit : s’éloigne de la perspective historique pour appréhender l’art. Chaque artiste crée ses valeurs et évalue selon elles : singularité.Esthétique contemporaineApparus au XXe siècle, ceux sont les nouveaux mouvements[12] de l'esthétique contemporaine :La phénoménologieNuit étoilée, 1889, Van GoghUltérieurement aux approches artistotéliciennes de Être et Temps, c’est à partir de 1933 dans le texte « L’origine de l’œuvre d’art » [13], ses études de la poésie de Hölderlin et la peinture de Van Gogh, qu’apparaissent les préoccupations esthétiques de Heidegger (1889-1976). Celui-ci déplace toute la question ontologique (« Qu'est-ce l'être ? ») sur les arts. Dans son approche phénoménologique, il désigne l’œuvre d’art comme une mise en œuvre d’un dévoilement (alètheia) de l’Être de l’étant. S'opposant ainsi au courant objectiviste (qui établit la vérité par un rapport à l'idée de réalité), Heidegger définit l'art comme le moyen privilégié d’une « mise en œuvre de la vérité » par l'esprit : Cette mise-en-œuvre s'effectue par un processus double, de mise en lumière (révélation) et de réserve (dissimulation), ou de lutte (technique) entre le « Monde » de l’homme et la « Terre ».« Ce n’est que par l’œuvre d’art, en tant que l’être qui est (das seiende Sein), que tout ce qui apparaît par ailleurs et se trouve déjà là est confirmé et accessible, élucidable et compréhensible, en tant qu’étant ou au contraire en tant que non-étant. C’est parce que l’art (Kunst), en un sens insigne, porte l’être à se tenir dans l’œuvre et à y apparaître en tant qu’étant, qu’il peut valoir comme le pouvoir-mettre-en-œuvre tout court, comme la technè. » — Heidegger [14]L'école de FrancfortBenjaminLes philosophes de l’école de Francfort sont fortement marqués par une pensée pensée matérialiste, inspirée du marxisme et de l'étude des crises du XXe siècle. Leur esthétique se fonde sur une analyse critique des sciences sociales, et une étude de la culture de masse.Pour Adorno (1903-1969), notamment dans sa Théorie esthétique (1970), l’art demeure un espace de liberté, de contestation et de créativité dans un monde technocratique. L’art a un rôle critique vis à vis de la société, et reste un lieu d’utopie, pour autant qu’il rejette son propre passé (conservatisme, dogmatisme, sérialisme). Adorno, également compositeur, s'opposera également aux facilités de la culture de masse (industrie culturelle)Walter Benjamin (1892-1940), parmi ses sujets d’études disparats, élabore notamment le concept d’aura de l’œuvre d’art (1917), qu’il étend ultérieurement à l’étude de la photographie et du cinéma, et à la reproductibilité technique des œuvres d'art. L'aura deviendra ultérieurement un concept phare pour la critique de l’art contemporain (ready-made, Warhol)L'esthétique analytiqueFontaine, de Marcel Duchamp, 1917.Apparue dans les années 1950, l’esthétique analytique est le courant de pensée majoritaire dans les pays anglo-saxons. Issue de l'empirisme et du pragmatisme, cette esthétique se fonde sur une recherche par des instruments logico-philosophiques et des analyses du langage, dans le prolongement de la philosophie analytique. Les premiers travaux importants d'esthétique font suite à la publication posthume des Investigations philosophiques (1953) de Wittgenstein, autour de la théorie des jeux de langage (langage ordinaire).Cette esthétique est constituée par un ensemble de théories homogènes, liées essentiellement aux questionnements et définitions de l’art. Ces théories apparaissent comme indépendantes de l’esthétique traditionnelle (par exemple, l’ancienne question du Beau, ou l’étude de l’histoire de l’esthétique). Pour Domique Chateau, « L’esthétique analytique prétend être une nouvelle version de l’esthétique, une façon de la concevoir qui la coupe de sa tradition, comme une langue inédite que l’on prétendrait substituer à la langue commune et dans laquelle elle serait difficilement traduisible. »[15]Cette esthétique est en dialogue constant avec les œuvres d'avant-garde de l'art contemporain, notamment celles de Duchamp et Warhol. Les travaux analytiques abordent notamment : l'indéfinissabilité de l'art (Weitz, « le rôle de la théorie en esthétique », 1956 ; Mandelbaum) ; l'institutionnalisation de l'art (Dickie, Art and the Aesthetic. An Institutional Analysis, 1974) ; le « monde de l'art » (Dickie, Danto) ; l'identification de l'œuvre d'art (Danto, La transfiguration du banal, 1981) ; l'expérience esthétique, l'art comme symbole (Goodman, Langages de l'art, 1968).L'esthétique de la différenJean-François LyotardGilles Deleuze : Immanence, évènements, baroquismeJacques Derrida : Déconstruction et dissémination de l'esthétiqueLes nouvelles sciences de l'artLes sciences sociales et l'artPierre BourdieuDans le prolongement de l'histoire culturelle du XIXe, l’histoire sociale de l’art étudie les forces collectives qui œuvrent dans l’art. S’opposant à l’idéalisme philosophique, cette sociologie est initialement influencée par la pensée marxiste (matérialisme historique) ; elle met en évidence principalement le contexte socio-économique[16] et cherche à lier l’évolution artistique aux luttes et classes sociales.S’opposant au déterminisme marxiste se met ultérieurement en place des approches distincte de l'étude des contextes sociaux de l'art, plus attentives aux mécanismes internes du « monde de l'art » : une étude de l’inscription contextuelle des œuvres dans le milieu culturel, notamment par l'histoire culturelle et l'anthropologie de l'art (Lévi-Strauss, Boas) ; une étude sociologique de l’habitus de l’art (Bourdieu) ; une sociologie de l’action et des interactions contextuelles (Becker).Ces nouvelles approches de l'art se confrontent par exemple à l’idée d’une œuvre, née d’une libre inspiration de l’artiste, ou d’une logique esthétique intrinsèque et indépendante du milieu social. De même sont révélés des mécanismes sociaux de réception des œuvres (distinction, codes...). Néanmoins, ces sciences sociales éludent l’étude des œuvres elles-même, conférant peut-être un réductionnisme « social » à l'art ; c’est le motif d’approches nouvelles abordant non plus seulement l'environnement, mais la pratique, voir l’œuvre elle-même [17]Anthropologie de l'art, Anthropologie visuelle et Sociologie de l'art.Psychologie et psychanalyse de l'artPsychologie de l'artLacanSémiologie de l'artSémiologie de l'art (Eco)Saussure, Barthes, EcoSémiotique visuelle, Sémiologie de la musiqueEsthétique non-occidentale!L'esthétique en Chine ConfuciusL'esthétique en Inde Abhinavagupta (XIe siècle)L'esthétique en Afrique L'esthétique dans le monde arabo-musulman [: Art d'Islam.RéférencesPhilosophie de l'histoireLa philosophie de l'histoire est la branche de la philosophie qui s'attache à réfléchir sur le sens et sur les finalités du devenir historique. On peut schématiquement distinguer deux écoles de pensée, l'une qui nie toute idée de finalité en affirmant la foncière absurdité de l'histoire, fruit du hasard et de l'imprévu, et l'autre qui affirme au contraire qu'elle obéit à un dessein, dont la réalisation téléologique en caractérise la signification.hasard et de l'imprévu La première école de pensée affirme de l'histoire ce que Macbeth disait de l'existence humaine dans la tragédie éponyme de William Shakespeare (acte V, scène 4) : c'est une « histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui ne signifie rien ».Cette position serait, peu ou prou, celle de Schopenhauer qui niait, non seulement la scientificité de l'histoire en tant que discipline (elle se contente de coordonner des faits quand le propre de la science est de les subordonner à des principes ou de les déduire de ceux-ci), mais le principe même d'un devenir historique. L'homme n'évolue pas, obéissant en permanence à de constantes motivations qui sont le plus souvent moralement mauvaises en tant qu'intéressées.« La devise générale de l'histoire devrait être : Eadem, sed aliter (les mêmes choses, mais d'une autre manière). Celui qui a lu Hérodote a étudié assez l'histoire pour en faire la philosophie ; car il y trouve déjà tout ce qui constitue l'histoire postérieure du monde : agitations, actions, souffrances et destinée de la race humaine, telles qu'elles ressortent des qualités en question et du sort de toute vie sur terre »[1].L'histoire est une réalisation téléologique d'un dessein ]La seconde école de pensée repose sur le postulat de la finalité de l'histoire. Sans aucun jeu de mot, le sens (signification) de l'histoire se déduit de son sens (direction).Antécédents : de l'Antiquité à la Renaissance [Aristote, dans l'éthique à Nicomaque, avait conceptualisé le sens sous la forme du telos (qui a donné téléologique) ou de la cause finale.Saint Augustin assignait pour finalité à l'histoire la réalisation de la Cité de Dieu, c'est-à-dire du règne de Dieu.Dès la fin de l'Antiquité, les auteurs chrétiens considéraient qu'il fallait interpréter les Écritures selon la théorie des quatre sens, l'histoire étant le premier de ces sens.Cette théorie fut confirmée aux XIIe et XIII siècle avec la réconciliation par Thomas d'Aquin entre la philosophie grecque (Aristote) et la pensée chrétienne.L'idée de saint Augustin fut reprise au XVIIe siècle par Bossuet, qui interpréta le devenir de l'humanité à l'aune de la Bible.Les Lumières L'émergence de nouvelles théories scientifiques aux XVI et XVII siècles remit profondément en cause ces fondements, sur un plan métaphysique.Si on raisonne a priori, seules sont possibles trois directions :la décadence (« perpétuelle régression »),le progrès (« constante progression »)ou la régression d'un point de vue moral et intellectuel (« stagnation »),que Kant définit respectivement, dans le conflit des facultés, comme le « terrorisme », « l'eudémonisme » et « l'abdéritisme ». Le terrorisme est contradictoire : « Retomber dans le pire ne peut constamment durer pour l'espèce humaine : car descendue à un certain degré, elle s'anéantirait elle-même ». On ne peut concevoir de décadence sans fin : l'histoire témoigne de la vie et de la survie de l'humanité. L'eudémonisme n'est pas moins irrecevable : il n'est pas de progrès automatique, c'est-à-dire sans un investissement actif de nos libertés. L'histoire ne se fait pas sans l'homme ! Quant à l'abdéritisme, il s'apparente au mythe de Sisyphe, prétendant à la vanité des efforts de l'humanité : n'est-ce pas la réduire à l'animalité que de lui contester la capacité à se perfectionner (perfectibilité) ?Les philosophies de l'histoire relèvent le plus souvent de ce que Kant nommait l'eudémonisme : elles considèrent le progrès comme la loi constitutive du devenir historique. En leur origine, elles s'inspirent du christianisme.Le 19 siècleAprès la Révolution et l'Empire apparut la nécessité d'une régénération de la pensée : on considéra que l'Église catholique avait failli en mettant en place une société de privilèges et en tardant à admettre les nouvelles théories de Copernic et de Galilée.Dans les années 1820, au moment où les grands systèmes idéologiques et utopiques se mettaient en place, on interpréta le plus souvent l'histoire selon la grille de lecture de Saint-Simon (Claude Henri de Rouvroy), qui avait décrit dans l'industrie le passage de l'âge féodal à l'âge industriel. Dans une société nouvelle appelée à vouer un culte aux scientifiques, à travers la figure de Newton - celui qui découvrit la force de gravitation - la transition vers l'âge industriel devait se faire à l'aide d'une matrice de transformation sociale, qui était fondée sur la notion de réseau [2]. Un épisode révélateur des débats qui eurent lieu dans cette période fut l'altercation entre Frédéric Ozanam et un saint-simonien à la suite de laquelle Frédéric Ozanam décida d'abandonner ses conférences d'histoire pour se consacrer à l'aide sociale .À travers les saint-simoniens, cette conception influença profondément les idéologies du 19eX siècle, positivisme et marxisme, pendant la Révolution industrielle. La philosophie de l'histoire connut alors un certain bouleversement, avec Friedrich Hegel, Auguste Comte et Karl Marx.Pour Hegel, le sens de l'histoire est la réalisation de l'Esprit absolu, c'est-à-dire d'un esprit du monde devenu conscient de lui-même par la philosophie, la construction de l'État prussien et la science.Pour Auguste Comte, qui fut le secrétaire de Saint-Simon entre 1816 et 1823, le sens de l'histoire est l'éclosion de l'âge positif, compréhension scientifique de la réalité succédant à l'âge théologique (explication mythologique selon Comte) et à l'âge métaphysique (abstractions), en vertu de la loi des « trois états ». Le courant positiviste aurait engendré l'école méthodique (Charles-Victor Langlois et Charles Seignobos), qui développa la critique des sources avec un souci d'exactitude. Toutefois cette idée a été recemment remise en cause, car le positivisme inclut la mise en forme de lois a priori, ce que rejettent catégoriquement les historiens méthodistes. Le point commun le plus tangible reste le souci de vérification empirique des faits.Pour Karl Marx, le sens de l'histoire est l'avènement d'une « société sans classes », l'abolition de la propriété privée par la révolution communiste rendant possible l'abolition de l'État, qui n'a jamais eu pour autre finalité que de garantir la propriété des classes dominantes : lorsque l'égalité économique sera établie, l'État n'aura plus lieu d'exister.La remise en cause des philosophies de l'histoire ]CritiquesCes philosophies de l'histoire en tant que descriptions d'un processus objectif et inéluctable ont été soupçonnées dès le XIXe siècle (Schopenhauer et Nietzsche) de porter atteinte à la fois à la liberté humaine et à la finitude de notre savoir : comment juger de la « fin » (l'extinction ou l'achèvement) d'une histoire qui n'est jamais éteinte ni achevée, mais toujours en train de se faire ?Maurice Genevoix a montré que la sélection des témoignages de la première guerre mondiale a été faite sur des critères positivistes [4]. La recherche de l'exactitude historique a conduit à ignorer un grand nombre de témoignages de soldats qui ne pouvaient rendre compte de leur expérience avec exactitude du fait des conditions de vie dans les tranchées.Le théologien Henri de Lubac a montré que la loi des trois états d'Auguste Comte correspond en réalité à trois aspects de la penséeNouvelles approchesSur les traces de ces objections, un gros travail de réévaluation des fondements des philosophies de l'histoire a été initié à la fois par Heidegger dans son cours de 1921 sur Nietzsche et à sa suite par Löwith et Voegelin. Sans entrer maintenant dans le détail, c'est le processus de sécularisation de thématiques religieuses (pour reprendre la thèse de Carl Schmitt) qui a été l'objet de ces réévaluations. L'ouvrage de Löwith (De Hegel à Nietzsche, puis Histoire et Salut) porte sur l'inventaire moderne et la généalogie des représentations qui conduisent à voir dans l'Histoire l'objectivation de la rationalité, tandis que ceux de Voegelin (La Nouvelle Science du Politique et Order and History), puis celui très synthétique de Blumenberg, La Légitimité des Temps Modernes, s'intéressent plus à la modernité comme crise et, s'agissant de Blumenberg, à une vigoureuse remise en perspective des enjeux du Destin de la Raison dans le contexte d'abord hellénico-chrétien, puis médiéval, avec comme tâche de comprendre les intrications de la Révélation et de la Raison dans les processus de libération du Sujet humain.Afin de se libérer d'une description événementielle de l'histoire, Marc Bloch et Lucien Febvre fondèrent à la fin des années 1920 les Annales d’histoire économique et sociale, qui deviendront l'École des Annales. Ils privilégièrent l'étude des phénomènes sociaux et humains dans la longue durée. Par la suite, ce mouvement prit en compte les perspectives culturelles, sous l'angle de l'histoire des civilisations, et des représentations mentales et sociales. Fernand Braudel, Georges Duby, Jacques Le Goff, Philippe Ariès sont, parmi d'autres, des représentants de ce courant.ConséquencesLes enjeux que drainent les perspectives et problématiques inaugurées par les philosophies de l'histoire vont avoir un retentissement important dans les discussions de philosophie politique, notamment s'agissant de comprendre le lien entre les perceptions propres à la modernité (libéralismes démocratiques associés à l'autonomisation du sujet) et les perceptions de l'Antiquité et du monde chrétien médiéval. C'est dans la tension entre Jérusalem et Athènes, mais aussi Rome et La Mecque, et surtout dans le destin de la modernité comme processus latin puis occidental, que va s'inscrire la philosophie de Leo Strauss, ardent critique de l'historicismePeu après l'effondrement du bloc communiste, Francis Fukuyama pronostiquait, en 1992 et dans la lignée de Hegel et d'Alexandre Kojève, «la fin de l'histoire ». L'histoire étant, par essence, la confrontation des modèles d'organisation sociale, l'extinction du communisme en sonnerait le glas : les nations du monde n'ont d'autre horizon que le développement de la démocratie et de l'économie libérale incarnées par le modèle états-unien. Samuel Huntington s'opposa en 1993 au point de vue de Fukuyama en affirmant que le XXIe siècle ne verrait plus l'affrontement des systèmes idéologiques dueXX siècle (communisme contre capitalisme), mais celui des blocs civilisationnels hérités du passé (christianisme, hindouisme, islam etc.). Le 11 septembre 2001 semble lui avoir donné raison : l'histoire n'est pas finie.Samuel Huntington a-t-il pour autant raison ? Les défis futurs de l'avenir (qu'il s'agisse du partage des richesses, des crises écologiques ou de tout autre facteur que nous sommes impuissants à prévoir, la seule loi de l'imprévisible histoire étant sa nouveauté) n'infléchiront-ils pas le devenir de l'humanité dans une direction imprévue à ce jour ?Perspective kantienneOn peut alors estimer possible un retour à la conception critique de l'histoire initiée par Kant. Contre les dogmatismes de Hegel, Comte ou Marx, Kant conçoit l'histoire d'après un modèle « réfléchissant ». Si l'histoire de l'humanité n'est pas écrite (qui pourrait se targuer de deviner quel sera son aboutissement ?), il nous appartient — mieux, c'est notre devoir — de lui donner sens : elle n'a de signification que celle que nous lui imprimerons en vertu de notre liberté, qui suppose un engagement actif dans le domaine du droit. Nous devons agir comme si nous avions le pouvoir de l'orienter en direction du progrès. Cette conception critique ne fait pas du progrès une fatalité : il nous est toujours possible d'agir en dépit du bon sens —, mais un idéal moral assigné à notre liberté, idéal qu'incarne le développement de la justice, du droit international, de la paix (et, ajoutons-le derrière Hans Jonas, disciple tardif de Kant, de la préservation de l'environnement, condition de la survie des générations futures).NotesPhilosophie de l'espritLa philosophie de l'esprit (Philosophy of Mind) est l'étude philosophique de la nature de l'esprit (du mental)[1], des événements, des fonctions et des propriétés mentales, de la conscience, et de leurs rapports avec le corps.[2] Cette expression traduit littéralement l'expression anglophone utilisée en philosophie analytique.Le terme n'implique donc pas nécessairement l'existence d'une entité spirituelle (âme) mais l'étude philosophique de la psychologie, des présupposés sur les compétences cognitives, sur les états ou sur les processus, événements, dispositions et fonctions qu'on appelle couramment « états mentaux », les représentations, les sensations, les croyances, les jugements.La philosophie de l'esprit enveloppe des parties de la philosophie des sciences (notamment la philosophie de la psychologie et d'autres sciences cognitives comme les neuroscience, la linguistique ou l'intelligence artificielle), de philosophie de la connaissance (comment pouvons-nous connaître quelque chose sur ces états mentaux), de métaphysique (existe-t-il des entités mentales ? Se distinguent-elles des entités matérielles et quelles sont leurs relations ?).La philosophie de l'esprit relative à la métaphysique (qui se distingue de la précédente) fut représentée par le spiritualisme français, principalement en les figures de Louis Lavelle et de René Le Senne qui fondèrent en 1934 la collection "Philosophie de l'esprit" chez l'éditeur Aubier-Montaigne. La philosophie de l'esprit se propage jusqu'à l'éthique (l'esprit est-il libre ?) et la philosophie de l'action avec Maurice Blondel (philosophe).//Le problème corps-espritArticles détaillés : Problème corps-esprit et psychosomatique.Le problème corps-esprit est le problème de la détermination des relations entre le corps humain et l'esprit. Bien que ce problème existe presque depuis l'origine de la philosophie (cf. Platon), ce problème est reconnu depuis le XXe siècle (surtout depuis Gilbert Ryle, La Notion d'esprit) comme une question fondamentale, voire comme la question centrale de la philosophie de l'esprit sous l'expression anglaise de Mind-body problem.Le problème corps-esprit est essentiellement le problème de savoir comment expliquer les relations entre l'esprit, ou les processus mentaux, et les états ou processus corporels. Il est par exemple pour nous évident que nos expériences sensorielles ont leur origine dans des stimuli, qui nous parviennent du monde extérieur par le moyen de nos organes des sens, et que ces stimuli produisent des modifications de l'état de notre cerveau, causant en fin de compte la perception de sensations qui peuvent être agréables ou déplaisantes. Il semble également évident que nous pouvons mouvoir notre corps en sorte de satisfaire un besoin ou un désir. Pourtant, comment se peut-il que l'expérience consciente puisse mettre en mouvement un corps, i.e. un objet matériel doté de propriétés physico-chimiques ? Comment peut-on vouloir être la cause du fonctionnement de nos neurones et de la contraction de nos muscles, de sorte qu'ils réalisent ce que nous nous proposons de faire ? Ce sont là quelques-unes des questions principales auxquelles se sont confrontés les philosophes de l'esprit, depuis Descartes.Au cours du 8e concile de l'Église à Constantinople en 869 (Constantinople IV), il a été décrété la suppression de l'esprit dans le 11e canon, l'âme comportant désormais une partie spirituelle. C'est de cette époque que date la confusion entre âme et esprit. Auparavant, on associait l'esprit à la pensée et l'âme au sentiment. La trichotomie (corps, âme et esprit) a été remplacée par la dichotomie (corps et âme). On est donc passé d'une vision de l'homme dans laquelle l'âme équilibre le conflit entre le corps et l'esprit à une vision dans laquelle le corps s'harmonise avec l'âme ou l'esprit.Le naturalisme et ses problèmesQualiaVoir QualiaLes qualia, au singulier quale, sont définis comme les propriétés de l'expérience sensible par lesquelles cela fait quelque chose de percevoir ceci ou cela (couleur, son, etc.). Ce sont donc des effets subjectifs ressentis et associés de manière spécifique aux états mentaux :· expériences perceptives ;· sensations corporelles (douleur, faim, plaisir, etc.) ;· passions et émotions.Par définition, ces qualia sont inconnaissables en l'absence d'une intuition directe ; ils sont donc aussi incommunicables. L'existence et la nature de ces propriétés sont l'un des débats les plus importants de la philosophie de l'esprit. Cette importance tient au fait que l'existence des qualia réfute le physicalisme, dans la mesure où on les tient pour des phénomènes irréductibles.L'intentionnalité [Un état mental est dit "intentionnel" quand il est dirigé vers un objet. L'objet que vise un état mental intentionnel n'existe pas nécessairement dans le monde : si je crois que le roi de France est chauve, ma croyance a bien un contenu (elle décrit un certain état de fait), mais elle n'a pas de référent (aucun état de fait actuel ne répond à la description qu'enveloppe ma croyance). L'intentionnalité recouvre donc plus que la simple capacité de viser des objets hors de nous : elle s'applique généralement au pouvoir de représenter mentalement des états de faits. Voici quelques exemples d'états intentionnels : la croyance, le désir, la joie, la peine, le regret, l'espoir, la déception, la peur, le dégoût, etc.Dans Psychologie d'un point de vue empirique (1874) Franz Brentano affirme que l'intentionnalité constitue le critère pertinent pour une distinction générale des phénomènes mentaux et des phénomènes physiques : selon lui, seuls des états mentaux sont intentionnels, et cette propriété ne peut être comprise sous les concepts que nous appliquons avec succès aux phénomènes physiques. L'intentionnalité, appréhendée comme une propriété intrinsèque des états mentaux, constitue l'un des arguments les plus puissants en faveur du dualisme, et soulève de sérieuses difficultés pour toute théorie matérialiste des phénomènes psychiques.La philosophie de l'esprit et les sciencesLes humains sont des êtres physiques, et, en tant que tels, ils sont les objets de l'examen et des descriptions des sciences naturelles. Si les processus mentaux ne sont pas indépendant des processus corporels, les descriptions de l'être humain par les sciences naturelles ont une importance fondamentale pour une philosophie de l'esprit. Il existe de nombreuses disciplines scientifiques qui étudient les processus liés d'une manière ou d'une autre au mental ; par exemple : biologie, informatique, science cognitive, cybernétique, linguistique, médecine, pharmacologie, psychologie, etc.NeurobiologieInformatiquePsychologieLa philosophie de l'Esprit dans la tradition continentaleLa philosophie de l'Esprit n'est pas propre à la seule philosophie analytique. Elle dénomme avant tout un grand courant de la philosophie française qui s'étend du début des années 1920 au milieu des années 1950. Elle regroupe nombre de philosophes qui ont tenu à défendre la métaphysique contre la suprématie du positivisme qui, dès la deuxième partie de la vie d'Auguste Comte, devint une sorte de religiosité sous la forme du "positivisme religieux".Inspirée par le cartésianisme, elle fut tardivement motivée par l'influence de Jules Lachelier et d'Henri Bergson. Elle s'inaugure officiellement en 1934, avec la fondation, chez l'éditeur Aubier-Montaigne, de la collection "Philosophie de l'esprit" par Louis Lavelle et René Le Senne. Appelé aussi spiritualisme, cette position philosophique maintient l'Être, la réflexion, l'existence, la conscience de soi, la liberté et la participation comme des problématiques centrales qu'elle ne cessera d'approfondir à la lueur d'une valorisation de l'intériorité. Elle a connu jusqu'au milieu des années 1950 un rayonnement considérable en Europe en influençant des philosophes en Belgique (Paul De Coster), en Allemagne (Max Scheler), en Espagne (Unamuno) et enfin en Italie (Michèle Sciacca, P. Ottonello) où elle connaît aujourd'hui une survivance due notamment à un apport de la philosophie de la religion.Les philosophes représentatifs sont :Louis LavelleRené Le SenneGabriel MadinierNicolas BerdiaevGabriel MarcelAimé ForestMaurice PradinesMaurice NédoncelleJean NoguéNoétiqueLa noétique, du grec ancien noûs (νοῦς, intellect), est une branche de la philosophie qui traite des questions sur l'intellect et la pensée. Parmi ses objectifs principaux on peut mentionner l'étude de la nature et du fonctionnement de l'intellect humain et les liens entre cet intellect et l'intellect divin. C'est pourquoi la noétique a eu souvent des liens très étroits avec la métaphysique. Dans la tradition occidentale et dans la philosophie arabe la noétique a été très influencée par les théories de philosophes comme Anaxagore, Aristote ou Platon.//Histoire de la noétiqueLe Noûs d'AnaxagoreAnaxagore soutenait que le noûs (esprit, intellect) était la cause de l'univers.L'intellect selon AristoteDans la tradition occidentale et dans la philosophie arabe, une bonne partie de la noétique s'est développée grâce à l'étude certaines œuvres d'Aristote comme :La MétaphysiqueCet ouvrage présente le Moteur Premier qui est acte: il se pense lui-même.De l'ÂmeCet ouvrage présente le processus de l'intellection des intelligibles. L'intellect agent est le principe actif de notre intellect qui fait en sorte que notre intellect possible saisisse ou devienne les intelligibles.L'OrganonDéveloppements des aristotéliciensThéophraste: La MétaphysiqueAlexandre d'Aphrodise: La Métaphysique, De Anima, De intellectuAlexandre semble poser, entre autres, l'identité entre l'intellect agent et la première cause (ou dieu).Développements des néoplatoniciensLe néoplatonisme apporte à la noétique des solutions issues des réflexions sur l'Un et le Multiple principalement.Plotin: Les EnnéadesPlotin développe une théorie du processus d'émanation à partir de l'Un et de l'Intellect (Noûs).Développements des philosophes arabesLes philosophes arabes ont développé des notions et des théories noétiques originales pendant plusieurs siècles. Ils ont été généralement influencés par le néoplatonisme.Al-Kindi: De intellectuAl Farabi: De intellectu et intellectoL'un des apports principaux d'Al Farabi est sa description de l'intellect acquis.Avicenne: De AnimaAvicenne présente, entre autres, l'intellect saint.Averroès: Grand commentaire au De Anima d'AristoteAverroès soutient notamment la thèse de l'unité de l'intellect possible.Développements des philosophes médiévaux latinsLes philosophes médiévaux latins reprennent les textes aristotéliciens et les développements originaux des philosophes arabes afin d'apporter une nouvelle contribution à la noétique.Albert le Grand: De intellectu et intelligibili, De AnimaAlbert fut un grand lecteur de philosophes comme Averroès. Pour être comprise, son œuvre noétique complexe nécessite, entre autres, l'étude des développements néoplatoniciens et de la philosophie arabe.Thomas d'Aquin: De unitate intellectu contra averroistasThomas d'Aquin, qui fut un élève d'Albert le Grand, s'oppose à la thèse selon laquelle l'intellect possible serait unique pour tous les hommes.Concepts principaux de la noétiqueIntellect agentDans De l'Âme Aristote présente plus précisément l'intellect qui produit toutes choses (ho noûs toi panta poiein).Intellect possibleIntelligibleMoteur PremierQuestions principales traitées par la noétique ]La nature de l'intellect agent et de l'intellect possibleLes liens entre l'intellect et l'intellect divinL'unité ou la pluralité de l'intellect humainLe problème de l'intellect acquis (intellectus adeptus)La révolution noétiqueD'un point de vue moins philosophique mais plus sociologique, on appelle "révolution noétique" le passage de la société de consommation à la société de la connaissance, de l'économie industrielle à l'économie immatérielle. La Noétique, en très bref, est l'étude de la connaissance. Non pas seulement de la valeur des connaissances comme le fait l'épistémologie, non pas seulement des mécanismes mentaux et neurobiologiques comme le font les sciences cognitives, mais, plus généralement, comme l'étude, sous tous leurs aspects, de la production (créativité), de la formulation (sémiologie et métalangages), de la structuration (théorie des systèmes, des paradigmes et des idéologies), de la validation (critères de pertinence, épistémologie) et de la prolifération (processus d'appropriation et de normalisation) des idées, au sens le plus large de ce terme, c'est-à-dire des "formes" abstraites (le mot "idée" vient du grec eïdos qui signifie "forme").Elle étudie notamment la dynamique et les cycles de vie des idées et des théories : conditions d'émergence (de récentes études ont porté, par exemple, sur la genèse des théories de la relativité), déploiement, apogée, dégénérescence et déliquescence. On peut citer, par exemple, la belle synthèse de Frédéric Lenoir parue récemment sous le titre "Les métamorphoses de Dieu – La nouvelle spiritualité occidentale" (Plon – 2003) où sont étudiées les diverses (r)évolutions des traditions et courants religieux durant ce dernier siècle.On le voit le champ est vaste. Presque tout y est encore à défricher. Les méthodologies restent souvent à inventer. Les concepts eux-mêmes, si l'on veut éviter barbarismes et néologismes jargonneux, doivent souvent être reformulés avec soin. Puisque les langages, les logiques, les sciences, les idéologies, les religions, les traditions font tous parties intégrantes de la Connaissance humaine et donc, comme tels, soumis à des cycles de vie et de mort, la Noétique, pour éviter le piège tautologique ou réductionniste, se doit de les inclure tous mais en les dépassant : de nouvelles (méta)méthodologies, de nouvelles (méta)logiques et de nouveaux (méta)langages doivent donc être mis en œuvre. On comprend qu'il serait absurde d'étudier la connaissance scientifique en lui appliquant, telle quelle, la méthode cartésienne qui en est la poutre faîtière. La regarder au travers de la vieille fenêtre positiviste ou scientiste reviendrait à la faire s'admirer elle-même dans un miroir opaque.Historiquement, on peut dire que le développement récent de la Noétique est enfant de la révolution informatique qui, en provoquant le traitement, l'échange et le stockage de quantités immenses d'informations (donc d'éléments de connaissance), a rendu indispensable une réflexion de fond sur la nature, la structure et les procédures de la connaissance en général.Mais la Noétique est plus qu'un champ d'études et de recherches. Elle est aussi au cœur des chavirements de notre époque …Une révolution noétique ?Cette même révolution informatique, avec, pour parangon actuel, le phénomène Internet, a également enclenché une révolution de fond, paradigmatique (au sens de Kuhn) : nous passons de l'âge "moderne" à l'âge post-moderne, de la société des objets et de la consommation à la société de la connaissance et de l'information, d'une économie industrielle à une économie immatérielle, d'un pouvoir de l'argent à un pouvoir du talent, d'une vision mécaniste et réductrice du monde à une vision organique et holistique du monde. C'est cela que j'appelle la "révolution noétique". Elle avait été prédite par Henri Bergson, Albert Einstein, Werner Heisenberg etc … et elle a déjà été décrite par Edgar Morin, Ilya Prigogine, Trinh Xuan Thuan, Ervin Laszlo, Hubert Reeves, Jacques Lesourne, Henri Atlan, et bien d'autres …Que s'est-il donc passé ? Rien de plus que la réalisation de la prédiction de Pierre Teilhard de Chardin quant à l'émergence, au départ de la sociosphère humaine (précédée de la lithosphère et de la biosphère), d'une nouvelle "couche" sur l'oignon terrestre : une couche abstraite faite de connaissances autonomes et reliées entre elles par des réseaux infinis. Cette couche, Teilhard l'appela la "noosphère" : l'évolution cosmique est passée successivement de l'Energie à la Matière, de la Matière à la Vie, et passe, maintenant, de la Vie à la Pensée (donc à la connaissance). C'est la révolution informatique qui a permis l'accélération contemporaine de cette émergence noosphérique.L'homme, après s'être libéré des dangers de la Nature sauvage, se libère, aujourd'hui, peu à peu, de l'emprise de la Machine (emblème et modèle mécaniste de la Modernité) et de l'Objet (emblème de la société mercantile de la consommation) pour entrer dans l'ère de la connaissance et de la pensée créative. Cette libération n'est pas neutre quant aux comportements …Une culture noétique ?Cette révolution noétique induit déjà des changements comportementaux et sociaux fondamentaux. C'est ce que les sociologues américains Paul Ray et Sherry Anderson ont appelé : "L'émergence des créatifs culturels" (Ed. Yves Michel – 2001). En deux mots, hors de la bipolarité classique entre "modernistes" (tenants du progrès technologique, de la consommation effrénée et de l'euphorie hédoniste) et "traditionalistes" (tenants du "bon vieux temps" et de toutes les nostalgies morales, idéologiques et religieuses), les enquêtes menées montrent la montée d'une troisième force (qui représente entre 25 et 30% des populations adultes aux USA et en Europe). Cette troisième force, les créatifs culturels, déploie une conception du monde et de la vie qui, probablement, deviendra bientôt dominante. On y trouve les valeurs principales suivantes : autonomie sociale, respect actif de la nature, spiritualité libre, accomplissement de soi, défiance politique (leur devise serait : ni à gauche, ni à droite, mais en avant !), multi-activités et multi-appartenances, nomadismes (cfr. Jacques Attali), solidarités sélectives, désurbanisation, médecines douces et diététiques étudiées, réhabilitation du corps, réactivation du cerveau droit en plus du cerveau gauche, etc …Philosophie africaineL'expression peut sembler problématique. D'un côté, l'expression désigne l'ethnophilosophie de l'Afrique: exposition et analyse de la sagesse ou mieux encore de sagesses africaines.La problématique de l'ethnophilosophie africaine a vu le jour avec la publication en Janvier 1945 de « La philosophie bantou» par Placide Frans Tempels (1906/1977). Cet ouvrage retentissant correspondait à son époque, à une réhabilitation des valeurs nègres fort ambigüe. Ironiquement, Tempels n'etait pas un philosophe. Et il n'était pas africain. C'était un moine franciscain belge et missionnaire au Congo.Les idées de Tempels représentaient un progrès en substituant à la notion de "nègre sans culture" définie par Hegel dans ses Leçons sur la philosophie de l'histoire, la notion de "culture nègre". Mais tandis que chez Hegel, l'inertie des peuples noirs est irrémédiable parce qu'ils n'ont pas de culture, pour Tempels, cette inertie est culturelle. Selon Tempels, le dépassement de cette inertie est clair : « La civilisation bantoue sera chrétienne ou ne sera pas ». A la suite de Tempels, Alexis Kagame, philosophe rwandais (1912/1981), a publié, dans la même perspective d'évangélisation La philosophie bantu-rwandaise de l'Etre (1956) et La philosophie bantu comparée.D'un autre côté, l'ironie de l'histoire a voulu que ce soient des philosophes africains contemporains (Hountondji, Boulaga) qui ont entamé la critique la plus radicale des thèses de Tempels sur la "philosophie bantou". D'autres critiques des thèses de Tempels se trouvent dans les oeuvres de Aimé Césaire, Frantz Fanon, et Emmanuel Chukwudi Eze.Paulin J. Hountondji, philosophe d'origine béninois né en 1942, récuse fermement l'attitude qui consiste à appeler "philosophie" la vision du monde d'un peuple donné. Il propose l'usage discriminatif suivant :" - Philosophie proprement dite (sans guillemets) : ensemble de textes et de discours explicites, littérature d'intention philosophique." - "Philosophie" au sens impropre, souligné ici par les guillemets : vision du monde collective et hypothétique d'un peuple donné." - Ethnophilophie : recherche qui repose, en tout ou partie, sur l'hypothèse d'une telle vision du monde, essai de reconstruction d'une "philosophie" collective supposée".Marcien Towa, philosophe camerounais né vers 1935 a pourfendu les thèses de Léopold Sédar Senghor sur la négritude qu'il assimile au néo-colonialisme. Dans « L'essai sur la problématique philosophique de l'Afrique », (1971), il dénonce l'éthnophilosophie qui assimile la philosophie à n'importe quelle vison du monde. Mais dans « L'idée d'une philosophie africaine » (1979), après avoir critiqué la pensée mythique, domaine de l'opinion reçue, il tente en s'appuyant sur les exemples empruntés à l'Égypte et aux contes de l'Afrique noire, de montrer qu'il y a une véritable tradition philosophique africaine.La philosophie africaine de la période pharaonique est surtout étudiée et systématisé par le philosophe congolais Mubabinge Bilolo. Bilolo qui est égyptologue, politologue et historien de la philosophie africaine pré-tempelsienne ne se limite pas à la problématique de l'existence de la philosophie africaine antique, mais il en présente les différentes écoles et les différents thèmes abordés: création-devenir, la pensée de l'Un, le passage de l'Un aux multiples, théologie négative, éthique écologique, épistémologie, etc.Dans l'Afrique anglophone, la tradition philosophique africaine moderne se compose des oeuvres de philosophes comme Anton Wilhelm Amo, Kwasi Wiredu, Kwame Gyekye, et Peter Bodunrin. La tradition philosophique postmoderne en Afrique est soutenue par les ouvrages d' Anthony Appiah, Achille Mbembe et V.Y. Mudimbe. Les autres, comme Emmanuel Chukwudi Eze, pratiquent la philosophie africaine postcoloniale.BibliographieMubabinge Bilolo, Contribution à l’histoire de la reconnaissance de Philosophie en Afrique Noire Traditionnelle, (1978: Kinshasa, Facultés Catholiques de Kinshasa, Licence en Philosophie et Religions Africaines)Mubabinge Bilolo, Les cosmo-théologies philosophiques de l'Égypte Antique. Problématiques, Prémisses herméneutiques et problèmes majeurs" [ Academy of Afrian Thought, Sect. I, vol. 1],(1986: Kinshasa-Munich-Libreville, African University Studies)Pauli O, African Philosophy: Myth and Reality (1983: Bloomington, Indiana University Press)H. Odera Oruka [ed.], Sage Philosophy [Volume 4 in Philosophy of History and Culture] (1990: E.J. Brill) ISBN 90-04-09283-8, ISSN 0922-6001Placide Tempels La philosophie bantoue, Elisabethville, 1945.Kwasi Wiredu, Philosophy and an African, (1980: Cambridge University Press)